Commémoration des 80 ans de Hiroshima et Nagasaki



Création sonore d’environ 15 minutes qui commémore les 80 ans des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. Cet enregistrement traite donc de crimes de guerre, des impacts physiques sur les humain·es de la bombe atomique et de violences coloniales. Vous pouvez interrompre la diffusion ou la lecture à tout moment si vous ne souhaitez pas y être exposé·e.

Article initialement publié sur bureburebure.info.

« J’ai grandi à Alamogordo, une ville située à une centaine de kilomètres du cite de l’essai Trinity. Quand j’étais jeune, il y avait encore un fort sentiment de patriotisme lié à ce lieu et au fait que le nouveau mexique faisait partie intégrante de l’histoire de la création de la bombe atomique. En grandissant, j’ai pris conscience qu’il y avait d’autres histoires qu’on avait cachées sous le tapis. Les histoires d’autres personnes qui sont tombées malades, le fait que les états-unis n’avait pas bien géré la puissance de l’arme qu’ils avaient créer. Mais quand j’étais enfant, on nous racontait que la bombe atomique était une grande invention américaine et que la population du nouveau mexique avait jouer un rôle très important dans l’histoire de sa création. « Du berceau à la tombe » c’est l’expression que nous utilisons pour parler du lieu où les matériaux de la bombe atomique sont extraits du sol, où ils sont raffinés puis intégrer à la bombe, où la bombe explose et où enfin les déchets atomiques sont enfuis. Beaucoup de ceux qui ont travaillés dans les mines d’uranium du nouveau mexique venaient de la réserve Navajo, qui se trouvait être riche en uranium. Pour les personnes qui vivaient dans la réserve, ou à côté, c’était les seuls emplois disponibles. Ça payait plutôt bien à l’époque et ça leur permettait de nourrir leur famille. Malheureusement, les mines d’uranium n’étaient pas des endroits très sûre et bon nombre de mineurs sont tombés gravement malade et sont mort. Il y a également eu un certains nombre d’accidents et donc de façon consciente ou par hasard, les éléments du complexe industriel des armes nucléaires sont concentrés dans des zones où les gens sont pauvres, où bien souvent il s’agit de minorités raciales ou ethnique et qui n’ont pas les moyens de se rebeller contre les injustices auxquels ils sont soumis. »

France culture, journal de la bombe, une vie atomique, Stéphane Bonnefoi, Episode 1 : 48:55/52:25

C’est comme ça qu’ils ont créer la première bombe atomique, en secret, le 16 juillet 1945, à 5h30 du matin. Une habitante a dit « j’ai vu le soleil se lever puis brusquement se recoucher ».

Hiroshima, 6 août 1945, 08h15, Nagasaki 9 août 1945, 11h02. 3, 2, 1

Je sais que la « Première chose c’est un éclair très intense de lumière. Au point zéro la température monte à 4.000 degrés. Les corps humains sont consumé immédiatement dans un rayon de 1 km. Immédiatement (des milliers de) personnes meurent. Et il y a des brûlures très grave sur les peaux exposées jusqu’à 4 km du point d’impact. Premier effet donc éclaire et chaleur. Deuxième effet donc après le flash, un petit moment de silence et viens un effet de souffle dévastateur qui s’accompagne du son de l’explosion qui est semblable à un coup de tonnerre. (Viennent ensuite les incendies,) et enfin, sous l’effet de la condensation qui se forme au dessus du nuage de l’explosion, il y a une pluie sombre qui tombe. (…) Il y a beaucoup d’Hibakushas, puisque c’est comme ça qu’on appelle les survivants, qui ont été atteint par les pluies noire qui ont, années après années, eu des ennuis de santé. »

France culture, journal de la bombe, une vie atomique, Stéphane Bonnefoi, épisode 2 33:39/35:00

J’ai entendue une survivante raconter « Nous avons regardée le ciel et essayée de repérer l’avion et puis j’ai crue qu’il y avait eu un grand éclair dans le ciel, à ce moment là ma tête à heurtée le sol. Quand j’ai repris connaissance, je n’ai pas réussie à retrouver la plupart de mes amies. Ils avaient été soient réduit en cendre, soit brûlé. Tout mes habits étaient déchirés sauf mes sous vêtements. Ma peau était entièrement brûlée, arrachée, elle pendait de mon corps, sur mes bras, mes jambes et mon visage. La chaleur était tellement forte que j’ai sautée dans la rivière qui était à côté. La petite rivière qui traverse la ville. Tous mes amis étaient dans la rivière. J’ai appelée ma mère : Maman, sauve-moi ! »

France culture, journal de la bombe, une vie atomique, Stéphane Bonnefoi, épisode 2 22:43/24:00

– J’ai tout vu. Tout.
– Tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien.
– Les reconstitutions ont été faites le plus sérieusement possible. Les films ont été faits le plus sérieusement possible. L’illusion, c’est simple, est tellement parfaite que les touristes pleurent. On peut toujours se moquer mais que peut faire d’autre un touriste que, justement, pleurer ?

Hiroshima mon amour, Marguerite Duras

4 essais atmosphériques à Reggane et 13 essais souterrains à In Ecker, dans le sud algérien. Je sais que dans les années 60, on a dit du Sahara qu’il était vide. Je sais qu’en Algérie, les militaires français n’ont rien fait pour informer les 40 000 personnes qui habitaient à côté. Je sais que la première bombe en Algérie était quatre fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Indigné, un vieil homme a dit ; « Avec leurs bombes, ils ont mis le feu à notre air ! »

Victimes des essais nucléaires, histoire d’un combat, Bruno Barrillot, p.186

46 essais atmosphériques et 147 essais souterrains en Polynésie française. J’ai lu, « Pour nous, 147 trous à Moruroa et Fantaaufa, avec toute la radioactivité, c’est un crime contre un peuple qui est très attaché à sa terre. »

Victimes des essais nucléaires, histoire d’un combat, Bruno Barrillot, p.198

J’ai lu, « vous ne devez pas garder le silence. Vous ne devez pas avoir honte d’avoir travaillé à Moruroa. Vous ne devez pas vous croire coupables si aujourd’hui vous êtes malades… » (…) « c’est étonnant. Si je comprend bien, les gens nous disent que si leurs enfants sont malades ou si eux sont malades, c’est un peu de leur faute parcequ’ils ont travaillé à Moruroa. » (…) Ce n’est pas bon pour la santé morale d’un peuple. Les victimes ne doivent pas se sentir coupables.

Victimes des essais nucléaires, histoire d’un combat, Bruno Barrillot, p.71

J’ai entendu « les scientifiques, en particulier, ont une responsabilité très grande parcequ’il ont créer un objet qui est en capacité de détruire une ville avec une seule bombe, donc la guerre devient économique, elle devient moins chère. »

Ou encore « C’est une bombe de politiciens la bombe atomique, (…) la guerre, c’est une guerre entre armée. On ne tue pas des civils pour le principe, pour démontrer une force. C’est pas ça la guerre ! (…) Le bombardement des villes (pendant la seconde guerre mondiale) c’était une sorte d’innovation et (…) si avec une seule bombe on allait tuer des dixaines de milliers de personnes, ça serait considéré comme un crime de guerre, ce que ça a été. Mais les vainqueurs ont toujours raison. »

France culture, journal de la bombe, une vie atomique, Stéphane Bonnefoi, épisode 2 04:00/06:14

La palestine, l’algérie, l’afrique du sud, le kazakhstan, le mexique, l’indonésie, la RDC, la libye, le niger, le vénézuela, le vietnam… en tout 122 pays exigent l’interdiction des armes nucléaires. Biensûre, les états-unis, la russie , l’angleterre, la france, l’inde, le pakistan, israel et la corée du nord : les détenteurs de la bombe, refusent de signer le traité.

J’ai lu « Certaines études scientifiques ont en effet mis en évidence des effets transgénérationnels se traduisant par des modifications radio-induites transmises par les parents à leur descendance qui frappent une ou plusieurs générations après l’exposition. (…). De tels effets héréditaires (…) ont ainsi été observés sur des plantes ou des petits mammifères (…) après exposition parentale à des doses relativement élevées. »

Victimes des essais nucléaires, histoire d’un combat, Bruno Barrillot

Je sais maintenant que « les conséquences de ces prétendues expériences n’appartiennent donc plus à la sphère des résultat expérimentaux, mais à la sphère de la réalité, à celle de l’histoire – histoire à laquelle appartiennent par exemple, les pêcheurs japonnais contaminés-, et même à la sphère de l’histoire future puisque le futur – la santé des générations à venir, par exemple- est déjà ressenti, puisque « le futur à déjà commencé »

Hiroshima est partout, Günther Anders

Je vois la guerre changer de forme, les crimes de guerre se métamorphoser en nouvelle stratégie de combat. Je vois les bombes près des centrales en Ukraine et sur les installations nucléaire en Iran, je lis que « Nous sommes en danger de mort à cause d’actes de terrorisme perpétré par les hommes sans imagination et les analphabètes du sentiment qui sont aujourd’hui tout puissant. Celui qui croit que depuis 1945 (…) ces terroristes tout puissant, ces hauts fonctionnaires, n’ont pas agit conformément à une rationalité, celui qui croit faire changer d’avis ces hommes en leur offrant des petites fleurs, en leur mettant ses petites mains dans d’autres petites mains (…), celui-là est naïf car il ignore les intérêts de l’industrie militaire. Nous devons vraiment gêner ces hommes borné et tout puissant qui peuvent décider de l’être et du non-être de l’humanité. Nous devons vraiment leur lier les mains(…). On ne doit pas donner d’ordre comme celui qui a anéanti Hiroshima et Nagasaki (…). Il ne faut plus qu’il y ait de tels ordres, ni de tels donneurs d’ordre. »

Hiroshima est partout, Günther Anders

Ils et elles ont eu « le courage d’avoir peur ». J’ai vu la révolte de 1995 contre la reprise des essais, les manifestations, tous les jours pendant deux mois en Nouvelle-Zélande, incessantes en Polynésie, la grève générale après le tir souterrain de septembre 95, l’aéroport de Tahiti en flammes, l’insurrection partout.

« Il y aurait alors, d’un côté, les projecteurs de la propagande nimbant le dictateur fasciste d’une lumière aveuglante. Mais aussi les puissants projecteurs de la Défense Contre l’Aviation poursuivant l’ennemi dans les ténèbres du ciel, les « poursuites »– comme on le dit au théâtre – (…) les « conseillers perfides » sont en pleine gloire lumineuse, tandis que les résistants de toutes sortes, actifs ou « passifs », se transforment en fuyantes lucioles à se faire aussi discrets que possible tout en continuant d’émettre leurs signaux. (…) Il y a tout lieu d’être pessimiste, mais il est d’autant plus nécessaire d’ouvrir les yeux dans la nuit, de se déplacer sans relâche, de se remettre en quête des lucioles. (…) Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela assumer nous-mêmes la liberté du mouvement. (…) Nous devons donc nous-mêmes (…) devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. »

Survivance des lucioles, Georges Didi-Huberman