Compte-rendu : « Face à la menace fasciste »



De la répression des Gilets Jaunes à la brutalité des contre-réformes en passant par les lois « Sécurité globale » et « Séparatisme », le macronisme constitue une accélération historique. Les auteur·e·s - qui sont aussi des camarades anticapitalistes - nous préviennent : « Fascisme : nous n’emploierons jamais ce mot à la légère ». Et pourtant, la possibilité du fascisme est bien réelle.

Juillet 2021 – 14,90 € – 125 pages – Éditions Textuel
Ludivine Bantigny est historienne. A publié La commune de Paris au présent. Une correspondance par-delà le temps, La découverte, 2021.
Ugo Palheta est sociologue. A publié La possibilité du fascisme. France, la trajectoire du désastre, La Découverte, 2018.

En ces temps de grande confusion, ce livre d’une lecture très accessible, se révèle d’une grande utilité. Alors que depuis juillet les samedis sont jours de manifs antivax et antipass sous le thème générique « Liberté ! » et que l’extrême droite s’y active fortement, que l’horizon électoral de la présidentielle est des plus sombres, ce court texte vient à point pour prendre le recul nécessaire, pour bien comprendre en quel temps nous vivons. Les analyses proposées étayent utilement la fiche de Sud éducation de rentrée sur l’extrême droite et le complotisme et le dossier 11 de VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes, structure intersyndicale large).

https://www.sudeducation.org/vaccin...
https://solidaires.org/Les-dossiers...

Le macronisme, cet « autoritarisme du capital »

Bien caractériser le pouvoir politique auquel nous faisons face est de première importance. Si le macronisme n’est pas un fascisme, il n’en est pas moins un pouvoir d’une brutalité extrême. Se présentant comme « et de droite et de gauche », cet extrême centre mène une politique de rouleau compresseur au service de la profitabilité des capitaux. Alors que sa légitimité est très faible, que les dégâts sociaux et écologiques sont grandissants, il avance sans coup férir avec l’espoir de pétrifier toute opposition. Mais ça ne passe pas, et c’est cette hégémonie en crise qui est analysée dans l’ouvrage : elle vient de loin, de la gauche plurielle qui a privatisé plus que la droite, de Sarkozy qui a poursuivi, de Hollande qui, loin d’annuler Sarkozy, a tout amplifié (retraites, loi El Kohmri, armement des polices municipales) - et tous ces gouvernements successifs dans l’inaction climatique totale - provoquant des souffrances, des frustrations, de sombres colères accompagnées de luttes aux formes multiples. Alors ça réprime à tout va.

Processus de fascisation

Pour donner envie d’aller y voir, nous citerons simplement nos auteur·e·s : « Le fascisme ne vient pas au monde tel un éclair dans un ciel serein. Son avènement comme pratique de pouvoir, comme type spécifique de régime ou d’État est annoncé par toute une série de signaux, de "symptômes morbides" -l’expression est de Gramsci- […]. La victoire du fascisme est le produit conjoint d’un enracinement social du mouvement, des idées et des affects fascistes mais aussi d’une fascisation de pans entiers de la classe dominante et de l’État, ceux-ci craignant que la situation politique leur échappe […] ».

Signalons les réflexions sur la démocratie, «  la leur, la nôtre  », mais aussi sur les mises à jour s’imposant à l’antifascisme.

Une riche bibliographie, récente pour la plus grande part, vient en clôture de cet important travail d’analyse.

Article paru dans SUD éducation Lorraine Info n°45, octobre 2021