Une petite cinquantaine de personnels et d’étudiant∙es était présente, ce mardi matin, pour interpeller les membres du Conseil d’administration de l’Université de Lorraine, rappeler le rejet de la loi ORE et leur suggérer de voter un "Oui à toutes et à tous" sans mise en attente d’aucun dossier. Hélas, à ce petit nombre - mais il faut dire qu’atteindre la présidence sur le plateau de Brabois de bon matin n’est pas une mince affaire... - et au vu des vigiles présents pour la circonstance, il était compliqué de faire plus que de donner le tract à celles et ceux qui le voulaient bien. À noter en passant que certains des membres du CA n’ont pas daigné prendre ce tract, ce qui en dit long de la vision de leur rôle : des gens prêts à décider d’orientations pour 6000 personnels et 60.000 étudiant∙es sans même prendre la peine de lire ce que les personnels soutenus par l’intersyndicale ont à leur dire !
Bien que le président de l’université, P. Mutzenhardt, ait évoqué auprès de représentant·e·s syndicaux la possibilité d’accueillir une délégation au CA, ce matin il n’en a rien été. Quant à un engagement en faveur du Oui immédiat à toutes et à tous, là aussi cela a été balayé sous le motif qu’un courriel avait annoncé que l’université mettrait un "Oui" sur tous les dossiers, omettant de signaler que cela se ferait dans la plupart des cas avec une mise en attente en fonction des capacités d’accueil.
Non content de cette fin de non recevoir, le président Mutzenhardt s’est fendu d’un message adressé à tous les personnels et étudiant∙es du Campus lettres et sciences humaines (CLSH) pour annoncer la « fermeture administrative imminente » du campus, bloqué suite à plusieurs votes majoritaires en AG de plus de mille étudiant∙es, ainsi que la délocalisation des examens prévus d’ici au 21 avril (vacances scolaires et universitaires).
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Mutzenhardt annonce en passant qu’il déposera plainte « pour les dégradations, insultes, utilisation abusive d’image, diffamation, dégradation de bâtiment public ». Voilà qui fait beaucoup. Quand il écrit « utilisation abusive d’image », faut-il comprendre qu’il dénonce certains photomontages comme ceux qu’on trouve ici ? Allons M. Mutzenhardt, voilà qui n’est pas très Charlie !
Le collectif des personnels opposés à la sélection à l’université, soutenu par l’intersyndicale, a produit un communiqué en réponse à ce discours à géométrie variable du président qui un jour prétend vouloir dialoguer, le lendemain menace d’une intervention des forces de l’ordre.
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En fin de journée, les étudiant∙es mobilisé·es se sont réuni·es pour décider des suites à donner à cette annonce de fermeture administrative. Bluff ou pas, des étudiant·es en lutte seront bien sur le campus demain matin.
Voici leur communiqué :
Nous venons de prendre connaissance du mail de monsieur MUTZENHARDT, quant à sa décision de fermeture administrative imminente de la faculté de lettres et sciences humaines de Nancy. La fermeture administrative engage l’inaccessibilité de la totalité des locaux du campus et dans ce cas la responsabilité de la faculté revient au Préfet, et non plus au président de l’université.
Le président déclarait encore ce matin au Conseil d’Administration (le mardi 10 Avril) son non-recours aux forces de l’ordre, il revient dessus ce soir, dans un article de l’Est Républicain : « Une intervention des forces de l’ordre n’est pas exclue. » Cette dernière déclaration est gage de son double discours. Dans tous les cas, lors d’une fermeture administrative, ses déclarations n’ont plus d’incidence sur les décisions qui seront désormais formulées par le Préfet, appliquant les ordres du gouvernement.
Cette situation fait suite à la consultation électronique d’hier, le 9 Avril 2018, que nous avions révoquée et boycottée dès son annonce pour de nombreuses raisons, dont la principale était qu’une consultation réduit le cadre, ne permet pas de débat, c’est un vote à l’aveugle. De même le médium sur lequel a eu lieu la consultation ne permet pas des modalités de vérifications impartiales : l’UNI, FEDELOR et les membres du CA étaient les seuls à vérifier les résultats, tandis que l’UNEF a volontairement boycotté. La consultation se faisait par le code d’identification de chaque étudiant, le président assurait que l’anonymat serait respecté, mais le double discours qu’il tient ne peut pas considérer cette parole comme valable. À ce propos, il a à nouveau déclaré dans l’Est Républicain, que les plaintes seraient nominatives et non pas contre X, alors la participation des pro-blocage à la consultation pourrait les mettre en péril.
Suite à l’annonce des résultats de cette consultation, le président a pour la première fois accepté de nous rencontrer, mais par le biais de 3 représentant·e·s, ce qui est en contradiction fondamentale avec les valeurs défendues par notre mouvement qui appelle à la mobilisation générale. Nous avons refusé les modalités de cette rencontre et non pas la rencontre en elle-même, le président a alors préféré fermer le campus plutôt que nous rencontrer selon nos conditions.
La fermeture administrative ne profite en rien aux étudiant·e·s : la BU et les autres structures resteront fermées alors que nous avions mis un point d’honneur à ce qu’elles soient accessibles.
Cette ultime décision a pour but de mettre fin à notre mouvement pacifiste, nous privant de nos lieux de réunions et d’échanges, ce qui constitue une censure.
Ces conditions ne sont pas seulement propres à notre établissement et à la réponse à cette consultation, le mouvement s’inscrivant dans une mouvance nationale qui prend de l’ampleur, la répression prend également de l’ampleur et les dernières directives nationales visent à faire taire le mouvement, le plus rapidement possible et peu importe les moyens.
À ce titre, nous rappelons que nous sommes pacifistes, nous appelons à la mobilisation de tous les soutiens possibles, à Nancy, mais aussi dans toutes les autres universités mobilisées.
Les étudiant·e·s en lutte de l’Université populaire du Sapin Nancy II.
Prochaine AG prévue le jeudi 19 avril à 10h
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