Trajet de la manifestation du 9 janvier à Nancy

Nancy (54) |

Ci-après, le trajet de la manifestation du 9 janvier à Nancy :

JPEG - 118.3 ko

Mais faites attention braves gens, il risque d’y avoir des pauvres des loubards des racailles des casseurs des Gilets jaunes, comme nous l’annonce Amandine Mehl, journaliste neutre et objective dans ce journal neutre et objectif qu’est actu.fr.

Le bourgeois (et préfet) Éric Freysselinard annonce la couleur : plus de flics, maintenir l’ordre, et surtout garantir cette liberté fondamentale qu’est la liberté de circulation (pour les marchandises bien évidemment, pas pour les êtres humains ne disposant pas des bons papiers).

Et notre chère Amandine de justifier, en toute objectivité journalistique, qu’Éric a bien raison d’envoyer plus de flics. Ben oui, mon pauv’ monsieur, à la dernière manifestation les gentils policiers avaient été victimes de provocations, et même d’insutes. Ben oui ma pauv’ dame, les méchants Gilets jaunes l’avaient fait dans d’autres manifs, rendez-vous compte !

Très chère Amandine, tu as oublié de nous justifier l’existence du périmètre d’interdiction de manifester :

JPEG - 210.3 ko

Sans doute que le souvenir du saccage des quartiers riches de Paris en décembre 2018 fait toujours peur à la bourgeoisie nancéenne. Car le perimètre d’interdiction concerne bien le centre-ville, où habite une partie de cette bourgeoisie nancéenne : rentiers, gros propriétaires, banquiers et autres parasites. Pour mémoire, on trouve là-bas pas mal de F6 de 200 m² à 2200 € par mois (cheminée en marbre incluses, ne manquent que la femme de ménage et le jardinier).

Chère Amandine, quand la police tue, il n’est guère étonnant que tout le monde la déteste.
Quand le gouvernement, en accord avec le haut patronat et les financiers de chez Black Rock, décide que tu bosseras encore plus longtemps, il n’est guère étonnant qu’on cherche à les combattre.
Quand le capitalisme tue, il n’est guère étonnant qu’on souhaite le détruire.

Tout ceci aussi est fort logique, non ? Alors pourquoi tu n’en parles pas dans ton article ? Pourquoi la seule explication que tu offres à ton lectorat est une justification des décisions de la préfecture ?

Chère Amandine, au vu de tes précédents articles et de celui-ci, dans ce conflit, tu as déjà choisi ton camp, celui des patrons, du Medef, de Black Rock et des défenseurs de l’ordre établi. Mais aussi celui de ton patron, président du directoire de Publihebdos, ce bon vieux Francis Gaunand. Mais si, tu sais bien, celui-là même qui a très certainement les moyens de se payer cet appartement au centre de Nancy et qui --- même la CFDT le dit en 2018 et en 2019 --- détruit les conditions de travail dans ta boîte.

Nous sommes toutes et tous empétré·es dans des contradictions. Entre la nécessité de se vendre pour pouvoir vivre et les envies et les passions qui nous animent, il est des choix qu’il est complexe de faire. J’ignore qui tu es, Amandine, mais je pense que lorsque tu as eu la vocation du journalisme, ça n’était pas pour te faire le relai des raclures de la préfecture.

Il n’est jamais trop tard pour changer, même si, comme le disait Raoul Vaneigem, « l’obligation de produire aliène la passion de créer ». Je me pose quand même une question, Amandine, pour quel monde est-ce que tu te bats ?

Avant de te quitter, je t’offre cette citation d’Hélder Câmara, un évêque brésilien que les puissants appelaient saint lorsqu’il nourrissait les pauvres, mais se faisait traiter de communiste lorsqu’il demandait pourquoi ces gens étaient pauvres :

Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes et de femmes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

Spider Jerusalem

L’arrêté préfectoral du 9 janvier