Nous nous sommes rassemblés place de la République afin de commencer cette manifestation ensoleillée aux alentours de 11h. Comme d’habitude les policiers des renseignements se sont promenés dans le cortège en préparation sans que personne ne s’en émeuve particulièrement.
Tradition oblige, les organisations poiltiques se sont placées en tête avec l’habituel camion et sa sono beaucoup trop forte. On notera qu’une personne a même scandé "A bas l’Etat, les flics et la sono !". Cette volonté syndicale d’imposer sa marque est révélatrice d’un décalage grandissant depuis la Loi Travail et le mouvement des Gilets Jaunes. La structure syndicale semble de plus en plus enfermée dans les formes ritualisées de l’expression politique sans comprendre se qui se passe autour d’elle.
En effet, après un début pas tellement tonique, la manifestation a pris des couleurs de fumi et des slogans vifs dans un quartier rarement traversé rue Saint-Nicolas. Et c’est vers le retour place du marché que le Bloc Lorrain a initié un contournement/raccourci l’amenant a arriver en premier place du Marché !
Quel camouflet pour les chefs de la CGT qui ne s’habituent décidement pas a être ringardisés par des personnes qui s’organisent pour ne pas respecter scrupuleusement leur parcours. Cela n’a pas manqué, l’initiative a été traité de "fasciste" car elle sortait de leur contrôle... Les oeillères que la CGT s’est mises suite aux incidents du 1er Mai ont trouvé écho ici. L’incompréhension entre des structures légalistes incapables de voir qu’ils ne sont plus un contre-pouvoir à force d’accepter les règles d’un jeu autoritaire et la difficulté d’un collectif à tendance Gilet Jaune à faire comprendre ses envies de sortir du cadre a été manifeste ici.
Malgré les critiques qui leur ont été faites, le Bloc Lorrain a su se montrer présent à cette manifestation contre l’extrême droite, reprenant les chants antifascistes tout en clamant ses revendications sociales issues de 2018-2019. Leur banderole représentant des photos de mutilés avec comme lettrage "N’ayez pas peur, nous ne sommes pas de la police" avait le mérite de rappeler à tout le monde que les fachos sont bien derrière les boucliers quand ils détruisent des revendications sociales et pas seulement dans la librairie les Deux Cités installée Grand-Rue.
Ces écarts de points de vue ne doivent pas nous faire oublier la belle disparité de groupe venus avec des approches plus citoyennes soulignant le besoin de paix et d’accueil des migrant.es ainsi qu’un beau cortège dynamique autour du NPA. S’il y a à retenir quelque chose de cette manifestation, c’est qu’à Nancy comme en France le besoin d’une unité se fait sentir dans les courants de gauche qui manquent de cohésion.
La difficulté à définir ce qu’est l’extrême droite renforce ce flou. Extrême par rapport à quoi ? par rapport à un pseudo centriste Macron ? À une chaîne d’information en continu comme CNews ou BFM qui seraient simplement d’expression libre ? Ou par rapport à une librairie "conservatrice" comme les Deux-Cités ? Tout ces concepts sont des paravents pour cacher l’unité de pensée d’une radicalisation des droites dans le champ politique, médiatique et local. Ces formes de pensée qui prônent l’individualisme et l’exclusion des personnes qui ne correspondent pas au normes ne sont plus à l’extrémité du jeu républicain, elles sont au gouvernement, à la télé et Grand-Rue à Nancy. Elles ne sont plus extrêmes mais bien au pouvoir, face à nous et constituent une radicalisation de la pensée de droite. Elles ouvrent la voie au pire.
Repenser nos concepts, questionner la pertinence des cortèges, investir les panneaux d’affichage et déloger les locaux fascisants est une nécessité absolue pour faire vivre la solidarité. Si nous ne nous y attelons pas vite en nous organisant au-delà de nos chapelles, nous aurons tout le temps d’apprendre à nous rencontrer derrière les barreaux, dès 2022 !
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