Témoignages de deux futur-ex-pensionné·es



Une lectrice et un lecteur de RésisteR !, elle retraitée, lui pas encore, relatent l’écart entre la situation qu’ils pouvaient anticiper pour leur retraite au moment de leur embauche, et celles qui sont advenues au fil des réformes.

Courrier des lecteurs

J’ai été embauchée à la CAF en septembre 1965 (à 18 ans), après deux étés d’emploi-vacances, titularisée « convention collective de 1946 », en 1966, et bénéficiaire du régime complémentaire de prévoyance retraite des personnels de cette administration : la CPPOSS, l’un des plus favorables, voulu pour les personnels Sécu par les créateurs de l’institution commune, de statut privé, à mission de service public.

Le gouvernement d’Édouard Balladur supprimera la CPPOSS en juillet 1993, dans une large indifférence, sans débat, avec la complicité – peut-être la suggestion (?) – du syndicat majoritaire de l’époque : la CFDT, issue d’une scission d’avec la CFTC (1964). La mesure s’accompagnant de « la fin des 37,5 annuités de cotisation » pour une retraite complète à tous les salariés du secteur privé. La profession n’a pas bénéficié du même soutien que les cheminots, ciblés à leur tour en 1995. Quand les salariés de la Sécurité sociale l’avaient été (ciblés, attaqués), un « mur » aurait dû se dresser pour protéger l’institution commune, car c’était une alerte pour les dangers à suivre !

L’histoire le confirmera et perdure. L’actualité syndicale d’alors étant axée prioritairement sur la casse de La Poste France Télécom et nos permanents syndicalistes, postiers pour la plupart.

En 1994, un régime « de substitution » sera mis en place : l’ARRCO-AGIRC, « à points » déjà, permis par la CFDT, très majoritaire dans la profession. J’ai vu mes aînés partir en retraite, dès 1980, avec des pensions équivalentes à leurs « bons salaires » (calculé sur les « 10 meilleures » années). Toutes les réformes après 1993, et suivantes, 2003, 2010, etc., ont abaissé le niveau des pensions de la « retraite de base du régime général », calculée aléatoirement : soit sur les 10 premières années ou les 10 meilleures années ou les 25 dernières années, elles-mêmes indexées sur les prix, l’inflation, des taux divers, etc. Pourquoi en serait-il autrement à l’avenir : un curseur ça se déplace arbitrairement. Même sort prévu aux régimes complémentaires. NB concernant ma retraite, depuis 2007, cotisée durant 42 ans, son montant mensuel est inférieur au « salaire médian » (à ne pas confondre avec le « salaire moyen »), l’une des deux « complémentaires » restant trimestrielle, élevée à précisément 128,81 euros, soit 42,93 euros par mois : il s’agit de celle héritée de ladite CPPOSS, dont la gestion a été déléguée d’abord au groupe Malakoff Médéric, dès 1994, puis mi-2019, à un cabinet de courtage : Prevere. L’affaire est bouclée ! Ou comment de l’argent appartenant au service public (la Sécu) se retrouve dans le circuit financier très, très capitaliste ! J’y avais cotisé durant presque la moitié de ma carrière, soit 19 ans.

Les cessations d’activité suivantes voient cette pension de plus en plus réduite : ça, c’est la règle comptable. Avoir travaillé 42 ans à temps complet, mais avec des salaires minima quasi constants et un statut d’invalidité partielle, à compter de 2003, m’a rendu non imposable, un comble ! Punition réservée souvent aux militants syndicaux combatifs, voire non corruptibles. C’est la vie, mais c’est de la discrimination. Le tribunal des prud’hommes ne m’a pas donné raison, faute de témoignages suffisants, la peur règne.

Mc

Personnellement, je bosse à Pôle Emploi depuis 1992.

Je suis né en 1962.

En 1984, je commence à bosser avec une retraite prévue à 60 ans, après un peu plus de 37,5 ans de cotisations.
2020 : retraite à taux plein prévue à 67 ans…

7 ans de perdus en une vie de travail !

Et il faudrait continuer le délire ?

Car, dans le même temps, en 1992, à l’ANPE, je reçois une personne à l’accueil pour essayer de régler ses soucis d’emploi et de formation ; en 2020, je suis sollicité par une multitude, en plus de l’accueil, via mail et autres services à distance.

La « production » des salarié-es à Pôle Emploi, comme ailleurs, augmente considérablement, via les nouvelles technologies. Alors, stop !

Retraite à 60 ans, voire plus tôt ET augmentation des salaires et/ou diminution du temps de travail hebdomadaire, car travailler beaucoup plus, on le fait déjà, même à temps de travail égal !
REPASSONS À L’OFFENSIVE !

un vieux con, toujours au boulot

Article paru dans RésisteR ! #66, le 28 janvier 2020