La collapsologie ou la critique scientiste du capitalisme



Suite à l’interview parue dans Le Monde de Pablo Servigne, pape de la collapsologie, où il déclare, comme n’importe quel autre petit bourgeois : « Le confinement est une expérience très intéressante de renoncement. Quand le déconfinement viendra, on aura gouté l’essentiel », voici un article, extrait de Perspectives Printanières, qui apporte une critique de l’idéologie de l’effondrement.

Comme un écho aux « alertes » de nombreux-ses scientifiques concernant l’extinction de la biodiversité, les dérèglements climatiques ou la raréfaction de l’eau potable à la surface du globe (entre autres), les théories de l’effondrement se diffusent rapidement dans la société, notamment grâce à un important relais médiatique où est prodigué le discours persuasif qui caractérise ce mouvement. Une communauté « effondriste » s’est progressivement constituée autour de ces théories, notamment en France après la parution d’un livre qui a fait date : Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes de Pablo Servigne – ingénieur agronome et docteur en biologie – et Raphaël Stevens – éco-conseiller. Les collapsologistes – ou collapsologues comme iels s’autodésignent, nous discuterons d’ailleurs du nom qu’il nous faut leur donner – semblent se poser en héritier-ères du mouvement pour la décroissance, dont iels reprennent nombre d’analyses et de travers. La collapsologie, la nouvelle « discipline » qu’iels pratiquent, s’avère également être une traduction politique parmi d’autres du concept d’Anthropocène, en reprenant là-aussi ses défauts et son absence de raisonnement politique critique.

Qu’est-ce qui va s’effondrer selon les collapsologistes ? La collapsologie relève-t-elle de l’analyse scientifique éclairée comme elle est fréquemment présentée ou plutôt du catastrophisme sectaire ? Quels biais politiques traversent cette communauté ? C’est à ces questions cruciales que tente de répondre cet article, qui, sans être exhaustif, balaie plusieurs aspects du mouvement collapsologiste.

Certains points développés ci-dessous ne concernent pas nécessairement tou-tes les collapsologistes. Ils découlent plutôt d’une lecture attentive et réfléchie sur le temps long puisque je fais partie de groupes virtuels parlant de collapsologie depuis plusieurs années déjà (Transition 2030 pour ne citer que le plus actif d’entre eux). Ce n’est absolument pas une analyse sociologique puisqu’il me serait bien impossible, par ma formation ou par les différentes formes de l’objet étudié, de fournir un tel travail. Ce n’est pas non plus une critique scientifique de leurs arguments puisque ce n’est pas l’objectif de ce blog. Je vous demanderais donc de prendre ce billet pour ce qu’il est : des réflexions politiques sur la collapsologie et certains de ses problèmes.

Vous m’excuserez, je n’ai pas relu récemment le fameux livre Comment tout peut s’effondrer de Servigne et Stevens. Je me base plutôt sur les nombreuses interviews vidéo (Mediapart, Thinkerview, etc) et écrites (Le Point, Socialter, Le Figaro, le Monde, etc) de Servigne et les différents médias alternatifs qui relaient massivement les théories collapsologistes sur la toile. Le livre Pourquoi tout va s’effondrer a également été l’une des sources analysées.

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