[Dijon] Il y a dix ans, une manifestation lançait l’occupation des Lentillères



"J’ai 10 ans" ! Plongée dans les archives de cette tumultueuse première décennie et particulièrement sur la date anniversaire. Par ces temps de confinement, on vous emmène en ballade dans les archives du média militant local de l’époque - Brassicanigra - avec des articles, des photos et aussi des vidéos glannées sur le web.

Remontons le temps grâce aux archives amassées en ligne et, pour fêter l’anniversaire du Quartier Libre des Lentillères malgré le confinement, retraçons ensemble ces 10 années de luttes et de construction....

Puisque Dijoncter.info n’existe que depuis avril 2018, la plupart des articles et des communiqués viennent de Brassicanigra.org, un média militant dijonnais qui a existé de 2007 à 2013. Vous pouvez explorer les archives du site ici.

2009 - Des terres pour l’agriculture bio en Côte d’Or !

En juillet, le collectif "URGENCE BIO 21" lance une grande pétition départementale intitulée "Des terres pour l’agriculture bio en Côte d’Or !"

Lire la publication d’origine sur dijon-ecolo ou sur dijoncter.info

20 mars 2010 - La "semaine de l’environnement"

« La Semaine de l’Environnement se propose d’être un modeste porte‐voix des réflexions et expérimentations sociales et écologiques qui visent à la ré-appropriation de notre présent sans hypothéquer notre futur. »
Portée par l’association Kir du réseau GRAPPE. Le Réseau GRAPPE (GRoupement des Associations Porteuses de Projets en Environnement) rassemble un ensemble d’associations étudiantes pour promouvoir au niveau national une vision alternative et engagée de l’écologie.
Dans une approche ludique :
Balades, conférence-débat, jeux, projection de films, apéros, table ronde, ateliers, concerts,

28 mars 2010 - Libérons les terres

Appel à la manifestation

Voir la publication d’origine sur Brassicanigra

Dimanche 28 mars 2010 à 13h, place Wilson à Dijon
Pique-nique, concert, déambulation, action, interventions et débats…

Pour défricher ensemble les bases d’une agriculture locale, directe, bio et s’émanciper collectivement du modèle productiviste et industriel…
Pour faire sauter le verrou de l’accès au foncier en zones rurales ou péri-urbaines. Libérons les terres !

Avec la participation/intervention de :
la Confédération Paysanne 21, Terres de lien, de jeunes agriculteurs locaux, le réseau européen Reclaim The Fields, l’association Plombières environnement, l’association Kir, Espace autogéré des Tanneries, les Faucheurs volontaires 21, Food not Bombs Dijon, Groupe libertaire Dijon…

Dans sa course au rendement, le modèle agricole dominant, basé sur une logique industrielle et productiviste requiert un usage massif de pétrole, de pesticides, d’engrais, d’emballages plastiques, le transport des aliments sur des milliers de kilomètres et provoque la stérilisation des sols et des cours d’eau, la désagrégation de liens sociaux dans les campagnes et l’exode rurale, l’exploitation et le maintien dans la misère de millions de sans-papier-e-s et sans-terres en Europe et dans le monde. Son développement à l’échelle mondiale n’aura fait qu’aggraver les inégalités sociales, la destruction de la biosphère et livrer le vivant, des champs jusqu’aux semences et engrais, aux tenants de l’agro-industrie mondiale et à leurs trusts.

L’agriculture industrielle est un cercle vicieux dévastateur. Des mythes progressistes aux mentalités conservatrices, du rouleau compresseur économique aux choix étatiques, son offensive est toujours féroce, même relookée « écolo ». Partout dans le monde, des millions de paysans se battent pour garder un contrôle sur leur ressources, pouvoir nourrir les leurs et ne pas finir dans des bidonvilles. En Europe, les politiques alimentaires ont presque réussi à faire disparaître totalement la « paysannerie » en faisant en sorte qu’il soit presque impossible pour les petits agriculteurs de vivre du travail de la terre et pour les jeunes de s’installer comme paysan. Elles ont rendu la plupart d’entre nous complètement dépendant-e-s, coupé-e-s de tout savoir-faire » », espaces et pratiques connectées à la production de notre alimentation.

Autour de Dijon, des maraîchers, paysans et des associations regroupant des citadins ou des ruraux, dénoncent et défient la domination de l’agriculture conventionnelle. Des initiatives variées mettent l’accent sur les divers freins institutionnels et politiques à l’installation que rencontrent notamment des projets bios orientés vers la vente directe et locale ou vers des associations. Mais l’accès au foncier demeure souvent verrouillé face à des visions en porte à faux avec l’agro-industrie et ses hypermarchés.

Chaque jour des hectares de terres dans le monde sont grignotées par le béton, et les anciennes ceintures maraîchères font sans cesse place à des zones commerciales, des parkings et des immeubles. Dijon ne transige pas à la règle : les campagnes alentours sont tenues par les gros producteurs, la ceinture maraîchère est en friche ou bitumée, et les jardins ouvriers, reflets de communautés sociales et trésors de débrouilles, tendent à disparaître, malgré les fortes demandes à ce sujet. On nous parle sans cesse d’éco-quartiers, mais au delà-du flon flon vert pour l’image et de la réalité eco-aseptisée qu’elle cache, ce que nous souhaitons (re)créer aujourd’hui ce sont des zones maraîchères au sein et en périphérie des villes. Nous voulons des terres où puissent se développer des projets agricoles pour des paysans qui souhaitent s’installer, aussi bien que des potagers qui permettent à des citadins de cultiver une partie de leur nourriture.

Les initiatives de libération de terres laissées en friche ou vouée au béton, et la mise en place de potagers collectifs sont parmi les moyens possibles pour défricher les bases d’une agriculture, locale, directe, bio… Elles questionnent les modes de productions et le cloisonnement producteurs-consommateurs. Elles permettent de briser en acte le brevetage et la commercialisation systématique du vivant, et de fertiliser les liens qui se tissent à partir d’une terre partagée, habitée et travaillée…

Parce que la nourriture est un besoin primaire, parce qu’autonomiser l’alimentation de l’agro-industrie est à la charnière de tout projet social émancipateur, parce que nous voulons mettre nos idées en pratique et relier des actions locales aux luttes globales, parce que le refus de la nourriture industrielle ne se situe pas sous plastique et hors de prix dans un rayon high tech de supermarché : libérons les terres !

Récit de la libération des terres

Divers collectifs, des citadins bêches à la main, des jardiniers en herbe ou des maraîchers en lutte ont libéré des terres.
Des explications et rendez-vous pour la suite…

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Appel pratique :

Avant tout compte-rendu, un peu de pratique : le potager collectif qui s’installe sur les terres libérées cette semaine à Dijon, rue Phillipe Guignard (au rond point juste à coté du collège des Lentillères et le long de la voie ferrée) est ouvert à tous et toutes. Son maintien, son ampleur et sa dynamique ne tiennent qu’à vous. Des moments de jardinage, bêchage, défrichage et préparations de semis sont prévus tout au long de la semaine, en particulier mercredi et samedi après-midi. Ces mêmes jours a 18h auront lieu des assemblées-goûters des usager-e-s du potagers pour s’organiser ensemble sur la suite.

Contact mail, mais le mieux reste de se rencontrer sur place en bêchant ou autour d’un goûter.

Récit :

Malgré le temps très mauvais ce jour là, le nœud lunaire réputé défavorable au travail du sol, et le changement d’heure, autant de facteurs propres à décourager tout-e participant-e-s potentiel-le au pique-nique annoncé, c’est environ deux cents personnes qui se sont retrouvées vers 13h sous l’abri du kiosque de la place Wilson et autour.

Quelques interventions introductives ont d’abord eu lieu. Un représentant de l’AMAP de Plombières a souligné la demande croissante sur ce type de structure et le besoin que des terres soient laissées à disposition pour des projets paysans locaux. Un maraîcher affilié à la Confédération paysanne a rappelé les luttes menées par son syndicat à ce sujet et mentionné avec une certaine émotion qu’il y a dix ans, lui et sa compagne avaient dû partir des très bonnes parcelles qui allaient être occupées aujourd’hui à cause d’un hypothétique projet d’urbanisme et qu’elles avaient été laissées en friche depuis. Une militante de Terre de liens a parlé des initiatives d’aides collectives développée par son association pour accéder au foncier, tandis que des agriculteurs du réseau Reclaim the Fields (Réclamons les terres), venus de Mayenne, d’Ardèche ou du Morbihan ont appuyé sur la pertinence d’action de ce type en ville ou à la campagne, et au-delà, sur la nécessité de développer une nouvelle « paysannerie » pour sortir de l’impasse de l’agriculture industrielle.

Au son d’une batukada internationaliste, la manifestation a pris les allées du Parc et s’est dirigée droit au but (tenu caché), avec des brouettes pleines de petits plants et quelques dizaines de bêches, pioches, faux et fourches brandies qui lui donnait des airs de jacquerie urbaine. À l’arrivée au coin de la rue Phillipe Guignard l’ensemble des manifestant-e-s ont pénétré directement sur la première parcelle en friche de la rue, s’avançant mètres par mètres en défrichant en ligne ce champ envahi par les ronces. Au bout de quelques heures d’intense ébullition collective, grâce au ravitaillement assuré par Food not bombs et sous les rythmes véhéments de la batukada, une bonne partie du champ était déjà retourné et en voie d’être ensemencé. Les quelques policiers présents se sont contentés d’observer et de condamner, médusés.

Une première assemblée du potager a permis de se donner rendez-vous pour la suite, d’organiser la diffusion de l’information, le début des cultures et le maintien de l’occupation. Bon nombre de voisins, qui voyaient les terres et les maisons alentour se dégrader depuis des années, sont venus s’enquérir avec enthousiasme de l’action et sont repartis en promettant de repasser bêche à la main ou avec quelques prospectus pour relayer l’information dans le quartier.

Et de l’autre côté de la friche, une maison occupée depuis un mois déjà par un collectif d’habitant.e.s, "la villa", propose de servir de lieu de réunion pour s’organiser sur le potager collectif.

Les habitant.e.s (sans droit ni titre) ont retapé le toit qui a été détuilé (la mairie de dijon en est propriétaire) pour rendre cette maison inutilisable. Cela s’appelle "dévitaliser" une maison, c’est-à-dire enlever des tuiles, des fenêtres... pour que le bâtiment devienne inhabitable.

2010 : Occupation, destruction, rassemblements et 1ère fête

13 avril 2010
Terres occupées, terres libérées ? - Vidéo de Dijonscope

22 mai 2010
Potager Collectif des Lentillères en fête
Vidéo du Potager collectif en fête

24 mai 2010
Rassemblement jeudi 27 mai - le potager collectif contre la menace d’expulsion de la "Villa" par la Mairie de Dijon

27 mai 2010
Contre l’expulsion de la "villa", jacquerie urbaine devant la mairie

28 mai 2010
"Un bon projet pour lequel la mairie s’engage à donner une réponse rapide."
Vidéo du rassemblement bêche en main en soutien du jardin collectif des- Lentillères

4 juin 2010
Salade Party - Rassemblement en soutien à la Villa !

24 juin 2010
Lundi 28 juin à 17h30 : rassemblement de soutien au Potager Collectif et contre les menaces d’expulsion de « la Villa »

28 juin 2020
Vidéo Lentillères, plus d’infos sur la villa

9 juillet 2010
Communiqué - Jeudi 8 juillet - la Mairie de Dijon fait expulser et détruire la "Villa" autour du potager collectif des Lentillères
Vidéo de l’expulsion / destruction de la "villa"

30 septembre 2010
Programme automne-hiver des activités du Potager Collectif des Lentillères

6 octobre 2010
Rencontre Reclaim the Fields ! (Libérons les Terres !) à Dijon : Interview de B. de Caracole de Suc
Des nouvelles du Potager Collectif des Lentillères - récit et réflexions sur les premiers épisodes (article issu du journal local Blabla n°11)

17 décembre 2010
Dijon - Potager collectif vs Loppsi II - On Construit Toujours !

 
 

LIRE LA SUITE SUR DIJONCTER.INFO

 
2011 - Construction du Pot’Col’Le, ouverture et explusion de la boucherie
2012 - "Sondage" et lancement du Jardin des Maraîchers
2013 - Consultation publique et chantier collectif
2014 - Manifestation et chantier
2015 - Menace d’expulsion de la Cyprine
2016 - Construction
2017 - Nouvelle prise de terre
2018 - Lancement de la phase 1 de l’écoquartier
2019 - Victoire sur la phase 2
2020 - Aux dernières nouvelles...