Place Carnot, il y avait encore une fois énormément de monde pour cette nouvelle journée de grève et de manifestation contre l’impopulaire réforme de retraites. On pouvait craindre une forte baisse des effectifs ; il y a certes une baisse sensible mais quand même 15 000 personnes présentes.

Très vite un cortège de tête se forme. Beaucoup de pancartes en soutien à KLL, arrêté la veille après une perquisition chez lui. Au moment où la manif s’élance, il est toujours en garde à vue. Il lui est reproché d’être l’instigateur de "troubles" dans une précédente manifestation.

Très vite, un comico se fait sticker et quelques tags sont faits. Devant, l’ambiance est bonne, spéciale dédicace à la batucada qui rythme le cortège de tête.

Derrière, on s’ennuie. Le fait que la CGT remplace la CFDT à l’avant n’y change rien, pas de rythme et aucune envie de sortir du parcours pour montrer dans les faits le ras-le-bol de ne pas être écouté. On reste dans le cadre républicain, le cadre où le peuple perd toujours.

Arrivé au bout du pont des Fusillés, le cortège de tête décroche du parcours préfectoral pour passer rue du Grand Rabbin Haguenauer puis rue Léopold Lallement, où des vitrines de banque se font étoiler. Le symbole ultime du capitalisme en prend pour son grade.

Le cortège rejoindra le reste de la manif au niveau du marché dans un drôle de face à face. Le McDo reprendra des couleurs et une petite rangée de flics viendra le protéger. Le cortège syndical restera malheureusement à distance.

La fin est confuse, le cortège de tête repartira en sauvage pour arriver au plus proche de la préfecture, puis, en faisant le tour de cette dernière, arrivera place Stan.

Les syndicats, eux, se contenteront de se disperser sans jamais vraiment rentrer sur la place, ce qui est dommage.

Pour en revenir à KLL, après cette manifestation, il va être difficile de continuer à vouloir mettre sur le dos d’une seule personne les actions de l’ensemble des plus déterminé-e-s.

Pour la grande majorité des 15 000 manifestant-e-s, beaucoup de questions se posent sur la suite : que va-t-il se passer après l’adoption de la loi ? Le mouvement va-t-il s’éteindre ou bien continuer, même à moins nombreux-ses, mais en se radicalisant ? Le rejet massif de la réforme et les manifestations énormes comme celles qu’on a connues jusqu’au 7 mars n’ont pas fait bouger le gouvernement d’un millimètre. Il faut donc envisager d’autres méthodes.

Cham.