En effet, beaucoup de tracts n’indiquent pas d’affiliation ni de soutien de partis, comme si Nancy était une commune de moins de 9000 habitant∙es. Il faut ainsi reconnaître les candidat∙es pour savoir qu’untel est affilié au PS (et macron-compatible), qu’unetelle est plutôt Insoumise, que tel autre est totalement en Marche et macronien. Dans ce jeu de pistes brouillées, une liste mérite le détour : la liste « Unis pour Nancy » conduite par Patricia Melet.
Quand on lit le prospectus, on voit bien que le truc penche vaguement à droite avec le souci répété de la « sécurité », la dénonciation des « incivilités », l’exonération « de toutes taxes municipales pendant 2 ans » pour les nouveaux commerces, etc. Mais pour le reste, cela ressemble à une liste plutôt ordinaire, qui se présente comme « humaine et solidaire, issue de la société civile, bénéficiant de l’expérience d’élus locaux de différentes sensibilités politiques, opposée au macronisme ».
Bon évidemment, une liste de droite « opposée au macronisme », c’est l’indice d’un positionnement bien à droite, mais il faut quand même aller fureter sur Internet pour voir exactement de quoi il retourne. Et là, en guise de « différentes sensibilités politiques », on trouve un ramassis de réactionnaires à vomir. Aux côtés de gaullistes et transfuges des LR on trouve en effet des candidat∙es de Debout la France (tout le monde se souvient du ralliement de leur chef Dupont-Aignan à Marine Le Pen en 2017), mais aussi le noyau dur de la liste qui est composé de partisans de la Manif pour tous, ce mouvement homophobe qui a tenté de se réactiver à l’occasion du débat sur la PMA pour toutes. Aux municipales de 2014 c’est Denis Gabet qui conduisait les cathos traditionnalistes et partisans de la famille « un papa une maman ». Cette année Gabet n’apparaît finalement pas sur la liste mais plusieurs de ses acolytes, comme Laurent Hennequin, y figurent en bonne place.
Ce qui est notable c’est enfin la présence revendiquée de « royalistes ». On trouve en effet Philippe Schneider, un monarchiste version dure qui se réclame de l’Action française. Ce triste sire écrivait ainsi en janvier 2019 sur un blog peu recommandable (lalorraineroyaliste) : « les deux mouvements royalistes d’Action Française se sont réunifiés. Le nom du nouveau mouvement (on a rien inventé !) est La Restauration Nationale, Centre Royaliste d’Action Française. » En effet, la Restauration nationale est le nom sous lequel l’Action française a resurgi après la 2e guerre mondiale, éreintée par son soutien à Vichy, en se positionnant en faveur de l’Algérie française et en soutien à l’OAS. Autant dire qu’avec l’Action française, on est loin du simple folklore royaliste : c’est un mouvement historiquement inscrit du côté de l’extrême droite dure, et qui se manifeste depuis plusieurs mois par des actions violentes. (Pour plus d’infos cette mouvance, se reporter à l’article récemment paru sur Manif’Est.)
Le seul mérite de la liste « Unis pour Nancy » est d’avoir mis des bâtons dans les roues du Rassemblement national pour constituer sa propre liste. En dehors de cela, c’est donc bien une liste moisie qui se résume à un agglomérat de prétendus « républicains » avec des cathos traditionnalistes homophobes et des nostalgiques de Pétain ou de la monarchie de droit divin. Patricia Melet aurait dû choisir comme slogan « Travail, famille, patrie », au moins les choses auraient été claires.
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