Bac Blanquer : résistances et désobéissances contre les « Projets locaux d’évaluation »



Dans la continuité des réformes du lycée, profitant de la crise sanitaire pour expérimenter le contrôle continu, le ministère de l’éducation a décidé de le renforcer à hauteur de 40% de la note finale du Bac.

Alors que les épreuves nationales et anonymes gageaient d’une certaine équité entre les candidat·e·s, voilà qu’avec les Projets locaux d’évaluation (PLE), il prétend rétablir une égalité de traitement. Ce bricolage qui sert plutôt à exercer un contrôle hiérarchique sur l’évaluation, instaure toujours plus de concurrence entres les élèves et les établissements dans la logique du tri social de Parcoursup. Cette pseudo démarche concertée élaborée dans un calendrier précipité et cadrée par les prescriptions ministérielles via le guide de l’évaluation, bafoue la liberté pédagogique enseignante. Le PLE est en réalité un outil managérial et politique de caporalisation du métier.

Et pourtant, en dépit des pressions inadmissibles pratiquées dans les établissements par la hiérarchie et les IPR, le ministère a échoué à imposer partout ce moyen de contrôle du travail enseignant [1].

Motions ou pétitions ont été déposées comme à Jean Zay (Jarny) ou à Chopin (Nancy) avec un soutien massif des enseignant·e·s. Le plus souvent, c’est la voie de la résistance passive qui a été choisie en vidant délibérément le texte de toute contrainte pour mieux dénoncer la mascarade. Toujours à Chopin, les collègues de français que la direction voulait contraindre à compléter le PLE alors que leur matière est non soumise au contrôle continu, ont manifesté leur mécontentement en rédigeant une demande de matériel en lieu et place de propositions sur l’évaluation.

Plus frontal, au lycée Ravel (75) les collègues ont boycotté en bloc le conseil pédagogique ne permettant pas à la direction de présenter quoi que ce soit en CA. C’est une victoire d’étape, certes, mais d’importance car elles et ils ont osé dire non et sont arrivé·e·s à se convaincre que dans un rapport de force, c’est lorsqu’on commence à douter qu’on prend le plus le risque de perdre.

Article paru dans SUD éducation Lorraine Info n°46, janvier 2022

https://www.sudeducation.org/resister-ple/