Des solutions pour les Urgences ?

Nancy (54) |

On en est maintenant à 105 services d’urgence en grève sur l’ensemble du territoire français.
105 services qui crient leur souffrance au travail faute de personnel. A Nancy, la grève illimitée a démarré le 11 juin. Une situation provoquée par les coupes budgetaires des gouvernements successifs, de gauche comme de droite.

Difficile de faire comme si rien ne se passait, les élu-e-s viennent maintenant apporter leurs solutions. Sans surprise elles sont toutes à coté de la plaque.

Au niveau national, Agnès Buzin, ministre de la santé, veut, suite à une rencontre ce vendredi matin avec des grévistes et des représentants syndicaux, "refondre les urgences".
Elle annonce donc une enveloppe de 70 millions d’euros, mais dont seulement 15 millions seraient utilisés pour des embauches. Le reste servirait à financer la création de deux primes, dont une pour les personnels qui accepteront de faire encore plus de travail. Et le problème est bien là, le décalage entre décideurs libéraux et la réalité du terrain : sur place les urgentistes se plaignent déjà, à juste titre, d’en faire trop.

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Dans le même genre, nous avons Laurent Hénart, maire de Nancy et gentil petit macronien voulant renforcer la sécurité aux urgences de l’hôpital central.
Il est vrai que la sécurité revient souvent dans la bouche des urgentistes, qui regrettent de trop nombreuses altercations [1] avec les patient·e·s, mais il faut aussi noter qu’illes comprennent souvent l’énervement des usager-e-s, qui n’apparait qu’après plusieurs heures à attendre qu’on les prenne en charge.
Cette attente, 5h en moyenne à Nancy, est due encore une fois au manque de personnel.

Mais que nous propose donc Laurent ? Des embauches de personnel afin de protéger les patient·e·s et les professionnel·le·s de santé ?
Pas du tout, ses propositions, données au côté du directeur général du CHRU (Centre Hospitalier Régional) Bernard Dupont sont les suivantes : la présence régulière de policiers et le renforcement de la vidéosurveillance en passant par de légers réaménagements des locaux.
Il fallait s’y attendre venant d’une personne en costard-cravate mais tout y est, l’absurdité des solutions, la non-écoute de la volonté des grévistes et le tout sécuritaire.

Ajoutons que le CHRU de Nancy sera le premier établissement de santé français à s’équiper d’une suite complète d’outils "intelligents" de surveillance permettant une détection précoce des signes de détérioration de l’état de patient·e·s hospitalisé·e·s en unités de soins conventionnels. Issue d’un partenariat avec Philips, elle devrait être déployée cet été au sein l’Unité de post-urgences polyvalente (UPUP).
« Le CHRU poursuit sa dynamique en intelligence artificielle, engagée en novembre 2018, il consolide ainsi un partenariat fort avec Philips qui est un des grands acteurs de la santé, avec un premier projet innovant », s’est félicité Bernard Dupont, encore lui. Il préfère donc dépenser l’argent public dans l’achat de machines plutôt que de créer des postes.

Tant que l’on fera confiance à des personnes loin des problématiques du terrain pour décider à notre place on ne pourra pas voir les choses changer positivement. Ce ne sont pas des flics qu’il faut mettre aux urgences mais des lits, des médecins, des infirmier-e-s, des brancardier-e-s...


Documents joints

Notes

[1Chaque année, 70 cas de violences en moyenne dont une vingtaine de violences physiques sur 60.000 passages annuels aux urgences.


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