Afghanistan : Une nouvelle vague d’arrestations de femmes

Nancy (54) |

Le Comité international de défense des femmes afghanes, qui mène campagne depuis octobre 2022 pour que l’asile inconditionnel soit accordé aux femmes persécutées par les talibans en Afghanistan, a reçu ce message du Mouvement spontané des femmes afghanes.

Début janvier, les arrestations de jeunes femmes et de jeunes filles par les talibans se sont intensifiées. La police religieuse des talibans a arrêté, battu et transféré dans des lieux inconnus des dizaines de jeunes filles et de femmes dans la ville de Kaboul sous prétexte qu’elles « portaient mal » leur hijab (un vêtement qui couvre la tête des femmes en laissant le visage apparent. – ndlr).

Tarnam Saeed, l’un des militants des droits des femmes en contact avec les familles des femmes détenues, explique qu’à l’occasion de la fête des mères (3 janvier 2024) de nombreuses jeunes filles se rendaient au marché pour acheter des cadeaux et des gâteaux à leurs mères. « C’est à cette occasion que les talibans en ont profité pour arrêter ces jeunes femmes qui venaient faire leurs courses. Ils en ont arrêté plus d’une centaine et les ont transférées dans des lieux inconnus » (Deutsche Welle, 4 janvier 2024).

Les familles des jeunes filles arrêtées n’ont aucune information les concernant. Elles ont été menacées pour ne pas parler aux médias. Et comme aucune institution nationale ou internationale indépendante ne surveille les violations des droits dans les prisons, officielles ou officieuses, des talibans, il est à craindre que des traitements illégaux et inhumains leur soient infligés.

En Afghanistan, traditionnellement, les femmes et les jeunes filles portent le hijab. Quand les talibans invoquent le « mauvais port » du hijab, c’est un pur prétexte pour détenir arbitrairement des femmes, les torturer physiquement et mentalement : ils haïssent les femmes et veulent les faire disparaître de la société.

Depuis plus de deux ans qu’ils ont été réinstallés au pouvoir (par l’administration Biden, en août 2021 – ndlr), les talibans ont arrêté et emprisonné des milliers de femmes – et en particulier des militantes du Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW), parce qu’elles ont participé à des manifestations, des protestations, des activités éducatives ou parce qu’elles ont dénoncé leur sort sur les réseaux sociaux et dans les médias – afin de créer une atmosphère de terreur.

Le Mouvement spontané des femmes afghanes est convaincu que, même si le régime anti-femmes des talibans aggrave son oppression contre les femmes, elles ne baisseront pas les bras et continueront à protester et à résister. La « communauté internationale » ferme les yeux sur ces arrestations et refuse de prendre la moindre mesure contre le régime misogyne et moyenâgeux des talibans. Chaque mois qui passe, les femmes afghanes prennent toujours plus conscience de l’hypocrisie des grandes puissances et de leur discours sur les « valeurs démocratiques », les « droits de l’homme » et les « droits des femmes ».

Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW)
Janvier 2024, Kaboul, Afghanistan


Avec les autres associations [1], l’antenne locale (Nancy) du Comité International de Défense des femmes afghanes vient de s’adresser à Mme le préfet de Meurthe-et-Moselle pour avoir un retour des réponses du gouvernement français suite à notre audience du 4/12/2023 dans laquelle la délégation avait demandé la délivrance rapide et sans obstacle de visas pour les femmes qui en font la demande.

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Manifestation de femmes afghanes pour le droit à l’enseignement, le travail et la liberté, en 2023 / Capture d’écran

Notes

[1Association France Palestine-Sud-Lorraine, Amnesty International-Nancy, Ligue des Droits de l’Homme-Nancy, Mouvement pour une action non violente, Syndicat des Avocats de France-Nancy, Solidaires-54, Parti des Travailleurs.