Déconstruire une idée fausse d’extrême droite



« Les nations ont besoin de dirigeants forts comme l’est Vladimir Poutine en Russie. » Vraiment ? Retour sur ce mythe d’extrême droite.

« Je ne cache pas que dans une certaine mesure j’admire Vladimir Poutine. Il commet des erreurs, mais qui n’en commet pas ? La situation en Russie n’est pas facile et on ne peut pas régler rapidement les problèmes issus de la chute de l’URSS. »
(Déclaration faite au journal russe Kommersant en 2011)

Marine Le Pen voit en l’actuel homme fort de la Russie l’exemple de la figure du chef prêt à interdire toutes formes de manifestations, à enfermer voire à faire assassiner ses opposant·e·s direct·e·s, et à stigmatiser une partie de sa population au nom de l’unité nationale. Sa réflexion est la même quand elle soutient le dictateur syrien Bachar Al-Assad qui, pour préserver son pouvoir et lutter contre ses opposant·e·s, n’hésite pas à massacrer plus de 270 000 personnes en Syrie. Jean-Marie Le Pen, avait soutenu Saddam Hussein pour le même motif. La logique est la même quand Zemmour révèle son admiration pour Pétain. Mieux vaut à leurs yeux un État (bourgeois) autoritaire voire dictatorial qui écrase son opposition qu’un État de droit (capitaliste, certes).

Le journaliste Alain Frachon a présenté [1] les traits de ce qu’on nomme désormais la « démocratie illibérale ». Cette nouvelle forme de régime a l’apparence de la démocratie car ses acteurs sont arrivés au pouvoir par la voie élective. Mais sitôt arrivés au pouvoir, ils bafouent les médias populaires, syndicaux et de gauche, limitent les pouvoirs des minorités, s’en prennent aux étranger·e·s, aux militant·e·s politiques et syndical·es·aux d’opposition, font profiter leurs ami·e·s du pouvoir et truquent les mécanismes institutionnels pour être réélu·e·s sans cesse dans un régime qui n’a donc plus rien de démocratique. Les exemples sont nombreux : Poutine en Russie, mais également Erdogan en Turquie, Orban en Hongrie, ou Kaczynski en Pologne… Moins sanglantes mais plus insidieuses que celles de Mussolini et d’Hitler car elles ont l’apparence des démocraties, les dictatures larvées d’aujourd’hui sont une régression terrible. En supprimant les débats nécessaires, ces régimes autoritaires remettent les solutions à plus tard. Car ils ne s’attaquent à aucun moment au capitalisme et à la logique de profit.

Si le moment de l’arrivée de ce type de dirigeants au pouvoir génère une certaine ivresse chez leurs électeurs et électrices, le réveil s’avérera extrêmement douloureux. Pendant ce temps, combien de camarades incarcéré·e·s, torturé·e·s, disparu·e·s ?

Article paru dans SUD éducation Lorraine Info n°46, janvier 2022

Adapté d’après En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite, Vincent Edin, édition revue et augmentée 2017.