CME du CHRU de Nancy, amie ou ennemie ?

Nancy (54) |

Dans une motion datée du 17 septembre la CME (Commission Médicale d’Établissement) du CHRU de Nancy donne son positionnement face aux difficultés rencontrées par l’hôpital et les sacrifices demandés par l’État au début de l’été.

Cette motion [1] commence par une phrase pompeuse qui semble écrite par un politicien : « Au service de la population, la communauté médicale du CHRU de Nancy défend son projet pour l’hôpital de demain. »
Jolie phrase certes, mais quel est ce projet et quelles sont les solutions proposées face à l’injonction de l’État de supprimer encore 400 postes en échange de l’argent qui permettra au CHRU de continuer son activité ?

Dans le premier paragraphe, la CME se félicite d’avoir participé en 2013 à la suppression de plus de 200 lits et 300 postes, le tout pour le bien de l’hôpital... eh oui, il faut réduire la dette !
Le ton est donné donc, et ce n’est pas la suite du texte disant « Désormais pour aller plus loin… » qui va nous rassurer. Le projet de la CME consiste à dire que pour régler les problèmes du CHRU il « faut se regrouper sur un site unique et y optimiser les organisations ce qui permettra de se libérer des contraintes logistiques et de leurs coûts. ».
Cela veut dire, entre les lignes, que la CME ne demande pas la sauvegarde des 400 postes mais souhaite l’argent de l’État avant de pouvoir ensuite supprimer des postes grâce au regroupement sur Brabois.
C’est une position partagée par les politiques comme Laurent Hénart et Pierre Mutzenhardt, membres du conseil de surveillance [2] ou encore Carole Grandjean, députée de la République en marche de Meurthe-et-Moselle [3].
Toutes ces personne disent « défendre » le CHRU, mais en réalité défendent surtout une vision très libérale de la santé.

Faut-il encore rappeler que l’hôpital n’est pas une entreprise, qu’on ne peut faire de l’argent avec des malades ?
La CME ferait mieux de proposer des alternatives à la T2A (Tarification A l’Activité), mise en place à partir de 2004, qui représente aujourd’hui 70 % des ressources des hôpitaux publics et est critiquée pour la course à la rentabilité qu’elle entraîne. Elle incite en effet à réaliser le plus d’activité possible pour que l’hôpital gagne de l’argent. Vendue par les politiques de droite comme de gauche comme une solution pour rationaliser les dépenses, la T2A se révèle en fait inflationniste. Elle encourage certaines activités bien rémunérées au détriment d’autre moins rentables. De plus, depuis sa mise en place, les déficits des CHU ont doublé. Sur le terrain, tous ces problèmes d’argent entrainent une pression et un ras le bol des équipes soignantes.

Il ne faudrait donc pas signer cette motion qui n’offre aucune réelle solution mais bel et bien lutter ensemble pour un hôpital au service des malades et détaché des préoccupations financières.


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