L’AG interprofessionnelle du matin
C’est la seconde. Une première avait eu lieu lundi soir, où une quarantaine de personnes, à l’initiative du collectif des personnels de l’éducation, a convergé sur l’idée de lancer une AG interprofessionnelle à la base, à défaut d’une initiative de l’intersyndicale départementale.
L’Assemble générale a été un succès avec 150 participant·es, et plein de secteurs représentés : l’éducation nationale, les cheminot·es, le secteur social, l’Insee, les Gilets Jaunes, des étudiant·es, des lycéen·nes, la culture, la papèterie, l’énergie, la fac, la recherche, les chômeur·ses, les retraité·es, la santé, la petite enfance...
Un point a été fait sur la mobilisation dans les différents secteurs. Dans l’ensemble, en dehors des cheminot·es qui sont en grève reconductible depuis le 5 décembre, les autres professions ne bougent qu’à l’occasion des grandes journées programmées par l’intersyndicale nationale (5 et 17 décembre, 9 janvier...). On a discuté de la nécessité de renforcer la mobilisation pour prendre le relai des cheminot·es, mais aussi d’organiser une solidarité financière plus importante en y impliquant les syndicats. Une motion a été adoptée dans ce sens.
Plusieurs actions ont été décidées pour renforcer le blocage dans les prochains jours : Keolis, commerces, etc.
L’AG a aussi décidé de tenter de prendre la tête du cortège intersyndical l’après-midi même, et d’organiser une nouvelle AG rue Saint Jean.
Une grosse manif et un cortège de tête inédit
Le rassemblement place Carnot n’était pas très fourni à 13h30. Heureusement la place s’est bien remplie dans les trois quarts d’heure qui ont suivi, avec non seulement les camions syndicaux derrière la banderole intersyndicale, mais des banderoles de plein de secteurs mobilisés, les Gilets jaunes et les avocats en robe très visibles sans banderole. Bref, du monde !
Quand la manif a démarré, le cortège interpro a pu se glisser sans peine à l’avant, avec les Gilets jaunes, les hospitaliers CGT, les banderoles de l’université en lutte, de plusieurs collèges et lycées, la culture, les anarchistes, des drapeaux syndicaux de toutes les couleurs... environ 1500 personnes, du jamais vu ! Le tout dans une manif de 8000 à 10000 personnes, ce qui rejoint les scores des grosses manifestations de décembre. Tout s’est très bien passé dans ce cortège de tête, bien que certain·es des manifestant·es qui y ont défilé n’aient pas forcément compris qu’elles et ils avaient doublé l’intersyndicale. C’était joyeux, plein de slogans et de chansons.
L’UD CGT organise le zbeul
Ah c’est certain que l’union départementale CGT faisait la gueule. Il faut dire qu’à force d’être toujours devant, certains bureaucrates ne comprennent pas quand ils se font déborder. Alors ils ont dénigré tant qu’ils ont pu, maintenant des dizaines de mètres de sécurité entre la tête du cortège et la banderole de l’intersyndicale, expliquant à leurs syndiqué·es qu’il fallait garder leurs distance avec les Gilets jaunes et les black blocs qui voulaient en découdre, peut-être même avec les manifestant·es, etc.
Alors tandis que le cortège de tête suivait le parcours négocié en préfecture, la CGT a organisé le zbeul : elle a changé de parcours pour essayer de doubler et de reprendre la tête. Mal lui en a pris ! Le temps que son cortège y arrive, la tête était au courant et occupait la rue Saint Jean. Finalement la CGT et FO sont allé terminer la manif tous seuls dans les rues parallèles, et la FSU et Solidaires ont rejoint la tête du cortège. Autant dire que les flics étaient paumés, ne sachant plus où était la "vraie" manif et l’autre.
La rue elle est à qui ? Elle est à nous !
Finalement il y avait plus de 2000 personnes dans la rue Saint Jean et alentours. On a pu bloquer la rue toutes et tous ensemble jusqu’à 17h30 dans une ambiance d’enfer. Une Assemblée générale a même pu se tenir dans la rue à plusieurs centaines. Certes il n’a pas été possible de prendre des décisions, mais cette nouvelle AG a permis plusieurs prises de parole de manifestant·es "de base", quelque chose qui nous change des prises de parole officielles des représentants syndicaux.
Quelque chose est en train de prendre, tout le monde le sent. Si dans d’autres villes ça monte aussi, si vendredi ça continue et samedi c’est un raz de marée, alors tout deviendra possible.
Post scriptum. L’UD DGT est bien vexée. Avec FO 54, qui l’a suivie dans le contournement du parcours de la manif, elle a pondu un communiqué minable où elle dénonce « avec vigueur les agissements d’une minorité de personnes qui cherche à diviser la grande majorité des manifestants ». Une minorité ? Oui c’est vrai, mais on était quand même entre 1500 et 2000 manifestant·es, à la suite d’un vote d’AG, avec plein de grévistes content·es de sortir de la routine des cortèges encadrés par les laquais de la préfecture. Une minorité qui cherche à diviser ? Non, qui cherche plutôt à dynamiser et à faire monter la pression face à Macron, son gouvernement et le Medef, avec toutes celles et tous ceux qui veulent contribuer au blocage le pays jusqu’au retrait. Alors votre communiqué, il nous a bien fait rire et on le met à dispo ci-dessous. Allez, sans rancune, samedi on recommence !
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