Relents d’égouts



Rubrique consacrée à l’actualité des conspis, des confus et d’autres cons… faisant, directement ou indirectement, le jeu de l’extrême droite.

Pierre Carles est un réalisateur connu pour ses documentaires plutôt ancrés à gauche. Mais voici qu’après Bourdieu ou le président équatorien Rafael Correa, Pierre Carles se consacre à quelqu’un de bien moins sympathique. Un Berger à l’Élysée ? doit sortir au printemps 2017 pour faire la promotion d’un nouveau héraut populaire, Jean Lassalle, prétendument candidat à la présidentielle. Le type doit être bien à gauche, imaginez ! Gérard Schivardi, ancien candidat du Parti des Travailleurs en 2007, lui apportera son parrainage, c’est dire…

Comme le dénonce Yannis Youlountas sur son blog, Jean Lassalle, c’est « le mythe de la bonne vieille droite du terroir ». Entré en politique dans les années 1970, puis au parlement dans le giron d’un affairiste du RPR, opposé aux précurseurs des zadistes dans les années 1990, pro-Bayrou en 2007, responsable du MoDem, votant pour Sarkozy en 2012, militariste, industrialiste, opposé au mariage pour tous… on se demande ce que Pierre Carles et d’autres (comme Fakir…) lui trouvent. Eh bien, ce Jean Lassalle prétend être « la voix des sans-voix », représentant les populations des montagnes, de la ruralité et des communes, il défend les services publics de proximité (enfin, la gendarmerie au moins…), s’oppose aux délocalisations industrielles, soutient Nuit debout, s’oppose au TAFTA… Bref, un gars des montagnes qui aime jouer sur tous les tableaux et qui se joue des gogos.

Mais le député Jean Lassalle a aussi de sombres amis. Citons Yannis Youlountas : « Se rapprochant, depuis trois ans, de la mouvance conspirationniste, Lassalle est un intervenant régulier du plateau de la chaîne d’extrême droite Meta TV aux côtés de son animateur soralien Tepa, ainsi que du Cercle des Volontaires aux côtés du confusionniste Raphaël Berland et de son gourou Étienne Chouard qu’on ne présente plus (Lassalle fréquente aussi d’autres courants de l’extrême droite comme Radio Courtoisie). » En cohérence avec ces fréquentations, Jean Lassalle est un fin supporter de Bachar el-Assad. Il l’a rencontré deux fois, en novembre 2015 et tout récemment, début janvier 2017 : « Pourquoi je voulais le voir ? Parce que c’était l’occasion, nous étions invités par les chrétiens d’Orient. […] Je suis dans l’incapacité de dire si ce qu’il fait, c’est bien ou mal. Je ne suis pas un tribunal, je ne suis pas La Haye ! » (Sud-Ouest du 9 janvier 2017.)

Jean Lassalle joue donc au con. Parmi ses supporters de gauche, on hésite encore. On espère un réveil, même tardif. S’ils s’obstinent dans leur soutien, il faudra en tirer les leçons.

Raph

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De gauche à droite : Etienne Chouard (confusionniste notoire), Philippe Pascot ("pourfendeur de la corruption de nos élus"), Jean Lassalle, Raphaël Berland dit Jahraph (Cercle des volontaires et UPR). Décembre 2016.

Article paru dans RésisteR ! #47, le 27 janvier 2017


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