Le capitalisme a véritablement créé des richesses.
Il a su en trouver là où l’on n’en voyait pas.
Ou plutôt, il a créé de la valeur
là ou l’on ne voyait que des richesses.
En monétarisant la nature,
en donnant une valeur à chaque chose,
un prix à la biodiversité
il achève dans un même mouvement de la saccager en la protégeant.
Nous vous proposons une soirée consacrée au capitalisme vert, sous l’angle du principe de compensation carbone. Le samedi 25 juin à 20h30 à la Maison de Résistance de Bure se tiendra la projection du long-métrage Les Dépossédés d’Antoine Costa (2016) sur la compensation biodiversité, la financiarisation de la nature et les biens communs ; suivi d’un court-métrage du même réalisateur sur le projet de fusion nucléaire ITER (toujours par le biais de la compensation carbone). Ces projections pourront être suivies d’une discussion et/ou de lectures pour approfondir les sujets abordés (un infokiosque sera présent).
Inscrit dans la législation dès 1976, mais jamais appliqué, le principe de compensation carbone oblige un aménageur à compenser les dégâts qu’il cause sur la nature, en protégeant un territoire équivalent à celui qu’il vient de détruire. Mais cette nouvelle loi qui autorise la création de « réserves d’actifs naturels » ouvre aussi la voie à une monétarisation de l’environnement qui attise les craintes de certain·es écologistes. S’il suffit maintenant de compenser, c’est à dire d’acheter la nature, qu’est-ce qui arrêtera celui qui a les moyens de payer ? Quelques mois après la COP21 et alors que l’État s’apprête à reprendre l’offensive contre Notre-Dame-des-Landes, la monétarisation de l’environnement semble être ici l’ultime fuite en avant du nihilisme marchand : protéger la nature en continuant de la saccager. L’économie arrivera-t-elle à sauver la biodiversité ?
Au-delà de la critique de l’extractivisme des métaux rares et de la centralité énergétique, le documentaire Les Dépossédés permettra de donner des outils supplémentaires pour s’opposer aux énergies dites « renouvelables » (éoliennes industrielles, centrales photovoltaïques..), qui sont pourtant parfois vantées dans les milieux anti-nucléaires. Aussi, le court-métrage sur ITER permettra de questionner le positionnement de groupes tels que les Verts (EELV) qui, bien que se disant anti-nucléaires, sont prêts à se faire acheter via la compensation carbone et à accepter, ainsi, des projets nucléaires dégueulasses [1].
Pour celleux qui le souhaitent, un repas vegan sera servi vers 19h, avant la projection, et il est également possible de dormir à la maison (sleepings mixte ; sans mec cis ; chambre PMR) ou dans d’autres lieux collectifs environnants.
Bande annonce : https://yewtu.be/watch?v=kK_4327pTxA
Autres textes/contributions du réalisateur :
- LIVRE : La nature comme marchandise : une série d’entretiens (180p, Le monde à l’envers, 2018)
- BROCHURE : Protéger et détruire : fusion nucléaire & biodiversité, à propos du projet de fusion nucléaire ITER (2019)
- FILM (co-réalisation) Mouton 2.0 (78 minutes, 2012) sur l’industrialisation de l’agriculture
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