Lorsque les sous de l’ANDRA financent les JO 2024

Bar-le-Duc (55) |

Initialement publié sur Bureburebure.info

On apprend dans un article du monde du 11 avril que la Meuse a postulé pour faire venir la flamme olympique pour les JO de Paris. Grand coup de communication pour un tarif supérieur au budget jeunesse de la meuse… Pour mettre en avant Verdun. Mais comme les tarifs sont trop élevés, il y a l’envie de faire des évènements un peu partout dans la Meuse dont Gondrecourt le chateau, probablement pour récupérer les sous de l’Andra.

Les jeux olympiques ont les mêmes ressorts que CIGEO : mégalomanie, budget initiaux doublé / triplé, destruction social et environnemental conséquente. Plein d’informations contre les jeux olympiques passés et le projet de Paris sur le site saccage2024 : https://saccage2024.noblogs.org/

JO – CIGEO, même merde.

Darmanin qui parle déjà de mettre des moyens pour réprimer les mouvements de contestations pendant les JO : « En sus de la vigilance concernant les risques et menaces pesant sur ce type d’évènement, je vous demande d’avoir une attention particulière concernant les mouvements de contestations et de revendications susceptibles de faire émerger des actions à forte visibilité médiatique ». Pas de retraite, pas de JO.

A la suite, l’article du monde au sujet de la candidature de la Meuse :

JO 2024 : dans la Meuse, on veut aussi avoir « le droit de rêver aux Jeux »

Pour le département rural, qui est l’un des moins densément peuplés, le relais de la flamme olympique sera notamment l’occasion de mettre en avant ses atouts. Mais cette opération, coûteuse, suscite des réserves.

Aucun site d’épreuve, pas de centre de préparation aux Jeux ni d’accueil de délégation étrangère, pas d’athlète renommé pour porter ses couleurs. Qu’importe ! La Meuse, département parmi les moins densément peuplés de France (trente habitants au kilomètre carré), entend bien participer à l’aventure olympique. L’ambition affichée des organisateurs de l’événement de l’été 2024, dont le slogan est « Ouvrons grand les Jeux », n’est-elle pas d’inclure tous les territoires ?

« On est dans un département rural, mais on a le droit, comme les grandes métropoles, de rêver aux Jeux », défend Jérôme Dumont (divers droite), président du conseil départemental. La Meuse et ses trois principales villes (Verdun, Bar-le-Duc et Commercy) ont obtenu le label Terre de Jeux et, c’est un secret de polichinelle, le relais de la flamme olympique traversera le département et fera étape à Verdun.

Du parcours, on ne sait rien, seulement que la flamme partira de Marseille au printemps 2024 pour rejoindre Paris avant la cérémonie d’ouverture des Jeux (le 26 juillet). L’annonce officielle des départements et des villes étapes devait être faite fin février, mais prend du retard.

Dans la Meuse, comme dans de nombreux autres départements qui ont candidaté (une soixantaine au total), on s’impatiente, et l’information a été publiée dans la presse locale sans attendre le feu vert du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) et du cabinet Olbia Conseil, chargés d’orchestrer ce relais.

Verdun a ouvert le bal et a annoncé qu’elle serait ville étape dès septembre 2022. « C’était acté dès le mois de mai 2022, assure le maire (PS) Samuel Hazard. J’en avais parlé à Anne Hidalgo quand elle est venue à Verdun pendant la campagne présidentielle, en novembre 2021, et elle m’avait dit qu’il n’y aurait pas de souci ! »

L’assemblée départementale (divers droite) a suivi avec un vote largement majoritaire en octobre 2022, malgré quelques protestations. Principal point de friction : le Cojop demande 180 000 euros aux départements traversés. Excessif, selon les élus d’opposition, qui ont pointé dans une tribune sur le site Meuse.fr, fin 2021, le choix des « paillettes » plutôt que du service public, dans un contexte de restrictions budgétaires, notamment à cause de la hausse des coûts de l’énergie.

« On se trompe de priorité, regrette Jérôme Stein, conseiller départemental (divers centre) à la jeunesse, dont le budget a été rogné, passant de 190 000 euros à 140 000 euros. Ce n’est pas la flamme qui amènera les jeunes à faire du sport ! Ils veulent pouvoir faire des activités dans leur village, et avec cette somme on aurait pu faire quelque chose de bien. »

En Lorraine, les Vosges et la Meurthe-et-Moselle ont renoncé à accueillir la flamme. Pour la Meuse, cela revient à 1 euro par habitant, contre moins de 18 centimes pour la Moselle voisine et son million d’habitants. Les Meusiens ont essayé de négocier un traitement plus équitable (lié au budget ou à la taille du département) auprès de Michel Cadot, délégué interministériel aux Jeux et ancien préfet de la Meuse, en vain.

Le montant demandé couvre un tiers des frais, défend Thomas Remoleur d’Olbia Conseil, le reste étant payé par les sponsors (Coca-Cola notamment). « Cela permet de financer la sécurité, les voitures, la centaine de personnes qui suivra le convoi, la communication, la restauration, etc. »

Il cite aussi les contreparties offertes aux collectivités : une réplique de la torche – « génial ! », ironise-t-on sur place –, un accès privilégié aux billets, l’opportunité de choisir quelques relayeurs, d’utiliser l’identité visuelle de la flamme… Et la possibilité de payer en trois fois. Une option choisie par la Meuse, qui a déjà procédé au premier des trois règlements, avant même l’officialisation par Paris 2024.

Une politique axée sur l’attractivité

« Cela a pu faire polémique, mais la prochaine fois ça sera dans cent ans, c’était maintenant où jamais », tranche Isabelle Périn, vice-présidente (sans étiquette) du département chargé du sport et du tourisme. Alors que la Meuse connaît un déclin de sa population, l’équipe dirigeante, élue en 2021, assume une politique axée sur l’attractivité, et celle-ci passe, selon elle, par le sport.

Le département, qui a accueilli les Tours de France masculin et féminin en 2022, compte mettre en avant ses atouts. « Il faut bien choisir les sept sites [emblématiques] où passera la flamme pour avoir de belles images de la Meuse et mettre en avant notre patrimoine naturel et historique remarquable », résume Philippe Colson, conseiller de M. Dumont, chargé des JO. Verdun, donc, sera ville étape. Quoi de plus symbolique que la « capitale de la paix » et les vestiges des champs de bataille de 1914-1918 pour prôner les valeurs de l’olympisme (amitié, respect, excellence) ? La flamme devrait aussi emprunter la Voie sacrée, dont les bornes kilométriques rappellent qu’elle était, pendant la Grande Guerre, la seule route permettant de ravitailler le front de Verdun depuis Bar-le-Duc.

Rien n’est officiellement décidé pour les autres sites majeurs, mais la préfecture Bar-le-Duc et Commercy, avec son vélodrome centenaire non couvert récemment rénové, devraient en être. « On nous demande de signer sans nous donner aucune info : quand, quoi, combien ? », proteste Martine Joly, maire (divers droite) de Bar-le-Duc. Car, si le département a voté pour la flamme, il entend en partager le coût avec les grandes villes traversées.

Le département aimerait aussi organiser des événements sur d’autres sites remarquables : le château de Gondrecourt, au sud (non loin du projet de centre d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure), la citadelle de Montmédy, près de la frontière belge, au nord (la flamme ne sortira pas du territoire national sur décision de Paris 2024), ou le lac de Madine, à l’est.

« La flamme olympique, c’est une belle vitrine, reconnaît M. Stein, mais ce n’est pas ça qui fera venir les gens [dans la] Meuse. » D’autant, ajoute-t-il, qu’il y a de la concurrence avec la Moselle voisine, ses cent communes labellisées Terre de Jeux (« presque toutes ») et son budget plus conséquent (1 milliard d’euros, contre 260 millions d’euros pour la Meuse). « Il n’y a pas photo, la Meuse n’est pas en mesure d’investir autant pour créer des animations sur une seule journée, et ça va rapidement faire pschitt », prédit l’élu d’opposition.

Les plus enthousiastes veulent marquer les esprits. « Mon rêve, c’est que flamme arrive à Verdun [par] la Meuse, sur un bateau, et traverse le cœur de la ville jusqu’au parc de Londres, où l’on organiserait un grand événement avec les Meusiens, peut-être un concert…, s’emballe M. Hazard. Mais tout reste à construire, on attend. »

Sans connaître les sept sites retenus, la date (pendant les vacances scolaires ou non, en semaine ou un week-end ?), ou le cahier des charges de Paris 2024, difficile de s’organiser concrètement. La Meuse a mis en place un comité de pilotage début février. Il faudra en effet mobiliser un maximum de personnes, sportifs, écoles, associations, pour avoir des relayeurs et mettre en place les animations. Pour l’heure, ce comité de pilotage est tenu à la confidentialité.

Sur place, on attend avec impatience le passage d’un manageur parcours, qui doit venir en repérage mi-avril après un premier report, et on espère une officialisation rapide. « On est prêts depuis longtemps, il faut donner le coup d’envoi, métaphorise M. Colson, mais ce n’est pas nous qui avons le pétard. »

Julie Bienvenu (Verdun, Bar-le-Duc, envoyée spéciale)


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