Moderne, adaptable, précaire... l’avenir



Savez-vous quel sort est fait aux contractuel·le·s, en ces temps de pandémie où alléger les classes serait tellement souhaitable ?

Comme vous devez vous en douter, beaucoup de contractuel·le·s se retrouvent au chômage à cause de la réforme du Lycée, dont la fonction était de réduire le coût de l’éducation en diminuant le nombre de postes. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que ce sont les plus ancien·ne·s des contractuel·le·s qui ont été évincé·e·s ; celleux qui coûtent cher, et que l’on ne pourra bientôt plus tenir par la promesse de transformer leur CDD en CDI après 6 ans d’ancienneté.

F., 7 ans d’ancienneté, n’a reçu aucune offre cette année. Mère d’un petit garçon de six ans, elle a passé la dernière semaine des vacances à côté de son téléphone. Il a fallu que ce soit elle qui téléphone au rectorat pour avoir la confirmation qu’il n’y avait pas d’heures pour elle cette année.

G., contractuelle en philosophie depuis 6 ans, n’a pas été rappelée, elle non plus. Son témoignage :

[…] Le sort des titulaires n’est pas extraordinaire nous en avons conscience. Mais je crois qu’il n’est pas tout à fait juste de comparer les deux… Loin de moi l’idée de faire un concours de disgrâce mais dans notre cas c’est vraiment de la précarité au sens premier :
Pour exemple, je gagne 1600 euros en temps plein au bout de 6 ans durant l’année et 1500 pendant les vacances (bon courage pour prétendre à un prêt immobilier ou autre en tant que contractuel !)
Je change d’établissement tous les ans, sans savoir si il y aura du travail à la rentrée pour moi. Je n’ai jamais d’indemnité pour le transport (train) et je suis inspectée tous les trois ans.
Ajoutons à cela le mépris de certains face à notre statut et le fait qu’on ne puisse jamais choisir quoique ce soit ou organiser des projets pédagogiques...
On passe et on bouche des trous.
Les places en philo sont chères alors on accepte tout.
Beaucoup d’étudiants en philo sont contraints de prendre des boulots alimentaires à la fin de leurs études, car il n’y a rien pour eux.
C’est le cas de mon compagnon : bac +5 philo et buraliste.
Alors ceux qui ont la chance d’avoir quelque chose s’accrochent et commencent avec des 2,3,4 heures...
Ce qui est affreux, c’est qu’on nous fait miroiter un CDI au bout de 6 ans, lorsqu’on vient nous sélectionner à la sortie du Master...
Dans mon cas c’est tout l’inverse. Au bout de 6 ans, je suis évincée.
Avec toute l’énergie déployée durant la période covid (prof principale d’une classe de terminale).
Le rectorat n’a même pas dénié nous prévenir. Nous avons mendié les informations et c’est seulement trois jours avant la rentrée que nous étions au courant de notre sort...
Pas une lettre, pas un coup de fil.
Rigoureusement aucune protection.
Nous avons toutes les charges sans les avantages.
Merci d’avoir lu ce petit témoignage. Car nous avons bien souvent l’impression que les gens ne connaissent pas nos situations...

Article paru dans SUD éducation Lorraine Info n°41, octobre 2020.