Le problème : notre système de production
Notre société est en train de compromettre les conditions de la vie sur Terre depuis près de deux siècles :
- Le dérèglement du climat rend et rendra invivables des zones entières du globe
- La destruction de la biosphère menace directement notre survie, car nous sommes dépendants des autres espèces.
- La pollution de l’environnement par des particules toxiques cause et causera massivement la mort d’êtres humains dans le monde, y compris en France.
Notre système de production, le capitalisme, en est la cause. Ce dernier repose sur l’extraction de ressources naturelles minérales et agricoles, transformées par un prolétariat exploité afin de produire des biens de consommation puis des déchets. Le capitalisme reposant sur la croissance et l’accumulation infinies, il finira par tout transformer en déchet ou détruira lui-même les conditions de son existence et s’effondrera.
Les ingénieurs ne sont pas la solution, ils font partie du problème
Le rôle de l’ingénieur est la résolution de problèmes complexes. Ce besoin n’apparaît que dans un monde dans lequel on essaye de produire de plus en plus, plus efficacement et de manière plus globalisée.
L’ingénieur est né avec le capitalisme. Son rôle est la gestion et l’optimisation de la méga-machine. L’ingénieur est indissociable de celle-ci. Il n’y a et n’y aura pas, par définition, d’ingénieurs anti-système qui trouveront une solution à la menace qui pèse sur le vivant.
C’est probablement le paradoxe qui habite un bon nombre d’entre nous : formatés à résoudre des problèmes avec des solutions techniques, nous observons les destructions en cours comme des problèmes auxquels nous tentons de trouver des solutions. Mais la réalité nous rattrape, aucune de ces solutions ne résout le problème. Toute innovation, solution technologique ou autre « disruption » est une optimisation ou une opportunité de croissance, donc d’accaparement ou de domination d’une élite sur le reste :
Nous développons des sources d’énergie décarbonées ? Nous détruisons les milieux naturels en utilisant des milliers de tonnes de matériaux fossiles (les métaux ne se renouvellent pas) pour continuer de produire de l’énergie au service d’une industrie qui détruit notre monde et exploite ses habitants.
Nous travaillons au développement de meilleures infrastructures de transport, moins émettrices en CO2 et particules fines ? Vous ne servez qu’à permettre à l’industrie de produire et donc détruire plus efficacement et plus rapidement. Déplacer proprement un banquier ou un paquet de choucroute sous vide ne fait qu’accélérer la chute de notre monde.
Nous travaillons au développement de techniques de recyclage des matériaux ? Nous servirons de caution à l’exploitation jusqu’au bout des ressources planétaires et a la production toujours aussi problématique de biens de consommation qui seront simplement potentiellement et partiellement recyclables.
Nous devons arrêter de chercher sans cesses de nouveaux moyens sans remettre en question la fin.
Bien sûr, ce raisonnement s’applique à ceux d’entre nous qui justifient leur fonction d’ingénieur par les solutions qu’ils peuvent apporter aux massacres en cours, mais n’avons même pas encore évoqué la grande majorité d’entre nous dont le rôle aura un impact négatif direct, car ils travailleront pour Total Energies, Dassault, Google et autres Lafarge. Au service de l’industrie, ils auront, au quotidien, une part de responsabilité dans la destruction des conditions de la vie sur Terre.
Et nous dans tout ça ?
Quoi que nous fassions, peu importe notre honnêteté, nous n’échapperons pas à la condition de notre rôle, nous sommes nuisibles. Nous connaissons l’amertume et la détresse qui accompagnent cette réalisation. Nous connaissons les doutes et l’angoisse au quotidien. C’est dur, mais nous devons bouger. Nous n’avons pas le choix. Pour ceux d’entre nous qui doutent déjà, mais qui se sentent paralysés, nous sommes désolés de vous dire que les choses ne s’amélioreront pas elles-mêmes.
Alors que faire ? Et comment ? Il n’y a pas de guide du parfait ingénieur déserteur, il n’y a pas de prépa intégrée de la bifurcation. La réalisation et la politisation forment le gros du travail. Nous devons réaliser que toutes nos actions ont un impact sur la société, que toute technologie porte une vision politique.
Ensuite, ne restez pas seuls. Venez nous parler, à nous ou à d’autres. Nous sommes des dizaines de milliers à tout remettre en question, et croyez-nous, c’est plus facile à plusieurs.
Quelques pistes :
Des contacts :
- Nous contacter : nancy@extinctionrebellion.fr
- Vous n’êtes pas seuls : une association dans l’accompagnement de la désertion.
Des livres :
- Lettre aux ingénieurs qui doutent – Olivier Lefebvre
- La guerre des métaux rares - Guillaume Pitron, la réalité de la transition énergétique.
- Terre et liberté - Aurélien Berlan, aux éditions La Lenteur, un essai sur la liberté.
- Écologie sans transition - Désobéissance Écolo Paris, un livre abordable sur l’écologie radicale et les mythes de la transition.
- Reprendre la terre aux machines - L’Atelier Paysan, sur le rôle et les conséquences politiques des solutions techniques dans le contexte de l’industrialisation de l’agriculture en France.
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