Depuis le printemps, la propagande pour le recrutement de 25 000 adolescent·e·s bat son plein. Recteur·trice·s, préfet·e·s, militaires, élu·e·s, directeur·trice·s de lycées et responsables d’associations se sont mobilisé·e·s dans les établissements, mais aussi dans les médias et les réseaux sociaux pour faire la publicité du SNU et racoler cette année une cohorte importante de volontaires pour participer aux prochains séjours expérimentaux dit de « cohésion » qui auront lieu du 21 juin au 2 juillet. Les intentions du gouvernement sont clairement de montrer que le SNU pourra remplacer la Journée de Défense et de Citoyenneté, devenir obligatoire et toucher, c’est l’objectif, toute une tranche d’âge de 800 000 jeunes par an, généralisation prévue à l’été 2024. Pour cela, « il faudra d’abord lever les obstacles juridiques » dit la secrétaire d’État à la jeunesse Sarah El Haïry, qui a parcouru en service commandé les centres de recrutement pour haranguer les lycéen·ne·s, c’est-à-dire aller à l’encontre de la Constitution et même, de la Convention des Droits de l’enfant.
Mais les jeunes, les parents, les éducateur·trice·s, associations d’éducation populaire et autres membres de la société civile s’opposent au SNU et se mobilisent en collectifs pour dénoncer la soumission de la jeunesse et le renforcement de l’esprit militaire, sous couvert de « valeurs de la République », qui n’est autre que la soumission à l’ordre néolibéral. La cohésion des territoires, le « vivre ensemble », l’égalité des chances, c’est au quotidien que cela doit se vivre et se défendre, pas en matraquage et rituels de salut au drapeau et de Marseillaise.
Les brochures annoncent pourtant un programme "alléchant" : activités physiques, promotion de la santé, connaissance des droits et citoyenneté - axée surtout sur la défense et la sécurité -, culture, écologie... Toutes ces thématiques sont déjà incluses dans les programmes scolaires, or, ce sont ces mêmes enseignements qui sont rabotés de leurs horaires. Quinze jours à marche forcée ne vont pas remplacer douze ans d’éducation à la citoyenneté. Le gouvernement instrumentalise les associations d’éducation populaire et sportives, associations complémentaires de l’école pour un dispositif qui confond uniformisation et cohésion.
Alors que les établissements et les collectivités manquent de ressources pour développer leurs projets, le SNU aspire des moyens financiers et humains d’un ministère déjà bien sacrifié. Des sommes considérables sont déjà engagées et ce seront trois milliards d’euros, à terme, qui seront pris sur le budget de l’Éducation nationale, sans compter la mise à contribution de personnels et de locaux des collectivités territoriales. Ainsi les prochains séjours de cohésion se feront sur temps scolaires, avec des enseignant·e·s dispensé·e·s de cours et dans des locaux destinés à l’enseignement, comme celui prévu prochainement au lycée Varoquaux de Tomblaine et au CREPS de Nancy.
Toutes celles et tous ceux qui souhaitent l’abrogation du SNU peuvent prendre contact avec Sud éducation Lorraine qui transmettra aux collectifs locaux.
Article paru dans SUD éducation Lorraine Info n°44, juillet 2021
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