Lutter contre la délinquance patronale !

Nancy (54) |

Le partage en Macronie : Les salarié-es auront le travail, le capital aura la santé. Théâtre et débat militant le 7 Novembre à Tomblaine. Reprendre la main sur l’aliénation au travail.

La délinquance patronale récompensée, les victimes trinquent à la santé du profit

Un article du monde du 13 Mai 2022, cite un manifeste de la Confédération Européenne des Syndicats (CES), pas franchement extrémiste, qui analyse la tendance à la baisse des Accidents du Travail (AT) mortels du travail en Europe, qui permettrait de situer la fin des AT mortels. Ainsi la Pologne situe ce moment à 2027, l’Italie à 2040, face au mot France, la case comporte le mot « JAMAIS ».
C’est un fait, les AT mortels en France, à l’inverse du reste de l’Europe, sont en progression, 550 en 2020, 803 en 2023. 2 morts par jour ouvré dans la construction, un carnage chez les ouvriers, jeunes.
C’est déjà une triste posture pour la France, mais le gouvernement macroniste pousse l’ignominie un peu plus loin, par l‘article 39 du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) il limite la portée de la faute inexcusable de l’employeur : une indemnisation réduite pour les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles et aucune pénalité financière supplémentaire pour les patrons délinquants.

Une décision d’autant plus choquante et incompréhensible, car la Cour de cassation sociale a rendu le 20 janvier dernier, deux arrêts, d’une portée capitale. Ces décisions actaient enfin l’obligation pour les employeurs responsables de manquements graves de payer une indemnisation en plus de la rente accordée par la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale. (A lire Alternatives Économiques n°439 - 10/2023)

L’Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante (ANDEVA) et des maladies professionnelles a immédiatement publié un communiqué : « le gouvernement fait un gros cadeau au patronat sur le dos des victimes et de la prévention ». Tous les ans, près de 650 000 personnes sont accidentées au travail et plus de 50 000 maladies professionnelles sont reconnues. Et dans 3 000 cas, la faute inexcusable est obtenue en justice. Il s’agit souvent de pathologies sévères et de cancers professionnels, lourds de conséquences pour les salariés concernés.

La volonté d’essorer les salarié-es avant leur retraite

Pour la macronie cette mesure n’est pas une bavure ou une maladresse, c’est le complément voulu et assumé de la loi sur les retraites. Les salarié-es pourront prétendre à une retraite minorée par le nouveau calcul à partir de 64 ans, mais ils est évident que beaucoup auront cessé de travailler depuis belle lurette, sans qu’aucune perspective d’emploi ne se fasse jour, ils ou elles n’auront que des prestations sociales basses ne leur permettant pas de cotiser pour une retraite complète ou décente
Et pour la grande partie qui s’arrête pour cause d’accident du travail ou de maladie professionnelle, la Macronie minorera l’indemnisation pour finalement minorer le montant de la retraite..
Résultat des courses de plus en plus de salarié-es, arriveront à la retraite, plus âgé-es, en moins bonne santé, plus pauvres et bien sûr avec une espérance de vie encore plus réduite
Jusqu’aujourd’hui, le système de retraite en France protégeait encore, seulement 10% des retraité-es sont sous le niveau de pauvreté (2021 Statista), un des chiffres les plus bas d’Europe
Mais les dernières lois sociales votées à la hussarde en France vont amoindrir fortement la possibilité de préserver un salaire social. Ce n’est pas seulement le vol de plusieurs années de vie, c’est aussi la dégradation de la santé, et le recul de l’espérance de vie.
Certain-es échapperont à la pauvreté, puisque 12 % des hommes et 6 % des femmes meurent avant 62 ans

Le capital s’exonère de l’hécatombe à venir

Risques de cancers

En moyenne en 2017, 11 % des salariés, soit 2,7 millions de personnes, sont exposés à au moins un produit chimique cancérogène !
L’exposition à un seul produit chimique concerne 32 % de l’ensemble des salariés suivis par les médecins du travail et de prévention en France soit 8 millions de salariés. (sources DARES) Ces estimations résultent de l’enquête »surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels « (SUMER) qui recense les expositions possibles des salariés à 94 produits chimiques
Parmi ces 94 produits chimiques, 28 sont classés cancérogènes avérés ou probables par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et/ou par l’Union européenne . Les cinq produits chimiques cancérogènes auxquels les salariés sont les plus exposés en 2017 sont, par ordre décroissant, les gaz d’échappement diesel, les fumées de soudage, les huiles minérales entières, les poussières de bois et la silice cristalline
Choisir un métier ou choisir un cancer ?

Risques psychosociaux

Selon l’Institut de veille sanitaire, 480 000 personnes en France seraient en détresse psychologique au travail et le burn-out en concernerait 7%, soit 30 000 personnes sur le territoire français. Une étude du cabinet Technologia révèle un chiffre bien plus inquiétant : 3,2 millions d’employés, c’est-à-dire 12% de la population active, présenteraient un “risque de burn-out” (observatoire-ocm.com)
Selon une plus récente étude réalisée par Opinion Way avant l’été 2022, la détresse psychologique des salarié-es« reste à un niveau élevé et inquiétant ». Selon ces chiffres, elle toucherait 41 % des salariés, dont 14 % à un taux élevé. En outre, 34 % des salariés français seraient en burn-out, et parmi eux 13 % en burn-out qualifié de « sévère » (soit plus de 2,5 millions de personnes).

Recrudescence des démissions

Depuis 2022, il y a eu 521 900 démissions par trimestre, dont 470 000 CDI. Ces démissions sont cycliques, depuis 2008, Selon la Dares, le niveau des démissions est à relativiser du fait des tensions sur le marché du travail. Certaines démissions traduisent des opportunités pour changer de travail. Cependant, durablement, le recrutement est affecté dans des professions nécessitant un niveau d’études renforcé ou élevé (hôpitaux, écoles) . La rentrée scolaire attestait du manque de 3000 instituteur(trice)s et professeur-es, sans que des perspectives à moyen terme soient de mise.
60 000 postes d’infirmier-es sont vacants, la DREES (le service statistique du ministère des Solidarités et de la Santé,) a relevé que la moitié des infirmier-es démissionnent au bout de 10 ans.
L’hôtellerie, la restauration, la construction souffrent également de vague de démission, entre 11 et 12 % (DARES), sur ces thématiques, le recrutement est difficile du fait de la faiblesse des salaires, des horaires et de la pénibilité des postes

Suicides au travail

Beaucoup de métiers du service public sont concernés, police, hôpitaux publics, notamment les secteurs d’urgences, ONF, Inspection du travail, Écoles, taux de suicide particulièrement élevé dans le domaine pénitentiaire, dans l’agriculture..il manque beaucoup de données sur le suicide au travail. De nombreux syndicalistes et professionnel-es de santé demande la mise en place de véritables moyens pour l’Observatoire des suicides en France. Sur 8500 suicides en France (chiffres apparemment minoré de 10 % ) 10 % pourraient avoir un lien potentiel avec le travail. (DARES), soit environ 850 décès..
Ce sont les métiers à statuts qui sont les plus concernés, et le service public. Aujourd’hui, le paradoxe se trouve là : "c’est parce que la stabilité de l’emploi y est très forte que le management se déchaîne" juge Danièle Linhart. (Libération 7 juillet 2011)

S’opposer au capital, résister et imposer notre propre expertise, nos priorités

Le travail peut apporter du plaisir : pas seulement matériel par sa rémunération, mais aussi par la satisfaction du travail bien fait ou la fierté de contribuer à rendre le monde meilleur. Mais il peut aussi générer de la souffrance (physique et morale), voire être une cause d’aliénation. A cet égard, les récentes transformations (lean management, flexibilité accrue, intensification, individualisation des objectifs, etc.) contribuent fortement à une perte du sens du travail. Nous en voyons tous les jours les effets destructeurs sur nos lieux de travail.

Les syndicats Sud/Solidaires 54, FSU54 et l’Union Locale CGT de Nancy ont choisi de travailler ensemble sur le sens du travail. Réflexion et formation commune pour arrêter le carnage. Nous devons reprendre la main, nous devons mettre en place nos propres méthodes pour notre travail, comme nous le voulons.
Nous voulons vivre de notre travail, nous épanouir, nous opposer au capital et ne pas crever au boulot. Nous devons nous y atteler, parce que nous sommes les experts de notre propre travail, mais aussi les experts de notre souffrance

Les 3 organisations syndicales veulent conjuguer culture et combat syndical, l’histoire de nos luttes est jalonnée de rencontres avec des universitaires et des artistes, Picasso, Gérard Philippe, Marc Ogeret, Bourdieu…...

Cette année, le SNUPFEN, syndicat Sud/solidaires des agents de l’ONF, propose une pièce de théâtre, « l’entrée en résistance ».
Pour contrer une vague de suicides (plus de 25 entre 2005 et 2011, pour 9500 salarié-es) les syndicalistes Solidaires de l’ONF ont fait appel à Christophe Dejours pour comprendre et endiguer ce fléau .
À la suite, une pièce a été co-écrite pour expliquer la souffrance, son origine, les moyens de comprendre et d’y remédier. Mais c’est aussi le moment d’écouter un agent de l’ONF parler de l’amour de son métier
Cette production artistique est le fruit d’un combat social âpre, c’est aussi un moyen d’ouvrir la réflexion, de conjuguer les résistances sociales.

La représentation aura lieu le mardi 7 novembre 2023, à partir de 20h, au centre Jean Jaurès de Tomblaine.

Après la représentation, un débat sera proposé avec la compagnie « La Moline », des militants de l’ONF et Christophe Dejours, psychiatre du travail.

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Les places sont disponibles :

  • précaires : 10€
  • prévente : 18€
  • vente le 7/11 ou tarif de soutien : 25€

Retraits et achats :

  • CGT – 17 rue Drouin, Nancy – 03 83 32 20 14
  • Sud – 4 Rue de Phalsbourg, Nancy – 03 83 35 01 48
  • FSU54 – 51 rue de Metz, Nancy – 03 83 95 12 02

Renseignements : spectacle.resistance@gmail.com

Michel ANCE
Syndicaliste retraité

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