« Il est nécessaire, quand on s’apprête à lutter contre un ennemi qui nous menace, de se demander ce qu’il veut faire, car plus on aura de renseignements sur ses intentions, plus on aura de possibilités de le repousser, de passer à la contre-attaque, de nous défendre. Mais, il me semble qu’une question fondamentale n’a pas encore été posée avec clarté : qu’est-ce que la guerre ? On ne se le demande pas parce que tout le monde croit savoir exactement, qui d’une manière, qui d’une autre, ce qu’elle signifie et, par conséquent, croit être en mesure d’entreprendre tout le nécessaire pour combattre ceux qui entendent la faire. En réalité, personne n’a les idées bien nettes là-dessus. » (La guerre et la paix, Alfredo M. Bonanno, 1991)
Dimanche 12 septembre, à Là Qu’on Vive (Commercy) [1], on vous propose de se retrouver à 14h pour lire ensemble des textes anarchistes anti-militaristes [2] puis discuter de tout ça en partageant nos réflexions contre la guerre, afin de prendre prise sur ce qui se joue ici, juste à côté de nous. Les discussions seront précédées d’un repas partagé à 13h (type auberge espagnole : chacun·e ramène de quoi manger et/ou boire si iel le peut) pour celleux qui le souhaitent.
Les textes choisis portent une réflexion autour des guerres contemporaines, de leurs moyens et de leurs fins qui sont souvent les mêmes et de l’épineuse question des guerres qui se veulent « justes ». S’y ajoute aussi une critique du Service National Universel (SNU) en résonance avec la collaboration entre l’Éducation Nationale, le patronat, le secteur associatif et l’armée. On parlera aussi de besoin de cadre, de désertion et de tout ce qui nous rappelle que pour vivre, il faudrait ne pas mourir pour des bêtises.
Un infokiosque d’autres textes contre la guerre sera également présent. → Si besoin de retrouver les textes, vous pouvez écrire à discussionscontrelaguerre(a]riseup(point]net
Pourquoi on veut parler de ça ici ?
« L’opinion courante ne découvre l’horreur, l’oppression et l’absurdité du monde que dans leurs aspects inhabituels et non les plus normaux, et jamais dans leurs causes. Les grands accidents du travail, les sévices policiers, les attentats, les tortures, les brimades à l’entrée indignent mieux l’opinion publique que les guerres périodiques et permanentes. » (Pour une critique de l’idéologie anti-militariste, Jean Barrot, 1975)
La guerre, en France, tout le monde s’en fout. On a l’impression que c’est loin, et qu’on n’a aucune prise dessus. Pourtant, la guerre est plus concrète que ce qu’on pourrait le croire. Loin de l’image historique des deux guerres mondiales, qui sont déjà largement visibles sur le territoire local (lignes de front, monuments et cimetières), et après qu’ait été célébré en toute hypocrisie le centenaire de la guerre 14-18, l’industrie de la guerre semble toujours bien se porter sur le territoire meusien. Il n’a pas fallu longtemps après la fermeture du 8ème Régiment d’Artillerie (en 2013) pour que les élu·es de Commercy et du département [3] déroulent le tapis rouge à des entreprises capitalistes militaristes telles que Safran-Albany (en 2014) et John Cockerill (en 2016). C’est à croire qu’au nom du pognon et de l’emploi, l’art de tuer devient tout à fait acceptable...
« Il y a 4 ans, il n’y avait que des champs de blé, là où aujourd’hui travaillent 400 personnes. » (France 3 Lorraine, en 2017, à propos de Safran-Albany Commercy)
Cockerill & Safran : cékoiça ?
Safran, c’est une multinationale cotée au CAC40 spécialisée dans l’aéronautique, la défense [4] et l’espace ; à Commercy, son entreprise en partenariat avec Albany (la même merde) produit des pièces pour moteurs d’avions civils.
Quelques rues plus loin, la multinationale belge Cockerill [5] (énergie, armement, sidérurgie) forme des militaires saoudiens au maniement d’armes lourdes (tourelles-canons) [6]. Ces mêmes militaires utilisent les connaissances acquises à Commercy dans le cadre de la guerre au Yémen [7] : la responsabilité de ces atrocités commence ici.
La Meuse, nouvel eldorado des industries mortifères ?
Nous sommes déjà largement colonisé·es par la nuisance nucléaire qui étend ses tentacules dans tout le secteur (projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure ; entrepôt de pièces pour centrales nucléaires à Velaines, et autres projets en cours ou avortés) et par l’argent nauséabond dit « d’accompagnement économique » du laboratoire de l’Andra à Bure qui inonde littéralement toute l’activité locale. Mais cette corruption institutionnalisée et le saccage du territoire ne leur suffisent pas, voilà maintenant que les marchands de canons, largement liés aux industriels du nucléaire, s’installent dans le nouvel eldorado des industries mortifères : le sud meusien !
Le nucléaire engendre la guerre. À moins que ce ne soit l’inverse... Surtout en Meuse où le lien entre nucléaire et militaire n’a jamais été aussi assumé [8].
Si ces réflexions te parlent, viens donc, qu’on en discute ! Dimanche 12 septembre à 14h à Là Qu’on Vive !
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