Stop à la romantisation
Nous n’écrivons pas ce texte pour remettre en question la nécessité du confinement.
Mais nous tenons à dire que ce contexte participe à renforcer indéniablement les oppressions, les violences systémiques patriarcales, capitalistes, classistes et racistes.
Nous écrivons ce texte pour faire dissonner les récits qui fabriquent une romantisation du confinement. Non pas que ces temps ne soient pas propices à réfléchir sérieusement sur l’état du monde ainsi qu’à s’interroger de diverses manières sur le tournant étrange que prennent nos vies confinées et parfois ralenties. Mais, il s’agit de ne pas participer encore à l’invisibilisation, déjà structurelle, du danger que le confinement constitue pour les femmes et les minorisé.e.s de genre, face aux violences sexistes et sexuelles. Le confinement isole, et il est impératif de souligner qu’il s’agit pour un grand nombre de femmes et minorisé.e.s de genre d’un véritable danger.
Nous écrivons ce texte pour dire que nous sommes attentif.ves et que nous attendons des actes à l’échelle nationale et locale.
Nous écrivons ce texte pour alerter sur le fait que ces périodes de trouble renforcent les imaginaires sexistes, racistes et classistes. Ces derniers risquent d’intensifier les stigmatisations déjà prégnantes envers les plus discriminé.e.s et notamment des femmes et des minorisé.e.s de genre racisé.e.s. On a pu voir circuler sur les réseaux des forces de l’ordre plaquer une jeune femme noire au sol à Barbès alors même que les habitant-es des quartiers les plus aisés se promenaient tranquillement. La présence de la police dans la rue ne peut être seulement perçue comme une mesure pour faire respecter le confinement à l’ensemble de la population, les forces de l’ordre restent un outil de répression étatique violent.
Nous écrivons ce texte pour dénoncer un gouvernement qui place des enjeux économiques néo-libéraux avant la sécurité des individus, du collectif et des travailleur.euses.
Confinement et violences
Etre confiné.e.s, c’est être chez soi, encore plus isolée et potentiellement proche d’un conjoint violent. En période de non confinement, les femmes qui subissent des violences au sein de la sphère domestique sont déjà invisibilisées et laissées à leur propre sort malgré les alertes des féministes. Elles risquent de mourir et la violence systémique, les coups, les insultes, les mots les blessent déjà tous les jours.
Depuis le début du confinement le 3919 enregistre une centaine d’appels par jour, contre 400 d’ordinaire .
Comment appeler quand on est confiné avec son agresseur ? Où est le plan d’urgence ? Où sont donc les milliards quand il ne s’agit pas de sauver des banques mais des femmes et des minorisé.e.s de genre ?
Les structures d’aide et d’assistance étant déjà en pénurie ou en dysfonctionnement, elles s’organisent pour partout continuer à écouter, accompagner, orienter pour ne pas les laisser seules.
Le confinement oblige les femmes à rester, en potentiel danger de mort . Ceci n’est pas acceptable, ceci n’est pas entendable. Devons-nous nous attendre à une hausse des féminicides ? Devons-nous nous attendre à une accélération des violences conjugales sans rien dire, sans rien faire ? En Italie, depuis le début du confinement, trois d’entre nous ont été assassinées (.)
Nous le disons haut et fort, ceci n’est pas admissible, ceci n’est pas tolérable.
Compléments d'info à l'article