C’est le printemps



On avait mal compris.
Entre les deux tours de la présidentielle de 2017, On nous a dit que c’était MacrOn OU Le Pen. Et On nous a dit aussi qu’en cédant un peu sur le social, On pourrait sauvegarder l’essentiel. Un peu moins de droits au travail pour sauver la démocratie.

Alors On a voté (MacrOn) et puis après…
On a MacrOn ET le Pen.
On a la suite d’El Khomri, la poursuite de la politique antisociale des socialistes ET des flics dans les facs ET la chasse aux migrant·e·s ET la possibilité de mettre leurs gosses en prison.
On a l’augmentation de la CSG sur les retraites ET un ministre de l’Intérieur qui caresse les identitaires·s·s dans le sens de la moustache. On a la journée de carence pour les fonctionnaires, la baisse des APL pour les djeunes ET le racisme d’État ET les courbettes de MacrOn devant les calotins.

Caramba, encore raté ! Les élections c’est toujours pareil : c’est un bienfait. Bien fait pour notre gueule ! Quoi qu’On vote, quoiqu’On gagne, c’est quand même perdu ! On a voté Hollande pour se débarrasser de Sarkozy, On a eu Valls et Cazeneuve. On avait voté non au traité européen : On a eu le traité européen.

Oui décidément : On est cOn.

Mais heureusement, il y a les cheminot·e·s, les étudiant·e·s, les fainéant·e·s, et l’écriture inclusive (encore que···). Heureusement, il y a les cortèges de tête, les casseurs, les casseuses, les cas soc’, les cyniques et les zadistes.
Heureusement, il y a pour nous informer les graffitis sur les murs de la ville. Ça nous change des gros titres de la presse qui n’est plus qu’une pauvre attachée de presse, ligotée à des intérêts qui la dépassent. Une pauvre attachée de presse entravée par sa dépendance aux communiqués de la préfecture.

Mais, heureusement, il y a encore çà et là quelques journalistes, il y a Résister !, Manif’Est et tous les autres.
Heureusement, il y a le printemps, qui est là… et les rues qui n’attendent que nous.
Heureusement, il y a la jeunesse : celle qui a fait mai 68, celle qui a défait le CPE et celle qui rêve de refaire la Commune de Paris. La jeunesse invincible, comme le printemps, celle qui bouscule les vieilles malédictions. La jeunesse qui n’a pas d’âge, car la vie n’a pas de prix.
Heureusement, il y a les pavés… et dessous la plage.

Alors courage camarades, No pasarán !

Victor K

Article paru dans RésisteR ! #55 le 1er mai 2018.