La répression massive de l’État après les actions menées lors du sommet du G20 en juillet 2017 à Hambourg se poursuit. Cette chasse à l’homme organisée sous la forme d’une vague de perquisitions dans toute l’Europe montre, d’une part, le zèle de persécution de l’État et, d’autre part, le caractère arbitraire et la faiblesse des autorités. Non seulement des camarades condamné.e.s à des peines absurdes sont déjà en prison, mais de nouveaux cas se multiplient. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’anniversaire du sommet, quatre domiciles ont été perquisitionnés dans la région de Francfort. Deux camarades sont depuis en détention provisoire. Le procès contre ces quatre personnes devrait débuter à Hambourg le 18 décembre prochain.
Raids sur le Main
Dans la matinée du 27 juin, une nouvelle vague de recherche de militants anti-G20 a donc eu lieu en Allemagne. À Francfort et Offenbach, quatre personnes ont été arrêtées et emmenées à Hambourg par la police. Ces jeunes hommes sont accusés d’avoir participé aux activités du vendredi matin à l’Elbchaussee de Hambourg. Deux d’entre eux étaient encore âgés de moins de 18 ans au moment des faits et sont donc considérés par la loi allemande comme des « adolescents ». Sur cette base, il a été possible de suspendre les mandats d’arrêt à leur encontre. Toutefois, ils ont dû remettre leurs passeports et sont tenus de se présenter régulièrement à la police. Les deux « adultes », eux, sont détenus depuis la fin juin à la prison de Holstenglacis à Hambourg.
L’État distribue
L’accusation désigne arbitrairement ces accusés comme ayant pris part à l’action d’Elbchaussee afin de pouvoir présenter au public les "coupables" et de dissimuler les violations de la loi et les violences policières massives contre les manifestant.e.s pendant la semaine de contestation au G20.
Les jugements sévères qui ont été rendus jusqu’à présent après le G20 témoignent de la volonté de l’État d’écraser les contestations, volonté qui transparaît également dans les nouvelles lois de prévention et de police (telles que le PAG bavarois [1]). L’époque est au réarmement interne de la police, à une surveillance sans cesse croissante des militant.e.s et à une répression politique assumée contre celles et ceux qui résistent.
Compte tenu du silence relatif des attaques contre les réfugié.e.s, des milliers et des milliers de morts en Méditerranée, etc., il semble plus que surprenant que l’indignation causée par quelques vitres et quelques voitures cassées soit si intense. Le fait qu’un paiement de 40 millions d’euros ait été promis le soir-même aux victimes (à titre de comparaison : les proches des victimes de la NSU [2] ont reçu au total un million d’euros d’indemnisation après des années de harcèlement, de criminalisation et de stigmatisation) illustre l’écart de perception énorme entre la valeur des vies humaines et celle des biens et marchandises.
Des inculpations ? Culpabilité collective !
Le cynisme de la police et de la justice est intolérable au vu des accusations. Tôt le matin du premier jour du sommet, plusieurs centaines de militant.e.s ont exprimé leur colère face aux conditions existantes et ont manifesté leur insoumission en attaquant, entre autres, les consulats, des banques, des bureaux et des voitures dans la Elbchaussee, un quartier bourgeois d’Altona. Bien qu’il n’y ait pas de photo ou d’enregistrement vidéo des événements par la police, celle-ci présente désormais les quatre jeunes de la région Rhin-Main comme des auteurs présumés. Ces accusations lourdes – incendie criminel, trouble grave à l‘ordre public et attaque physique sur les forces de l’ordre – reposent sur un « profil de mouvement » que la police prétend avoir dressé au sujet des quatre. Les flics disent également avoir pu les observer, sans aucun déguisement noir, en d’autres occasions à Hambourg, par exemple dans une boulangerie d’Altona. Ils ne sont pas accusés d’actes concrets, si ce n’est qu’on dit qu’ils étaient là et qu’un des accusés aurait poussé une poubelle dans la rue. Il est évident qu’il s’agit d’empêcher les gens de manifester politiquement à l’avenir et d’intimider tout un mouvement en punissant de façon draconienne des individu.e.s.
L’isolement cellulaire et l’arbitraire
L’absurdité des accusations est liée aux précédents procès du G20, de même que l’ordonnance de détention provisoire en raison de la prétendue « gravité du crime » et du prétendu « danger de fuite ». À cela s’ajoute le harcèlement massif que les personnes détenues subissent. La plus jeune d’entre elles a été enfermée pendant les trois premiers jours. Ce n’est qu’après cela qu’il a eu droit à une heure de sortie quotidienne dans la cour. Depuis lors, sa cellule a été fouillée au moins quatre fois sans donner de raisons et lui-même a fait l’objet de fouilles corporelles spontanées à plusieurs reprises. La seule façon pour les inculpés de sortir de leur cellule et d’avoir des contacts sociaux, c’est de travailler en prison.
Même si certaines choses se sont relâchées entre-temps, les deux camarades détenus n’ont pas été autorisés à se voir jusqu’à aujourd’hui et sont encore et toujours exposés au harcèlement et à l’arbitraire des matons. Ils ont seulement donné les raisons suivantes : "Parce que nous pouvons le faire".
Faire pression !
De toute évidence, ces conditions de détention servent à faire pression sur ces deux personnes et à les persuader de faire des déclarations. Vu le manque de preuves contre elles, ce n’est pas étonnant. Une autre personne est également détenue à Holstenglacis à Hambourg, depuis octobre, après avoir été extradée de France par exécution d‘un mandat d’arrêt européen. Elle est également accusée de crimes en relation avec les actions sur l’Elbchaussee.
Après plus d’un an de travail de la SoKo « Black Block » (cellule policière spécialement créée à l’occasion du G20) la police veut montrer des résultats, ce qui signifie trouver et punir des « coupables ».
Soutenons les détenu.e.s en prison et faisons pression sur les autorités ! Le procès de quatre des cinq accusés s’ouvre le 18 décembre. Bien qu’elle se tiendra devant le tribunal pour jeunes, l’audience sera ouverte au public. Le procès pourrait durer longtemps. Trente jours d’audience ont déjà été prévus jusqu’en mai 2019 ! L’acte d’accusation se compose en grande partie d’une description des voitures endommagées et d’une poignée de preuves circonstancielles indiquant que les quatre accusés se seraient trouvés sur les lieux. Ce procès-spectacle doit être suivi et critiqué !
Écrivez des cartes postales et des lettres, venez au procès et montrez-leur que nous ne les laisserons pas seuls avec cette répression ! Nous continuerons à envoyer du courrier, avec votre aide nous accompagnerons tous les jours des procès pour faire monter la mayonnaise, jusqu’à ce qu’ils soient de nouveau libres. La raison en est simple : parce que nous le pouvons !
Vous trouverez les dates du procès sur le site web de la Rote Hilfe FFM
Plus d’infos sur Loïc, également détenu dans cette affaire et extradé vers Hambourg début octobre
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