[Témoignage] Rien n’est fini

Nancy (54) |

La loi ORE est adoptée depuis le 8 février, sans faire de bruit. La plupart des enseignant.e.s n’en parlent pas, peut-être ielles estiment que ça ne les concerne pas, ni les étudiant.e.s. Peut-être s’imaginent-ielles que nous faisons partie des sélectionné.e.s ? Or nous sommes nombreux et nombreuses à avoir la chance que cette loi ne soit pas passée avant et à avoir accès à la connaissance. La tête dans les études et le travail, je n’ai même pas pris le temps de me renseigner sur la loi ORE, sans parler d’autres réformes qui me concernent et qui cassent la SNCF, l’assurance chômage, les allocations logement, les retraites. C’est pour suspendre le temps et créer des espaces de réflexion que j’ai rejoint le blocage de la fac de lettres de Nancy.

« Tu viens à l’université populaire du sapin ?, me demande une étudiante, il y a un cours sur la précarisation des doctorants et la semaine prochaine sur la domination par le langage. » Par la suite, je suis venue et revenue. Mon rêve de poursuivre des recherches à l’université se transforme en cauchemar capitaliste où la concurrence prime, la rédaction est plus importante que le contenu et le savoir est « marchandisé ». Pour créer du contenu, il faut du temps. Apparemment il n’y en a plus. Il n’y aura plus de partage de savoir non plus : ce n’est pas rentable. De nombreuses personnes n’auront plus accès à la licence pour suivre les trois années d’études qui permettaient d’avoir accès à un certain nombre de connaissances et de se construire.

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