Le tourisme voilà l’ennemi !



Le 26 mai dernier, la section du musée de Louvre de SUD Culture distribuait un tract au titre évocateur : « le Louvre suffoque. » On y apprend que le musée parisien a accueilli plus de 10 millions de personnes en 2018, soit un nouveau record… qui devrait être battu dès cette année.

C’est un fait : le tourisme se développe de manière frénétique : prés d’un milliard et demi d’humains ont franchi une frontière cette année pour aller se prendre en photo devant des monuments, des tableaux et des sites remarquables. Et ce n’est qu’un début, car comme s’en félicite Zurab Pololikashvili, secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) : « La croissance du tourisme, ces dernières années confirme que le secteur est aujourd’hui l’un des moteurs les plus puissants de la croissance et du développement économique. »

Alors tant pis pour la planète, car ces « touristes internationaux » se déplacent essentiellement en avion. Tant pis pour les droits sociaux, car le développement du tourisme se fait grâce à la déréglementation du droit du travail. Tant pis aussi pour les sites eux-mêmes, qui ne ressemblent plus à rien. Tant pis pour les habitant·e·s les moins riches des villes touristiques, qui sont chassé·e·s pour faire place à des locations en « airbnb ». Tant pis encore pour la culture, dont les manifestations les plus remarquables sont transformées en attraction du grand Disneyland mondial.

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La sacro-sainte classe moyenne a le droit d’aller montrer sa réussite ailleurs. Encensée par les politiciens, les directeurs des ventes, les philosophes de marché et autres journalistes de garde, elle est le moteur de l’économie mondiale et la meilleure garantie de stabilité politique. Le tourisme, surtout dans sa version internationale, est devenu pour elle un droit individuel inaliénable. Si à 30 ans t’es pas allé faire un selfie devant l’acropole ou le temple d’Angkor, t’as raté ta vie.

Et si encore le tourisme permettait le rapprochement entre les humain·e·s, s’il contribuait à la compréhension mutuelle, s’il permettait le dialogue… Mais non, le touriste international a besoin de 50 mots d’anglais, d’un smartphone avec perche et d’un compte en banque approvisionné. Avec ça, il ou elle pourra se mettre en scène sur Twitter et assommer ses ami·e·s au retour.

Le tourisme est un péril mortel pour la planète et l’espèce humaine. Si vous voulez faire un geste pour la planète, restez chez vous cet été ! Si vous avez envie de partage, de rencontres ou d’ailleurs, accueillez des migrant·e·s ! Les plus beaux voyages sont immobiles.

Victor K

Article paru dans RésisteR ! #62, le 3 juin 2019.