Retour sur la manifestation antifasciste du 30 avril

Nancy (54) |

Avec les suffrages d’un tiers des électeur·ices inscrit·es au second tour, l’extrême droite semble hélas bien installée dans le paysage. L’assemblée antifasciste de Nancy avait appelé à une manifestation le 30 avril, veille du 1er Mai.

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L’initiative était soutenue par une douzaine d’organisations (BAF Nancy, Bloc Lorrain, Front Social 54, FSE Nancy, FSU, Libert’elles, MOC, Solidaires 54, Solidaires étudiant-e-s, SUD éducation, UCL, UL CGT Nancy, UNEF Nancy). Entre 300 et 400 personnes ont répondu à l’appel dans un défilé sonore et coloré, derrière un cortège de tête féministe. Démarrée place Maginot, la manifestation a sillonné le centre-ville (rues Saint Jean, Saint Nicolas, retour vers le cours Leopold) pour se terminer porte de la Craffe vers 17 heures.

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En termes de mobilisation, on est très loin de ce qu’il faudrait et de l’ampleur des réactions qu’on a connues dans le passé quand l’extrême droite menaçait de prendre le pouvoir. Mais un noyau déterminé continue d’affirmer que la réélection de Macron ne résout rien sur le fond, et que nous n’avons pas d’autre choix que de structurer et renforcer la lutte antifasciste dans les mois et années à venir.

Déclaration lue au départ de la manifestation

"Une fois de plus nous venons de vivre une élection présidentielle à l’issue de laquelle on nous a imposé de choisir entre la peste et le choléra. Certes, c’est deux candidat.es ne se valent pas et fort heureusement nous n’allons pas être gouverné·es par la représentante d’un parti d’extrême-droite fondé par des nostalgiques de Vichy. Le Rassemblement National ne sera jamais la solution aux maux qui touchent le pays. Il n’est pas le sauveur des classes populaires, des pauvres, des laissé·es pour compte de ce système. Il demeure à jamais l’ennemi de celles et ceux qui travaillent ou sont au chômage, des étudiant·es comme des retraité·es. Il demeure à jamais notre ennemi. Pour autant, la réélection de Macron pour un nouveau quinquennat n’est pas réjouissante non plus. Le néolibéralisme autoritaire va poursuivre sa marche en avant implacable écrasant les plus démuni·es, détruisant les formes de solidarité qui survivent, désignant des boucs-émissaires, clivant le pays encore plus. Il est fort à parier que la persécution des musulman·es va se poursuivre, la traque des exilé·es s’accentuer, le désastre écologique s’amplifier. Le néolibéralisme ne sera jamais un rempart à l’extrême droite, Macron un rempart à Le Pen. Elle est la condition pour qu’il soit au pouvoir. Le fascisme c’est le visage que prend le capitalisme lorsqu’il est en crise. Et pour abattre l’un, il faut combattre l’autre.

Nous n’oublierons pas cette campagne présidentielle qui s’est jouée dans la surenchère raciste. Nous n’oublierons pas qu’un minable candidat réactionnaire, financé par un milliardaire, a pu vomir sa haine des mois durant sur tous les plateaux télés. Si l’extrême droite a été battue in extremis dans les urnes elle n’en reste pas moins un danger réel dans le pays. Les fascistes assassinent par armes à feu en pleine rue et complotent des projets d’attentats antisémites et islamophobes. Les forces de l’ordre votent majoritairement pour les candidats d’extrême droite. Les groupuscules multiplient les actions coups de poings contre le mouvement social et les organisations de gauche. A Nancy, ils ont une librairie où se retrouver et s’organiser, ils collent leurs affiches au verre pilé et font une descente dans un bar où sont réuni·es des militant·es au soir du premier tour des présidentielles. Nous avons conscience que la situation est explosive.

Mais l’espoir n’est pas mort. Pendant l’entre deux tours, dans la Sorbonne occupée, une partie de la jeunesse a commencé à se soulever contre ce faux choix qui une fois de plus nous a été imposé. Ici à Nancy c’est Sciences Po qui a été bloqué. Cette jeunesse nous montre la voie à suivre. Elle est la première vague d’un mouvement à venir, d’un mouvement à construire. Ce mouvement, il ne naît pas de nulle part. Il est le fruit des luttes accumulées ces dix dernières années. Il est le fruit des Gilets Jaunes et des mouvements sociaux contre les réformes du travail, des combats écologistes et des luttes féministes, des comités "Vérité et Justice" et des luttes pour les droits des personnes LGBTQIA+, des luttes antiracistes, des mobilisations contre la Loi Sécurité Globale et des mouvements de solidarité avec les exilé es. Depuis plusieurs années, ces terrains de lutte se multiplient et s’intensifient. Et le moment réactionnaire que l’on vit actuellement n’est peut-être que l’ultime soubresaut de la classe dirigeante face à cette lame de fond qui vient la bousculer. À nous de construire des alliances. À nous de trouver de nouvelles manières de lutter. C’est le sens de l’action du BAF à Nancy. Cette journée de lutte, organisée par l’Assemblée Antifasciste, est l’expression locale de cette aspiration à se retrouver, à retrouver du souffle, à préparer l’avenir. L’espoir n’est pas mort. Amplifions la lutte."

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