Violence d’extrême droite : le réveil de la peste brune



Les camarades du collectif antifasciste de Besançon ont publié une longue recension à retrouver ici sur les groupes qui ont agressé, de façon plutôt coordonnée, de nombreux rassemblements de gauche ces dernières semaines, et appellent à ne pas se laisser intimider.

(Article repris du site d’informations antifascistes La Horde.)

Fin janvier 2020, quelques semaines avant le confinement lié à l’état d’urgence sanitaire, notre collectif dans un communiqué mettait déjà en garde contre la recrudescence de violences provenant d’un petit noyau de néonazis sur Besançon.
Le confinement et (surtout) la fermeture des bars et de leurs terrasses nous avaient permis d’avoir une courte trêve. Mais tout a une fin (même si on espérait qu’elle ne vienne que le plus tard possible)…

Cette trêve a pris fin ce week-end : le 31 janvier, à Dijon le Collectif 25 Novembre, un collectif féministe et pour les droits LGBTQIA+ a été attaqué par une quinzaine de fachos dont certains venant de Besançon (voir l’article de Dijoncter, et la vidéo sur la page FB du collectif 25 Novembre). Puis lundi 1er février au soir, un entrepreneur d’origine nord-africaine a été sauvagement agressé du fait de ses origines par un jeune néonazi de Besançon. (article de Radio-Bip). Les individus constituant le groupe de Dijon, ainsi que l’agresseur de lundi appartiennent tous au petit groupe que le CAB pointait du doigt l’année passée dans son communiqué.

Que c’est il passé depuis un an ?

Évidement, rien à signaler pendant le confinement, par contre dès le début de l’été et le retour éphémère des terrasses de bars, « nos fachos locaux » ont été de sortie. Ils se sont même donné un nom. Un nom qui permettra surtout de se distinguer auprès des autres groupes français et étrangers. Ils se baptisent les Vandal Besak, qu’ils abrègent en VDL BSK.
Ils se sont même payés le « luxe » d’une bâche qu’ils ont pu déployée un samedi après-midi place du 8 septembre à Besançon. Et en juillet, aidés par les graffeurs fascistes de « la Cagoule », ils recouvrent un mur de la Rodia d’une fresque qui pourrait sembler « régionaliste » si les « S » n’avaient pas été remplacés par le symbole des SS. Heureusement des graffeurs locaux l’ont complétement recouverte 3 jours après.

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Ils ont à leur tête Sébastien Favier, le fameux « Sanglier », néonazi local qui regroupe autour de lui toute la faune nazie du coin depuis plus d’une dizaine d’années.
Depuis plusieurs années le petit monde néonazi local commence petit à petit à laisser de côté le mode vestimentaire skinhead-nazi pour se rapprocher du mode « casual » ; mode vestimentaire plus passe-partout (survêtements de sport…) et rendu populaire dans le milieu du football par les supporters « ultras ».
Le rapprochement avec le monde « hooligan » n’est pas anodin : suite à la dissolution de plusieurs groupes fascistes (Bastion Social par exemple), nombre de nazillons se sont tournés vers un milieu qu’ils fréquentaient déjà : le stade et les groupes de supporters de foot violents… les hooligans… et de préférences ceux dont les idées penchent à l’extrême droite. On peut citer les Zouaves de Paris (ils ont attaqué le cortège du NPA lors d’une manifestation Gilets Jaunes), les Strasbourg-Offenders, les MesOs de Reims, etc.
Le petit groupe de Besançon avec sa bâche, semble être un énième groupe faisant parti d’une nouvelle nébuleuse d’extrême droite. Beaucoup moins porteurs d’un message politique (comme les Identitaires, ou des groupes plus anciens comme le Front Comtois) ces groupes misent tout sur le « fight », le combat de rue, le poing dans la gueule… la violence.

À propos de Ouest Casual

Dans de nombreuses villes de France et en Europe, chaque manifestation ou contre-manifestation organisées par la « gauche » au sens très large du terme deviennent une cible, un prétexte à taper dans le tas. N’importe quel-le militant-e devient alors un « antifa » à qui il faut casser la gueule. Et si à une époque pas si lointaine le faf ne portait pas la main sur « le sexe faible » (galanterie viriliste oblige), cette époque est désormais révolue.
Alors en nombre, ils s’attaquent à des petits groupes isolés plus faible en nombre ou en muscle. Ils chassent après les manifs, quelquefois avant (comme à Dijon le week-end dernier).
Ils visent généralement les collectifs féministes, LGBTQ+, les syndicats étudiants, et les groupes antifa s’ils ne sont pas trop nombreu-x-ses, les librairies anarchistes, les locaux syndicaux quand ils sont vides… En plus de distribuer des coups, ils cherchent à voler drapeaux ou banderoles. Trophées avec lesquels ils se prendront en photos et posteront les photos sur le site Telegram « Ouest Casual ».
« Ouest Casual », c’est un énorme « concours de bites » entre groupes néonazis à travers le monde mais surtout en France. Animé par les Zouaves Paris, plusieurs groupes y exposent leurs muscles, leurs jolis drapeaux à croix gammée, leurs exploits guerriers, les trophées gagnés, poussant les autres à les imiter toujours dans la surenchère viriliste.
Mais c’est également un moyen de rester en contact entre groupes et de se coordonner sur certain évènement : comme pour le week-end du 30 et 31 janvier en marge des manifestations anti GPA-PMA. La preuve en image :

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Angers : l’extrême droite était bien présente en marge de la « Manif pour tous ». Une vingtaine de néonazis sont sortis avec des armes de leur local, l’Alvarium, au cœur de la ville. Des projectiles ont été lancés par les fascistes, et la police a généreusement gazé les antifascistes. Il y a trois semaines, deux lesbiennes étaient agressées par des homophobes. Un acte d’extrême droite parmi d’autres dans cette ville…

Nîmes : une vidéo montre une bande de néo-nazis charger en direction d’un groupe d’opposants en criant « Europe, jeunesse, révolution ».

Rennes : une trentaine de militants pétainistes de l’Action Française avaient fait le déplacement pour la Manif pour tous, et ont pris la pose pour les réseaux sociaux. Ils ont été empêchés de nuire par la forte mobilisation antifasciste, et sont restés derrière les cordons policiers.

Nice : un groupe néonazi baptisé « zoulou Nice » a revendiqué l’attaque de militants antifascistes à qui ils ont arraché des drapeaux.

Dijon : Dijon Nationaliste et Vandal Besak après la « manif pour tous » à laquelle ils ont participé après avoir agressé les militant-e-s du collectif 25 Novembre.

Lyon : dans cette capitale de l’extrême droite, un cortège néonazi extrêmement violent a attaqué un groupe de manifestant.e.s LGBT et féministes, avec des coups de ceinture, de bâtons et de tournevis, et volé des drapeaux arc en ciel. Une étudiante témoignait : « Certains étaient armés de bâtons. J’ai même vu des armes blanches… »

Ce sont presque 200 extrémistes néonazis qui se sont coordonnés pour mener des actions lors de ce week-end. Ce fait est assez rare, et nous pensons même que c’est une première à l’échelle nationale, pour être souligné et il faut s’en inquiéter.

Ils n’ont certes aucun message politique à faire passer, ce n’est pas leur but. Car leurs idées, cela fait des années que d’autres se chargent d’en faire la propagande dans les médias (internet, radio ou télévision) : de Soral à Zemmour, en passant par Lepen et De Benoist. Les discours identitaires, et sécuritaires développés à l’extrême droite ont été repris petit à petit par les partis soi-disant démocrates et républicains.

Lire la suite de l’article sur le site d’informations antifascistes La Horde.