Lettre ouverte aux député-es anti sociaux



J’ai adressé une lettre à Mesdames Prisca Thevenot & Nathalie Colin-Oesterlé, Monsieur Marc Fesneau (député-es) qui avec zèle ont opposé 155 amendements à l’abrogation de la retraite à 64 ans.
Mon mail est revenu avec la mention "mailer-daemon", bref ça veut dire adresse pas bonne... Donc les députées n’ont pas d’adresse accessible pour le petit peuple.
Je mets donc ma missive en lecture publique, si ces député-es sont de vos ami-es, soyez sympa, transmettez-leur le message. Sinon gardez vos autres amis.

Mesdames Prisca Thevenot & Nathalie Colin-Oesterlé, Monsieur Marc Fesneau (Député-es)

Mesdames, Monsieur,

Vous vous êtes opposés à l’abrogation de la retraite à 64 ans en déposant, à vous trois, 155 amendements pour contrer l’abrogation d’une loi arrachée par le 49.3, loi à laquelle 71 % des Français-es sont opposé-es.

Dans plus de 300 villes, des millions de manifestant-es se sont opposé-es souvent après consultation démocratique à l’entreprise. La réponse de votre majorité politique a été cinglante, digne de celle de Thiers.

Des centaines d’arrestations, 5 mutilé-es à vie, le débat n’a pas eu lieu, la police fut chargée de la promotion de votre loi antisociale, à coups de matraque. La répression fut si forte que les forces de l’ordre furent démunies, le gouvernement que vous avez mis en place a dû recommander pour 78 millions de grenades diverses pour mater les gueux... D’autres lois sociales se profilent donc ?

J’ai pour ma part travaillé de 18 ans à 60 ans, l’essentiel de ma carrière s’est faite de nuit, dans les messageries de presse, en travaillant y compris les dimanches et jours fériés. Ce travail représentait 8 à 15 tonnes de journaux par jour à trier, porter et charger.....Imaginez-vous cela à 64 ans ?
Imaginez-vous une éducatrice spécialisée, une caissière, un éboueur, une sage femme, un instituteur, une infirmière des urgences, un plâtrier, un peintre en bâtiment, bosser à 64 ans ? Oui ? Alors, vous n’avez jamais bossé.
Les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent 45 000 personnes en souffrance par an, 81 000 salarié-es sont encore exposé-es à l’amiante, les huiles minérales (538 000 salarié-es exposé-es), les poussières de bois (370 000 salarié-es exposé-es), la silice cristalline (295 000 salarié-es exposé-es), autant pour le benzène ou encore les goudrons, c’est autant de risques de cancers. Vous votez des lois sur la durée du travail ? Alors vous votez pour un monde que vous ignorez.

Non, vous n’imaginez même pas. Avec 7 637,39 euros bruts par mois (+ frais), vous pourrez prétendre à une retraite mensuelle de 661 € au bout de cinq ans ; 10 ans de mandat vous procureront 1 322 € de retraite mensuelle. Les 17 millions de retraité-es touchant moins de 1 531 € par mois devront attendre 64 ans.

Votre posture est indécente. 12 % des salariés hommes meurent avant la retraite ; 6 % des femmes salariées ; deux millions de personnes de plus de soixante ans vivent sous le seuil de pauvreté ; 12 % des plus pauvres meurent à 62 ans. Vos amendements indécents et obscènes mettent en péril les plus fragiles parce que très usé-es, les plus pauvres...
Près de 7 % des salarié-es de 60 ans sont au chômage. Ils et elles arriveront donc à l’age légal de la retraite au RSA, que vous voulez conditionner à une activité.

Les mandatures auxquelles vous avez participé auront vu tripler le nombre de SDF, doubler le nombre de travailleur-ses pauvres, la France a le record d’Europe des mort-es au travail, la mortalité infantile nous promet aussi le podium européen, 16 % des Français-es déclarent ne pas manger à leur faim.

Mais le plus urgent pour vous est de restreindre la vie et les moyens de vie des plus pauvres, triste idéal ! Brassens vous aurait dit "laissez vivre les autres, la vie est leur seul luxe ici bas".
Militant social et syndical, j’ai essayé d’intervenir durant ma vie auprès des mal logé-es, des mal payé-es, votre combat semble différent, vous avez choisi de vous battre non pas contre la pauvreté, mais contre les pauvres.

Les conséquences de vos votes sont pour les autres, pas pour vous.

Vos amendements traduisent votre navrante médiocrité et votre ignorance crasse du monde du travail.

Je n’ai pas l’hypocrisie de terminer cette lettre par une quelconque formule.

Michel ANCE
Syndicaliste retraité

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