Pride radicale à Metz : pourquoi et comment

Metz (57) |

Une pride radicale est organisée en parallèle de la pride "officielle" de Metz. Pourquoi ?

Historiquement, l’association Couleurs Gaies est le lieu de sociabilité et d’organisation d’événements LGBT sur Metz. Son ancien président, Matthieu Gatipon-Bachette, a quitté son poste "en très bon termes" fin décembre 2022. Il a cependant été éjecté de celui de porte-parole de l’inter associative LGBT (regroupant une soixantaine d’associations) au même moment. Pour cause ? La "goutte d’eau" : un tweet alarmiste relayant le commentaire de Charlie Hebdo sur l’abandon du terme "laïcité" de la charte du planning familial.

La laïcité, c’est son dada. Quittant de fait les deux structures, il en rejoint une autre dans la foulée, d’une militance toute autre : l’Union des Familles Laïques. Axée sur "la défense des valeurs républicaines" et "la promotion du principe de laïcité", c’est une musique qui résonne particulièrement à nos oreilles de personnels de l’Éduc’ nat’. Derrière des valeurs et des principes très généraux, il est possible de tenir des discours très différents, voire antagonistes [1]. C’est la différence entre une laïcité émancipatrice, permettant une indépendance face à l’Église, celle de 1905, et une laïcité jugulatoire, contrôlant les comportements des citoyen·nes et usager·ères des services publics (surtout des femmes, et focalisée sur leur tenue), celle de 2004. On n’entend pas la même chose entre les deux, et les personnes qui défendent la laïcité recouvrent tout un spectre, allant des idéaux de protection des citoyens face à l’ingérence de l’État à un cléricanisme partisan (contre les prières de rue musulmanes, mais défendant bec et ongles les crèches dans les mairies ou les processions pascales). Ce terme de laïcité est devenu un dogwhistle (un terme faisant "appel du pied") pour une large partie de l’extrême-droite. Même Éric Zemmour en est allé de son interprétation [2] lors de la présidentielle. Lorsque l’ancien président de l’association s’exprime, c’est Valeurs Actuelles qui lui ouvre ses colonnes.

Si le départ du président de Couleurs Gaies en décembre s’est fait sans heurts, il n’en est pas de même pour le départ de nombreux·ses militant·es un an et demi plus tôt. À cette période, le débat est ailleurs : Mila, une adolescente lesbienne, subit une vague énorme de cyberharcèlement, suite à des propos racistes [3]. Si le cyberharcèlement (allant jusqu’à des menaces de mort et de viol, et des insultes lesbophobes et putophobes, la divulgation d’informations personnelles comme son adresse personnelle) est à juste titre condamné unanimement, y compris par Couleurs Gaies, les propos de Mila divisent. Pas à droite, où Enthoven comme Philippot y vont de leur soutien inconditionnel, mais à gauche, les propos racistes, mâtinés de grossophobie, transphobie, validisme, enbyphobie, et transmis par des canaux d’extrême-droite (Bellica, Le Point) posent question. D’autres éléments pousseront des personnes proches de l’asso vers la sortie, comme l’utilisation sans demander l’autorisation ni donner le crédit d’œuvres d’art par l’association (lors du Salon du livre LGBTQI+ de Metz notamment). On peut noter aussi la collaboration de CG avec FLAG, l’asso LGBT des personnels du ministère de l’Intérieur... voir p5 pourquoi c’est inacceptable ! Ajoutons encore la proximité avec Osez Le Féminisme, qui tient des propos putophobes, transphobes et enbyphobes...

L’accumulation de ces éléments a mené un grand nombre d’adhérent·es à quitter l’association, et monter divers projets. La pride radicale est l’un de ces projets.

Et le comment, alors ?
Facile ! Pour rejoindre la Pride radicale, RDV à 13h Colonne Merten à Metz, le 17 juin !

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P.-S.

Tribune parue dans le bulletin local d’information syndicale de SUD éducation Lorraine n°51
À lire ici : http://sudedulor.lautre.net/spip/IMG/pdf/canard_num_51.pdf

À lire aussi :

Appel à rejoindre la pride radicale de Metz le 17 juin à 13h

Nous appelons à une marche défendant des positions claires, il est impossible de commémorer les émeutes de Stonewall sur un fond de pinkwashing aux cotés des keufs de FLAG, d’islamophobes notoires, de personnes souhaitant criminaliser nos camarades TDS et d’oppreseur.euse.s en tout genre. Nous souhaitons une pride anticapitaliste, queer, antiraciste, antifasciste et anticarcérale. Soyons le plus nombreuxes possible dès 13h Colonne Merten pour contrer toute tentative d’intimidation de la part des flics.


Notes

[3« Je réponds en toute simplicité que les Arabes et les Noires ne sont pas spécialement mon genre et qu’elles ne m’attirent pas physiquement. »