L’impunité sexiste, c’est toujours non !

Metz (57) |

Communiqué du 22 janvier 2020 de l’Union Départementale CNT Moselle, initialement publié ici.

Réunis en assemblée générale, les syndicats CNT de l’Union Départementale de la Moselle décident de porter publiquement un communiqué dénonçant l’impunité sexiste qui gangrène encore et toujours les milieux militants de Metz.

Il y a deux ans, à la suite de la fusion entre deux de ses syndicats (Santé Social CT & Éducation), la CNT Moselle a décidé de démissionner définitivement de ses rangs un de ses « fameux » adhérents soupçonné d’être un agresseur sexuel. Bien qu’aucune décision judiciaire n’ait été prononcée à son encontre, notre décision est le résultat d’une autogestion interne visant à protéger les militant·e·s de notre organisation.

Mais aujourd’hui encore, cet individu tente de nous causer du tort : insultes, menaces et agressions de plusieurs de nos adhérent·e·s et sympathisant·e·s. De plus, celui-ci nous provoque en tentant de s’immiscer, lors des manifestations des 14 et 16 janvier 2020 à Metz, dans notre cortège unitaire ; et en entretenant une certaine proximité avec des camarades militant·e·s d’autres groupes.

C’est pourquoi, la CNT Moselle, décide de revenir une bonne fois pour toutes sur cette affaire afin de briser l’omerta et les soi-disantes « rumeurs ». Dans cette volonté de transparence, et pour que chacun·e mesure bien la gravité résidant dans le fait d’entretenir un lien et d’accepter cet individu dans ses rangs, nous vous exposons les éléments recueillis et ayant motivé notre décision.

En effet, après le témoignage d’une camarade d’Alternative Libertaire en 2016 décrivant son viol auprès de nos deux organisations, la CNT Moselle a observé une libération lente mais certaine de la parole dans ses rangs et dans les milieux militants de Metz. Ainsi nous avons pu recueillir plus d’une dizaine de témoignages décrivant des faits divers et similaires nous amenant à évincer de nos rangs cet individu.

Parmi ces plaintes et témoignages nous pouvons donc présumer : 2 affaires de viol, une tentative de viol échouée entraînant des violences physiques et des coups, un grand nombre de harcèlements et d’usages de la force pour obtenir satisfaction sur des adhérentes de la Maison Citoyenne et Culturelle La Chaouée, le harcèlement d’une ancienne volontaire en service civique de la même association, plusieurs témoignages de harcèlements longs caractérisés par des pressions psychologiques, des abus sexuels, des harcèlements téléphoniques et à domicile sur plusieurs camarades de la CNT et d’autres organisations qui ont attendu cette affaire pour se sentir capables de nous en parler.

Malgré notre échec rageant de ne pas avoir su déceler ces agissements plus tôt, la CNT réaffirme que, ni le temps ni l’absence de condamnation de la justice bourgeoise ne participeront à son amnésie. En effet, l’oubli et le pardon sont des mots qui ne se conjuguent pas à son lexique. Ainsi, bien que la présomption d’innocence s’impose dans ce genre d’affaire, notre doute bénéficie avant tout aux nombreuses victimes qui se sont confiées à nous. C’est en gardant toujours ces événements à l’esprit — pour le respect et la mémoire de nos sœurs et afin de mieux prévenir ces violences sexistes — que notre syndicat s’engage une énième fois afin d’exprimer sa détermination à radier définitivement de ses rangs les individus participant à la production et à la reproduction de la violence patriarcale comme de tous les rapports de domination. La CNT Moselle est prête à soutenir toutes les personnes victimes de harcèlement ou d’agression, notamment en milieux militants.

La CNT Moselle exprime son soutien plein et entier à toutes les victimes du patriarcat, du virilisme et du masculinisme. La lutte contre le gouvernement bourgeois ne doit jamais nous laisser de marbre face à ce genre de comportement. L’émancipation de tous·tes est anticapitaliste, antiraciste ET antisexiste !

Union Départementale CNT Moselle
ud57@cnt-f.org