Retour sur la soirée Nanara : on a détricoté l’histoire ! Féminisme, lutte et sport...

Nancy (54) |

Publié originalement sur le Facebook de l’université populaire de Nancy
Hier, 13 mars, l’Univ’ pop’ accueillait la bibliothèque féministe Nanara !
Petit retour pour les absent.es, les curieu.ses et toustes les autres !

Au programme :

- Présentation du Roller Derby, par la team de Roller Derby de Nancy.
- Conférence gesticulée sur le sport, le féminisme, la non mixité : Autrices, lutteuses et poétesses remontent en selle ! Ou comment l’expérience de la non-mixité nous transforme… Par Laure Clerjon.
C’est quoi Nanara ?

Savais-tu qu’il existait un sport qui n’avait pas comme principale finalité la participation aux compétitions ? Où gagner, performer, écraser l’autre n’existe pas ? Où le but est de se construire et se faire plaisir en jouant des coudes et en se serrant les coudes sur des patins à roulette ? C’est le Roller Derby ! Un sport où tu tournes en rond pour que le monde tourne plus rond.

Le Roller Derby, en premier lieu, un sport pas comme les autres : féministe, émancipateur, créateur de liens à travers le monde, hors des règles et du temps du sport télévisuel où règne la virilité, la compétition et l’écrasement de l’autre. Bref, un sport hors des catégorie qu’on nous a apprises. C’est une discipline où les compétitions sont des lieux de rencontre et d’entre-aide et où les comportements malveillants envers les autres, arbitres ou joueuses adversaires, sont disqualifiants (tu sors). C’est une organisation féministe, gérée au niveau national et international par des femmes. C’est un lieu où les femmes de tous âges, toutes corpulences, toutes origines, quel que soit leur genre assigné à la naissance, sont bienvenues et encouragées. C’est un espace pour reprendre confiance en soi, en son corps, en ses capacités, loin de l’idéologie de la performance. C’est un temps qu’on ne vient pas consommer (je paye, je viens, je pars) mais créer : toutes participent à tout, en fonction de ses moyens temporels et de ses capacités. Une pratique pour apprendre le respect de l’autre et de soi, un sport militant et politique qui se développe.

Ne vous méprenez pas, des ligues masculines existent, des rencontres existent, c’est pas la question. Mais attention, pas de prise de pouvoir masculine ! Car quand seulement 7% du temps d’antenne est consacrée au sport féminin et que presque aucune femme ne dirigent les grosses ligues, pratiquer un sport exclusivement organisé et dirigé par des femmes, c’est un moyen de lutte pour l’émancipation des femmes et de toutes les minorités dans le monde (il y a plus de 2000 ligues), qui attaque le sport viril et excluant, où les fillettes et les PD n’ont pas lieux d’être, si ce n’est caché.es. Bref, c’est un sport chouette !

Ce qui nous amène directement à la deuxième partie de soirée : la conférence gesticulée de Laure !

Savais-tu que l’Etat français a pratiqué l’avortement et la stérilisation forcée dans « ses » territoires d’Outre-Mer, et cela au même moment où les femmes de la métropole signent le Manifeste des 343 ? Sais-tu le nom de la première femme à avoir fait le tour du monde en vélo ou de la première afro descendante avocate à plaider ? Connais-tu les normes hormonales qui permettent de déterminer ton sexe dans le sport de haut niveau ? Sais-tu replacer une chaine de vélo ?
Que ce soit oui ou non, cette conférence est un bijou à partager, avec tout de suite un petit résumé et en bas de la page un lien pour la voir en vrai !
Pour celleux qui ne connaissent pas le principe, une conférence gesticulée mélange spectacle et conférence mais surtout savoir ‘chaud’, c’est-à-dire l’expérience personnelle vécue (parce qu’on sait toutes plein de choses !) et savoir ‘froid’, c’est-à-dire scientifique, universitaire.

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Le savoir chaud dont Laure nous parle, c’est celui qu’on connait toutes, à l’école, dans le sport, au travail : les ‘’c’est juste une blague’’ sexiste, les petites humiliations, les assignations à une place bien précise. Elle revisite son passé et le nôtre à travers une course de vélo touristique, la plus grosse de au monde (d’après les organisateurs). Une course à 16 000 participant×e.s, quand même. Je féminise mais… Il n’y a que 1 600 participantes, 10 %, comme dans le sport cycliste en général. A travers cette course, et le vélo en général, Laure remonte une histoire, celle de la lutte des femmes pour leur émancipation, pour le droit de porter un pantalon, faire du vélo, faire du stop, vivre… Mais si tu en a envie, tu peux la regarder juste là et la partager !
https://www.youtube.com/watch?v=mfqmg9CMgH4&feature=youtu.be
Pour aller plus loin et trouver toutes les référérences :
http://laure.tujoues.fr/

Mais au fait, c’est quoi Nanara ?!

C’est une bibliothèque féministe en mixité choisie, c’est-à-dire sans mec cis. C’est des femmes qui avaient envie d’un espace de pause. Pause dans la vie professionnelle, pause dans la vie étudiante, pause dans la vie de famille, pause dans la vie militante… Puisqu’on ne prend plus le temps de juste lire, de se poser et discuter, de rire. Alors il fallait un lieu, un prétexte, un temps : le lieu c’est Quartier Libre, dans une petite rue de la Vieille ville de Nancy, 11 Grande Rue précisément (près de la Place Saint Epvre !) ; le prétexte c’est les livres, féministes de préférence, mais pas que ; le temps c’est tous les premiers lundis du mois. La bibliothèque Nanara, c’est un lieu de rencontre pour toutes, ouvert à toutes, féministe ou non, militante ou non, calée sur le jargon des gender studies ou non. Un lieu pour apprendre, échanger, s’émanciper, se reposer, se détendre et… Lire ! Lire sans avoir à penser à autre chose, lire sans subir les regards, lire pour se faire plaisir. Et partager ses lectures si, et seulement si, on en a l’envie.
Voilà, tu as raté la soirée de l’année mais comme on est sympa, on en fera d’autres !
Si tu veux, jeudi prochain on fait un atelier-débat sur le consentement, à 17h au foyer ! Viens discuter, qui que tu sois, pour continuer à détricoter le monde et libérer nos corps et nos esprits !
Bisouille !