À défaut de cortège, un premier mai musical à la fenêtre ?

Nancy (54) |

Où l’on découvre quelques chansons qui ont fait l’histoire des luttes sociales d’ici et d’ailleurs, d’avant ou de maintenant.

La semaine sanglante (1871)

Cette chanson, écrite en juin 1871 sur l’air du “chant des paysans” (1849), évoque la semaine de répression, du 22 au 28 mai 1871, durant laquelle Thiers mit fin à la Commune par des milliers d’executions sommaires...

Oui oui, le même Thiers dont une place de Nancy avait le nom...

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Premier mai

En 1889, le congrès de l’Internationale Socialiste retient la date du premier mai comme journée de lutte sociale pour les travailleur·euses du monde entier. Ceci en mémoire des morts de Chicago, qu’il s’agisse des manifestants excécutés au hasard par la police ou des “martyrs”, ces quelques militants arrêtés et pendus pour l’exemple et pour “sauver les institutions de l’anarchie” suite aux manifestations consécutives à la grève générale instaurée le 1er mai 1886.

Sous le régime fasciste de Vichy, le premier mai devint “la fête du Travail”...

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Le jour viendra où notre silence sera plus fort que les voix que vous étranglez aujourd’hui. - August Spies

La java des bons enfants (1974)

Le 8 novembre 1892, une bombe "marmite à renversement", destinée à à faire sauter les bureaux de la compagnie des mines de Carmaux, explose au commisariat de la rue des Bons-Enfants et tue plusieurs policiers. Cet attentat a été commis par Emile Henry, anarchiste, en soutien à la grève des mineurs de Carmaux.

Cette chanson sera composée en 1974 par Guy Debord qui l’attribuera à Raymond Callemein dit « Raymond la Science », un des membres de la bande à Bonnot.

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Il est cinq heures (1968)

Ce détournement de mai 68 est visiblement une réponse aux urbanistes et autres policiers de l’époque gaulliste. Ce ne sont plus les Halles que l’ont démolit, mais le Panthéon ; ce ne sont plus les quais que l’on ravage, mais la place de l’Etoile.

Si certains s’étonnent des violences qui menacent les bureaucraties syndicales ou le “parti dit communiste”, il leur suffira de lire aujourd’hui les articles de l’Humanité du mois de mai 1968 pour en vérifier l’inoubliable ignominie. [1]

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La rue (1978)

Chantée par la chorale féministe "Pour des chansons de femmes" en 1978, cette chanson toujours d’actualité met en lumière l’occupation masculine de la rue.

Eh oui, même dans les cortèges militants, y’a que presque que des hommes. Et bien souvent, quand une femme y voit son agresseur, son ex violent, ou celui qui la matte comme un bout de viande, c’est elle qui s’en va... Parce que bon, c’est un bon militant ce mec, on va pas le dégager quand même, ça serait pas sympa...

Il est certain que si on dégageait tous les gars qui ont fait de la merde avec des femmes, y’aurait plus grand monde… Mais, à choisir, ça ne serait peut-être pas un mal.

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Burgos

Les prisonniè·res anarchistes furent et sont nombreu·ses. Déporté·es au bagne de Cayenne ou enfermé·es dans les prisons espagnoles, comme celles de Burgos, certain·es y moururent et d’autres sont toujours derrière les barreaux.

Un réseau international, l’Anarchist Black Cross, apporte soutien moral et matériel aux prisonnier·s politiques dans le monde. Le journal l’Envolée, diffuse aussi la paroles des premier·es concerné·es.

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Notes

[1D’autres chansons de cette époque parlent du CMDO (Comité pour le Maintien Des Occupations), rien à voir avec les petits bourgeois de l’ex-Zad de Notre Dame des Landes qui, après avoir dégagé les féministes et les anarchistes, s’imaginent encore qu’on peut combattre la propriété privée et son monde grâce à la propriété privée. Non, là il s’agit surtout des situationnistes, d’autres petits bourgeois intellos...