Proposition d’un Cortège d’Autodéfense Collective pour les Samedi Jaune



En 2016, l’an 1 du tout jeune Régime d’État D’Urgence, le « Cortège de Tête » était une tentative de se protéger collectivement des flics, de multiplier les actions pendant les manifs , de limiter le fichage massif en se masquant, de ne pas se cantonner dans des manifs déclarées, de se reconnaître et de se compter, et de balayer les structures syndicales qui collaborent avec l’État. Aujourd’hui certain.e.s ’ami.e.s’ nous refont le coup des corps intermédiaires en collaborant avec la préfecture : ielles maintiennent les manifestant.e.s dans un rôle de moutons avec le bon vieux coup des « Services d’Ordre » et négocient le superbe trajet qui nous conduit à l’abattoir. Il est peut-être temps de réinventer un autre « Cortège de Tête » pour se protéger.

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Nous sommes tous nos propres maîtres

Le service d’ordre en manifestation, c’est confier sa capacité d’agir en manif (la direction qu’elle prend, les actions avant, pendant et après la manif, etc) à une clique de personnes pseudo-supérieure parce qu’elle se croit légitime à donner des ordres. Accepter le service d’ordre en manifestation, c’est accepter d’être conduit par des collabos dans un espace qui ne crée aucun conflit avec l’ordre établi, et où les milices de l’ordre auront préparé le terrain pour nous réprimer.
S’opposer au service d’ordre en manifestation, c’est nous laisser le choix de nos mouvements et de nos actions, se responsabiliser collectivement sur nos actes et potentiellement créer du conflit là où l’État ne nous attend pas. Vive les manifs libres et sauvages !
N’hésitons pas à créer un conflit d’idées entre nous ; nous avions déjà cette position pendant la Loi Travail et cela ne nous a pas dérangé.

Des rôles de manif

Dans les manifs autogérées, celles où l’on n’est pas des moutons à la botte des Services d’Ordre, on peut être pleins de choses.
On peut soigner les gens : les Medics. On peut filmer les chouettes moments et aussi filmer les violences policières : l’AutoMedia. On peut organiser la défense juridique des ami.e.s qui participent à la manifestation, les informer des répressions en cours : la Legal Team. On peut faire de l’antipub ; etc, etc. On peut faire descendre le niveau de peur dans notre camp, et ridiculiser les miliciens : c’est le Pink Bloc, les clowns et les musiciens qui guident la manifestation pour l’évacuer, font diversion pour permettre d’enfoncer la ligne de CRS et GM, et rassurent les nôtres pour pas qu’iels courent quand il n’y en a pas besoin. Et pendant que l’on évacue, il y a le Black Block, les ami.e.s qui maintiennent une distance avec les flics pour que les gens soient évacués avec le moins de blessé.e.s possible.
Avant la manif, chaque groupe d’ami.e.s décide de ce qu’ilelles ont envie de faire ensemble et jusqu’où ilelles sont prêt.e.s à aller, et s’organise pour avoir l’équipement nécessaire.

Aujourd’hui nous n’avons pas de banderoles renforcées pour nous protéger des flashballs et équivalent. Pas beaucoup de Pink Bloc dans les manifs… Peut-être que l’on devrait proposer un samedi de carnaval, avec des casseroles, du maquillage et des flammes ? Pourquoi pas une marche de zombies sur l’Élysée ?

Sortons masqué.e.s

Certain.e.s ami.e.s jaunes pensent que les « casseurs » sont masqué.e.s parce qu’ielles ont des choses à cacher, et elleux n’auraient rien à cacher.
Pour toutes ces personnes qui se réveillent après une longue torpeur :
En fin 2015, l’État d’urgence est déclaré. Dans les faits nous sommes encore sous État d’Urgence depuis que la Constitution a été modifié en ce sens. Des manifestations sont alors interdites ; « attroupement en vue de commettre un délit », ce sont des mots que l’on entendra bien souvent. Au début on se masque peu ; des premières condamnations tombent. Pendant la COP21 et la Loi travail à Paris, les interdictions ont continué.
La seule stratégie : se masquer, se cacher des caméras pour ne pas leur faciliter le travail. »

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