Deux mois se sont écoulés depuis que la nouvelle de la réoccupation de la forêt a été relayée par les médias. L’évacuation violente a immédiatement suivi et a duré deux jours. Cette action aurait-elle échouée ? Nous ne le pensons pas ! L’attention médiatique a été aussi grande que sa disparition fut rapide, d’autant plus qu’aucun autre signe de vie sous forme de déclarations ou d’actions n’a suivi de la part de celleux à l‘origine de cette réoccupation. Nous regrettons vivement qu’après coup, il n‘y ait eu aucune publication par les personnes concernées. Nous pensons que cela aurait été important pour permettre d‘ouvrir la discussion sur ce qui s’est passé et pour en tirer des conclusions sur les perspectives de lutte. Il nous semble inutile de spéculer sur les motifs de ce silence, il a ses raisons. Cependant, en tant que personnes vivant et combattant ici, sur « Zone » [1], nous voulons profiter de l’occasion pour partager quelques réflexions personnelles sur le sujet aux personnes impliquées dans cette action et à celles investies dans cette lutte. Une analyse de ce qui a été fait ou non sur le terrain à ce moment-là n’est pas possible.
Ce que nous voulons d‘abord dire, c’est que cette brève (re)flambée de résistance nous a redonné de l‘espoir ! Depuis plus de deux ans, nous vivons ici sous occupation policière. La provocation permanente et le harcèlement étatique sont notre quotidien dans cette région qui est administrée de manière mafieuse. Des copaines sont en prison, en fuite ou sont partis. En vivant dans ces conditions nous comprenons très vite que cette lutte ne peut être gagnée « militairement ». Et pourtant il peut être juste et nécessaire de choisir l’attaque ! La résignation qui s’était répandue sur Bure et les villages environnants depuis l’évacuation en février 2018 a été rompue pour un court instant. Et même s’il n’a pas été possible de remporter une victoire sur les vassaux du nucléaire, nous avons vaincu la peur qui a trop longtemps marqué nos vies quotidiennes.
Les hiboux sont de retour ! Au moins ici, sur « Zone », le message est passé malgré le peu d‘informations qui ont été disséminées. Nous le voyons dans le sourire complice de nos voisin.es quand nous fuyons les patrouilles de gendarmerie dans les villages. Mais aussi dans leurs regards jubilatoires lorsque celles-ci passent devant leurs maisons. Nous le lisons dans les visages sinistres des partisan.es du projet qui semblaient s’être habitués à la pacification mortifère. Nous le lisons aussi sur les réquisitions pleurnichardes des flics lors des fouilles de véhicules qui témoignent du fait que deux mois plus tard, ils n’ont pas digéré les jets de cocktails molotovs et de pierres. Nous ne savons pas si les personnes directement concernées partagent notre optimisme. Du moins, il semble difficile d’imaginer que des personnes trouveraient l’énergie de se lancer dans ce type de confrontation sans espoir d’obtenir un succès tangible à la fin. Il nous semble d’autant plus important d’affirmer aux personnes qui ont repris le combat pour le bois Lejuc en juillet qu’iels n’ont pas échoué et que les feux qu’iels ont allumés continuent à brûler dans nos cœurs !
D‘un point de vue technique, l‘assurance avec laquelle s‘est faite cette réoccupation se voit très bien : d‘après ce que nous avons entendu, nous supposons que les flics ont été pris par surprise. Il n’y avait ni patrouilles renforcées dans et autour de la forêt, ni équipe de grimpeurs (ils ont du venir de Paris). 300 gendarmes sont disponibles en permanence pour garder cette forêt de 200 hectares. Au lieu de cela, ils préfèrent passer leur temps à harceler les habitant.es et à effectuer des contrôles abusifs. Les commandants ont sans doute du s‘expliquer sur comment une cinquantaine de militant.es ont réussi à pénétrer dans la forêt sans se faire remarquer, à y construire des cabanes dans les arbres, à y ériger des barricades, puis à attaquer et chasser les flics qui gardaient le bois. Ils ont donc préféré prétexter une attaque venant de l’extérieur qui selon eux a été contenue. Le simple fait qu’au moment où l’occupation a été révélée, 4 cabanes dans les arbres avaient déjà été construites prouve que cette affirmation est de la propagande mensongère et bon marché. Bien qu’ils ne semblaient pas s’attendre au moment et à l’intensité de l’attaque, cela ne signifie pas qu’ils n’étaient pas préparés ! Nous avons l‘impression qu’au moment de la publication du communiqué de l‘occupation, ils avaient déjà un scénario d‘intervention planifié et rôdé depuis longtemps et disponible à tout moment grâce à la présence permanente de la gendarmerie. Il semble intéressant de discuter de ce que cela signifie en vue de futures stratégies d’action sur « zone ».
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