Ce n’était pas qu’un grillage : c’est un monde, à nous, qui s’est ouvert.
D’abord nous nous sommes rencontré.e.s et nous avons appris.
Appris à nous voir en toute discrétion,
à échanger des conseils et à nous enfuir,
à lire une carte et à faire un feu,
à masquer nos visage et prendre soin les un.e.s des autres,
à nous cacher,
à parcourir la ville, les bois et les friches,
à emprunter un pied de biche et au détour une paire de gants,
à découper des barbelés et des câbles électriques,
à emprunter des vélos et nous dissimuler encore,
à nous faire confiance afin d’avoir moins peur,
parfois à avoir peur mais à nous faire confiance,
à reconnaître les bruits suspects,
à briser des serrures et à arrêter des machines,
à ouvrir une fenêtre et tant d’autres choses,
à détourner l’attention et à escalader un mur,
Et nous avons vibré, ensemble, attendu dans le froid et dans l’obscurité, appris à nous taire et à marcher en silence, à effacer nos empreintes et chacune de nos traces, à nous coordonner,
et puis disparaître pour nous retrouver ailleurs
Nous avons ainsi appris à nous organiser et à nouer dans quelque chose de plus intense que l’objectif lui-même l’expérience concrète du commun.
Un commun partagé qui a enrichi davantage encore notre hostilité vis-à-vis du champs politique. Car nous faisons le constat que, des formes éculées du militantismes à la gauche parlementaire, se trouve la même opération de détournement du devenir-révolutionnaire de ce qui est historiquement voué à détruire l’état de choses actuel. Dès lors nous préférons habiter une situation conflictuelle que d’adhérer à un discours mystificateur sur la nécessité d’en passer par la conquête de l’appareil d’état.
Dans cette commune nécessité, un monde s’est ouvert, donc.
et peut-être un grillage, à l’aube, aux abords de la ville de Strasbourg
anonyme


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