L’audience à la préfecture, demandée après les rassemblements du 7/10/2023 impulsés par le Comité International des Femmes Afghanes (CIDFA) suite à la proposition du Mouvement Spontané des Femmes Afghanes, a été accordée le 4/12/2023 par Mme le Préfet de Meurthe et Moselle et Mr. le Secrétaire Général de la préfecture.
La délégation des associations était composée des représentants de l’antenne locale du CIDFA (Jean Dubessy), d’Amnesty International (Marie-Josée Nicolau), de l’Association France Palestine Solidarité (Lorraine) (Patrice KLIS), de l’Association de Solidarité avec le Peuple Sahraoui (Michel May), de la Ligue des Droits de l’Homme (Nancy) (Catherine Tosser), du Syndicat des Avocats de France (Nancy) (Brigitte Jeannot), du Parti Ouvrier Indépendant Démocratique-54 (Bernard Millot), et de Fareschta Reha, réfugiée afghane en France.
Le CIDFA a rappelé qu’il s’est constitué suite à la demande du Mouvement Spontané des Femmes Afghanes à la conférence internationale des femmes travailleuses (28/10/2023). Le CIDFA a rappelé que les femmes afghanes sont privées de tout droit humain par le régime misogyne des talibans. Il a aussi indiqué la résistance des femmes afghanes, malgré la terrible répression qu’elles subissent : enlèvements, disparitions, emprisonnements, tortures, exécutions. Il est donc nécessaire de sauver toutes ces femmes. Les gouvernements des grandes puissances ont une responsabilité en la matière. C’est pourquoi des rassemblements ont été organisés le 7/10/2023, à Nancy comme dans 60 villes en France et de nombreuses villes dans le monde. Or le gouvernement français met beaucoup d’obstacles à délivrer des visas. L’antenne nationale du CIDFA a 64 noms. Malgré quelques contacts avec le Ministère des Affaires Etrangères en septembre 2023, rien n’est fait. C’est pourquoi, nous demandons au gouvernement français de délivrer rapidement les visas et d’accueillir en France les femmes afghanes en danger qui en font la demande.
Fareschta Reha, réfugiée en France en 2021, avant l’arrivée au pouvoir des talibans. Elle était militante des droits des femmes et présentatrice de programmes sociaux dans les médias pendant 7 ans, mais a dû fuir son pays. Elle a rappelé et détaillé l’aggravation de la situation des femmes afghanes depuis l’arrivée au pouvoir des talibans. Elle a insisté sur le fait que des milliers de femmes afghanes résistent, se battent pour leurs droits et nombreuses sont celles qui sont en danger. Elle a insisté sur le fait qu’il est urgent de sauver ces femmes courageuses et que le gouvernement français leur permette de venir en France rapidement comme le demandent les organisations ici présentes. Elle a rappelé que la France est considérée en Afghanistan comme le pays de la démocratie et des droits humains. Une telle action du gouvernement français correspondrait à l’image qu’a le peuple afghan de la France. "Je pense que le gouvernement français peut et doit le faire au nom de l’humanité" a-t-elle conclu.
Le Syndicat des Avocats de France a des retours des avocats de Nantes des situations dramatiques et des très grandes difficultés auxquelles sont confrontées les femmes afghanes en danger qui veulent quitter l’Afghanistan et rejoindre la France. Il faut rappeler que, faute de représentation consulaire française en Afghanistan, les femmes, qui souhaitent fuir le régime oppressif des talibans, doivent se rendre en Iran ou au Pakistan. C’est non seulement couteux mais également très dangereux puisqu’elles ne peuvent se déplacer ou voyager seules sans être accompagnées d’un homme à l’intérieur de leur pays sous peine d’être arrêtées. La difficulté majeure réside dans la nécessité d’avoir un rendez vous et de déposer la demande de visa en se rendant physiquement au consulat. Une fois le dossier déposé, elles doivent attendre parfois plusieurs mois la réponse et se rendre à nouveau au consulat pour retirer le visa. Pendant cette période, elles vivent dans une grande insécurité au Pakistan ou en Iran, les afghans étant désormais refoulés massivement. Il est important de faire remonter au Ministère des Affaires Etrangères ces difficultés et de permettre la mise en place d’une procédure dématérialisée pour leur faciliter l’obtention rapide d’un visa. Le gouvernement français est invité à assouplir la procédure afin d’assurer une protection efficace à ces femmes en danger en leur délivrant rapidement un visa pour la France.
La Ligue des Droits de l’Homme appuie les demandes formulées et rappelle toutes les difficultés d’obtention des visas. Il s’écoule plusieurs mois entre le premier rendez-vous et le deuxième, ce qui met les femmes en danger. D’autre part, elle signale un cas que la section de Nancy défend. Une femme afghane n’arrive pas à obtenir son visa : les consulats de Téhéran et Islamabad ne répondent pas alors que ses parents sont réfugiés en France, avec leurs deux plus jeunes enfants qui sont scolarisés. La LDH donne les nom et prénom de cette personne. La préfecture prend note.
Amnesty International rappelle les 77000 signatures obtenues sur sa pétition pour sauver les femmes afghanes en danger. Elle souligne le durcissement en cours des gouvernements du Pakistan et d’Iran qui depuis septembre 2023, expulsent les réfugiés afghans et en particulier les femmes, les journalistes, et les membres de minorités et communautés ethniques. D’où la très grande difficulté des femmes d’obtenir un visa auprès d’une représentation consulaire française ou d’un pays qui pourrait leur assurer protection.
Le POID-54 rappelle son soutien à l’action pour sauver les femmes afghanes. Il souligne que les gouvernements occidentaux ne font pas grand-chose, alors même qu’il y a eu une résolution européenne d’accueillir les femmes afghanes. Il rappelle que l’Allemagne a accueilli 30 000 réfugiés et la France quelques milliers. Il est donc urgent que le gouvernement français délivre rapidement les visas aux femmes en danger qui en font la demande.
Mme. le Préfet et Mr. le Secrétaire Général nous disent avoir bien pris note de notre demande et qu’ils la feront remonter au ministère. La préfecture signale qu’il y a 500 réfugiés afghans dont 133 femmes en Meurthe et Moselle en 2023 alors qu’ils étaient 300 en 2022. Il y a donc une réelle augmentation.
Le CIDFA conclut en remerciant Mme le Préfet de nous avoir accordé cette audience. Il rappelle que les organisations telles que le CIDFA, Amnesty International, la Ligue des Droits de L’Homme et certainement d’autres organisations démocratiques ont des noms de femmes en danger. Il demande au ministère de contacter ces organisations pour que les procédures de délivrance des visas et d’accueil en France se mettent en place rapidement. Le CIDFA demande que la délégation aie un retour des réponses du ministère.
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