La propagande médiatique de ce groupe cultive racisme et autoritarisme, de mauvaises passions chères à certaines populations qui s’identifient à la France, bien pratiques quand il s’agit de continuer à les faire adhérer à la cause de leurs problèmes (le capitalisme industriel) et à déplacer leurs colères sur d’autres personnes qui en subissent les conséquences. C’est la mise en concurrence de celles et ceux qui galèrent plutôt que l’expropriation de celles et ceux qui les font galérer. Cette cible est détestable et on espère qu’elle prendra des coups.
C’est pour cela que j’ai compilé par ici des moyens de trouver ses propres cibles contre le groupe Bolloré. Les premières sont tirées de l’article “Pour en finir avec Bolloré : description et cartographie non exhaustive de ses activités industrielles familiales.” paru dans le numéro 7 de la revue anarchiste Soleil Noir (p.6-14) [2]. Les secondes sont données directement par le site internet du groupe Bolloré via cette adresse : https://www.bollore-energy.com/distribution/trouvez-votre-agence (il est important de faire ses recherches avec une clé Tails et en optimisant son anonymat). Ces adresses peuvent être des dépôts pétroliers plus ou moins grands, des stations-essence pour routier.ère.s ou des agences de transport marchand logistique (qui peuvent prendre feu par accident [3]), aéroportuaires ou portuaires (pour du pétrole ou des batteries lithium notamment). Enfin, d’autres informations sont tirées d’articles de journaux au sujet des projets de giga-factories de la filiale Blue Solutions du groupe Bolloré.
Avant tout, quelques mots sur l’intérêt de découvrir le terrain de ces industries
Répertorier des adresses ne doit pas être une fin en soi à la pratique de la cartographie. Il est plus intéressant de se déplacer sur place, se balader, traîner, découvrir les larges infrastructures qui entourent ces adresses et dans quels flux elles s’inscrivent, dans une perspective d’action directe (qu’il s’agisse d’un sabotage comme d’un tractage devant l’usine...). Se renseigner sur comment fonctionne les flux du système industriel capitaliste au plus près de ses rouages me semble être un travail de base à réaliser (on peut d’ailleurs en apprendre davantage en tapant “en savoir plus sur mon territoire” dans une barre de recherche qu’en lisant telle ou telle revue militante). Cela nécessite parfois de prendre du temps, qui n’est pas perdu à mon sens dans la mesure où ces recherches et ballades alimentent des perspectives offensives. Se jeter à corps perdu dans des offensives sur des terrains que l’on ne connaît pas de notre propre expérience, ou par le biais de managers du “désarmement”, ne me semble pas nourrir une perspective révolutionnaire sérieuse. Pour autant, apprendre avec patience à comprendre comment fonctionne ce à quoi on réfléchit à mettre fin, est à mon sens une pratique abordable par chacun.e, et permet de s’organiser à sa propre échelle, sans nécessairement tomber dans les filets de la surveillance policière (si cela se fait sans smartphones et autres outils connectés), et de maîtriser les risques et les conséquences des actions dans lesquelles on s’engage. Ces connaissances peuvent servir par la suite à la fois des petites actions en groupes affinitaires comme des actions plus larges proposées dans des assemblées ou des moments de coordination par exemple. À une heure où beaucoup, dans la panique de l’époque, préfèrent partir du haut vers le bas, il m’a semblé important d’affirmer une autre perspective stratégique, quand bien même elle nous confronte à l’incertitude réelle de notre action. Il est par ailleurs toujours bon d’avoir en tête que les images de vidéosurveillance sont gardées en général 2 mois et que des flics peuvent toujours se rendre compte de votre présence à un moment donné quelque part (par le biais d’une caméra de surveillance ou plus simplement en demandant des informations à votre opérateur sur le bornage de votre téléphone). Se renseigner par le biais du site « No Trace Project » peut d’ailleurs toujours aider : https://www.notrace.how/threat-library/fr/.
Les adresses de l’article “Pour en finir avec Bolloré : description et cartographie non exhaustive de ses activités industrielles familiales” [2]
Quelques propriétés privées de la famille Bolloré, et n’oublions pas qu’en tant que 8e fortune française avec 10 milliards d’euros en avril 2023, ça doit être sympa à visiter :
- Un vieux manoir familial (longtemps propriété de Gwen-Ael), bâti en 1922, sur les rives de l’Odet à Ergué-Gabéric (près de Quimper).
- Une villa familiale (ou un manoir selon une autre source) à Beg-Meil, au bout du Finistère.
- Toujours en Bretagne, la famille posséderait l’île du Loch.
- La résidence principale de Vincent Bolloré est située dans la Villa Montmorency, célèbre résidence fermée parisienne, “la forme la plus aboutie d’enclosure dans Paris intra-muros” selon le géographe Renaud Le Goix, qui possède à elle seule une page wikipédia. Cette dernière nous explique notamment ; qu’elle se situe entre les six avenues de Montmorency, du Square, de Boufflers, des Sycomores, des Tilleuls et des Peupliers ; ainsi que les protocoles de sécurité et la gestion des déchets ménagers.
- Ils posséderaient également une résidence à Saint-Tropez.
Pour l’apéro :
Vincent Bolloré serait propriétaire des vignes sur les domaines de La Croix et de la Bastide Blanche en Côtes de Provence
Pour le dîner :
Le siège du groupe Bolloré prend place dans la Tour Bolloré, de 17 étages dont le bureau de Vincent Bolloré est au dernier étage, au 31-32 quai de Dion Bouton à Puteaux (92811 FRANCE). Juste à côté, au 30 quai de Diou Bouton, se trouve l’immeuble “La Madonne”, dont le groupe Bolloré est également propriétaire et où se trouvent des équipes d’Havas du groupe Bolloré
Les ambitions de la filiale “Blue Solutions”
La filiale “Blue Solutions” du groupe Bolloré, créée en 2001, est spécialisée dans la création et l’expérimentation de batteries solides en lithium–métal - alors que la plupart des batteries en lithium actuelles sont en lithium-ion, qui seraient moins efficaces que celles en lithium-métal. Deux usines sont dédiées à la recherche et développement et à la création de ces batteries, à Boucherville au Canada (près de Montréal), et à Ergué-Gabéric en Bretagne (le siège social se trouvant dans la même ville-avenue de Pen Carn Lestonan selon Wikipédia). En 2022, la filiale "Blue solutions" ouvre deux laboratoires de recherche à Nantes et à Grenoble avec des partenaires et le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). Ces batteries ont servi pour des services de transport à Paris, ou encore à Rennes depuis 2016, partenariats qui ont marché du feu de Dieu :
« Rennes Metropole a choisi en 2016 cette technologie via la filiale du groupe Bolloré Bluebus pour équiper ses bus électriques.
Des bus électrique du groupe circulent également dans Paris. En avril 2022, deux d’entre eux ont pris feu dans la rue, tandis qu’un troisième s’était embrasé à Stuttgart.
“L’hypothèse la plus probable de ces incendies réside dans un court-circuit entre cellules, ou interne à certaines cellules, constitutives des packs” de batteries, avait conclut le Bureau Enquête Accident. La RATP avait alors cessé la collaboration avec Bluebus, moyennant un accord d’indemnisation. » [4]
Le partenariat entre la RATP et le groupe Bolloré devrait être relancé en 2024 pour remettre en circulation les 223 bus électriques du groupe dans Paris [5].
Pour plus d’informations sur ces feux : https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/finistere/quimper/deux-bus-electriques-sortis-des-usines-bollore-de-quimper-prennent-feu-en-pleine-rue-a-paris-2534208.html
En mai dernier, lors d’une visite du ministre de l’économie Bruno Le Maire à l’usine d’Ergué-Gabéric, c’était l’occasion d’annoncer le projet de giga-factory (usine géante) pour la production de batteries pour voitures en lithium-métal (pour environ 250 000 véhicules par an) en Alsace (dans l’agglomération de Mulhouse, apparemment à Wittelsheim sur “l’ancien carreau minier”) [6]. Le choix de cette région est déterminé par le fait qu’il s’agit d’un « un carrefour logistique entre la France et l’Allemagne » [7]. Ce projet « vise la création de près de 1.500 emplois d’ici 2032, avec un investissement global de plus de 2,2 milliards d’euros », soutenus par le ministère de l’Économie et la région Grand-Est. Ce soutien public est compréhensible dans la mesure où il répond aux souhaits de l’Union Européenne de créer un “Airbus des batteries” [8]. Parmi les partenaires directs de Blues Solutions, on retrouve EDF (Électricité de France) qui possède une part du capital de l’entreprise ou encore le CNRS, le Collège de France et les Universités de Nantes, de Grenoble ou de la Sorbonne à Paris pour des partenariats de recherche [9]. Les giga-factories existent depuis 2014 à l’initiative de l’entreprise Tesla pour la production de batteries électriques. Un mouvement d’actions décentralisées, qui pourrait nous inspirer [10], s’est d’ailleurs récemment attaqué à la giga-factory construite par Tesla près de Berlin et à l’ensemble de l’entreprise en général. Il existe déjà quatre projets de giga-factories en France, soutenues notamment par les entreprises Stellantis et TotalÉnergies [11]. Il est cependant possible que ce projet de giga-factory du groupe Bolloré en Alsace ne voit jamais le jour en fonction de contraintes financières, technologiques et liées au marché qui seront apparemment plus claires d’ici 2026 [12].
Note du collectif de modération de Manif’Est
Quand bien même l’article rappelle déjà quelques précautions indispensables à prendre avant de mettre en œuvre ou même d’envisager un sabotage ou des dégradations matérielles, on se dit que ça peut - vraiment - valoir le coup de prendre quelques précautions, et pas se lancer à l’arrache. Pour ça, on vous conseille quelques lectures complémentaires :
Elles sont disponibles sur Infokiosques.net, notamment dans les thèmes Guides pratiques, Prison, justice, répression ou Informatique, défense numérique. On y trouvera en particulier :
- « Dans la nuit du... Tactiques & stratégies offensives dans le contexte de la lutte anti-CIGÉO » (mars 2024)
- « Pas vue pas prise. Contre la vidéo-surveillance » (mai 2023)
- « Comment se protéger et protéger nos luttes. Premiers pas dans la mise en place de pratiques de sécurité » (mai 2023)
- « Téléphonie mobile. Surveillances, répressions, réduction des risques » (janvier 2023)
- « Cultures de la sécurité » (2007)
Enfin, déjà mentionnée dans l’article, la « Bibliothèque de menaces » du No Trace Project constitue une formidable base de données des techniques policières d’enquête et de répression, ainsi que de moyens de réduire les risques qu’elles représentent.
Compléments d'info à l'article