Dans cet ouvrage percutant, Tal Madesta dénonce « l’impératif sexuel ». Dans une société où les injonctions au sexe (cis, hétéro, blanc de préférence) infusent l’imaginaire culturel (… « vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »), Tal Madesta met en lumière les ressorts capitalistes de la consommation sexuelle ; et toute personne qui éprouverait de l’ennui, du désintérêt ou du dégoût face au sexe est considérée comme cassée, à réparer. Pour cela, le business ne tarit pas : des crèmes aux toys, du développement personnel à la psychothérapie, des myriades de secteurs font leurs choux gras de ces personnes à qui l’on assène qu’elles sont défaillantes, héritage pathologisant d’une certaine tradition scientifique et médicale.
Face à cela, un constat s’impose : à quel point doit-on se laisser imposer le supposé malheur d’une vie relationnelle dont le sexe n’est ni l’aboutissement ni le but premier ?
« Il est temps de faire l’histoire de l’amour sans sexe »
Loin d’être un pamphlet sex-négatif, il s’agit au contraire de poser les bases d’une réflexion sur notre rapport aux autres, mais aussi à nous-mêmes. Comment construire des rapports différents, émancipés d’imaginaires qui peuvent être aliénants, voire rebutants ? À quoi peut ressembler une forme d’amour qui n’a pas besoin de sexe pour être épanouissante ?
Cet essai n’est pas non plus un manifeste pour l’asexualité. L’asexualité étant une orientation sexuelle (en fait un terme-parapluie, recouvrant de très différentes réalités par rapport au désir sexuel), il s’agit d’une question touchant à l’identité personnelle. Au contraire, Tal Madesta revendique le droit pour chacun·e de pouvoir vivre sans avoir constamment envie de sexe.
Pour écouter une interview de Tal Madesta, rendez-vous sur l’épisode 5 du podcast Le Coeur Sur la Table.
Tal Madesta, Désirer à tout prix, collection Sur La Table, Binge audio éditions, 2022, 15€.
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