Le 15 novembre 2020, à La Riche, un homme de 37 ans fait chuter sa femme d’un escalier. Voyant qu’elle ne respire plus, il appelle les pompiers mais dément, en garde à vue, l’avoir frappée. Parallèlement, il prétexte une maladresse de la part de cette dernière liée à son état d’ébriété. Selon un voisin, les bagarres sont fréquentes et la femme de 48 ans avait été aperçue, deux jours plus tôt, avec des ecchymoses au niveau des yeux. Elle décèdera le surlendemain à l’hôpital.
En 2020 encore, des femmes sont mortes alors qu’elles avaient déjà signalé à la police les violences conjugales qu’elles subissaient. En 2019 déjà, le rapport du ministère de la Justice sur les homicides conjugaux affirmait que « des violences antérieures ont été dénoncées aux forces de l’ordre par 41 % des victimes sous formes de mains courantes et procès-verbaux de renseignements judiciaires (PVRJ) ou de plaintes ». Pourtant, le 4 janvier 2020, Philippe Lefort tue sa compagne, Anne-Sophie, alors qu’il avait déjà été condamné à quatre reprises pour des violences et des menaces de mort destinées à sa conjointe entre 2009 et 2013. Le 28 juillet 2020, l’ex-mari d’Hanane la poignarde après s’être introduit à son domicile alors qu’il était placé sous contrôle judiciaire pour des faits de violences conjugales et qu’il avait interdiction de s’approcher d’elle. Hanane était mère d’une fille.
Les enfants sont bien souvent les victimes collatérales des féminicides. Il arrive qu’ils soient présents ou du moins dans le logement lorsque leur père, le compagnon ou l’ex-compagnon de leur mère les violente ou tente de leur enlever la vie. L’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple de 2019 affirme que, la même année, « dans 47 % des cas, des enfants mineurs ou majeurs étaient présents au domicile le jour des faits ». Ainsi, le 29 octobre 2020, le compagnon de Maëlys l’étrangle alors que leurs deux enfants de 4 et 8 ans sont présents dans l’appartement. Le 27 décembre 2020, l’enfant d’un couple, alors âgé de 2 ans, se trouve dans l’appartement lorsque son père porte des coups de couteau à sa mère de 32 ans. Le 7 décembre, la fille d’Eliane et André Giraud appelle les secours lorsqu’elle reçoit un appel de son père l’informant qu’il vient de tuer sa mère et qu’il s’apprête à se suicider.
Dans bon nombre de cas de féminicides, les meurtriers mettent fin à leur jour après leur premier passage à l’acte. Dans ce cas, il y a « extinction de l’action publique » et aucune poursuite contre ces derniers ne peut alors être entamée. Les exemples du type se sont encore une fois multipliés en 2020. Le 23 juin, le conjoint de Tiffany, 23 ans, lui assène une quarantaine de coups de couteau puis se jette d’un viaduc en Ardèche. Le 12 novembre 2020, un homme de 80 ans étrangle sa compagne de 79 ans avant de se pendre. Le 17 décembre 2020, Dominique Guyard tire sur sa femme, mère de trois enfants, puis retourne l’arme contre lui. Ils étaient en instance de séparation.
Pour ces hommes qui ne supportent pas de perdre le contrôle qu’ils avaient sur leur femme, la menace ou l’annonce d’une rupture motive le passage à l’acte. L’étude américaine de Douglas Brownridge montre que les femmes séparées ont un risque cinq fois plus élevé d’être tuées que les autres femmes. Leur (ex-)conjoint dit alors se sentir abandonné, trahi, en souffrance et menace se venger, parfois en s’en prenant aux enfants. Selon le rapport du ministère de l’Intérieur, en 2019, 43% des homicides conjugaux étaient motivés par « l’annonce de la séparation ou la séparation elle-même ». En 2020, cela se confirme. Ainsi, le 27 juin, un homme de 51 ans poignarde mortellement sa femme, Monica Andreea, après qu’elle lui ait annoncé qu’elle souhaitait divorcer. Le 7 décembre 2020, André Giraud tire sur Eliane, son ex-femme avec qui il était en instance de divorce et qu’il devait voir pour « régler des formalités liées à leur séparation » selon Le Figaro, avant de retourner l’arme contre lui. Le 26 décembre 2020, Savas Ozyanik est interpellé à Strasbourg. Après avoir surpris son ex-compagne, Yasemin Catindag, en train de parler avec un autre homme, il s’introduit dans son appartement, la frappe, l’étrangle et l’emmène de force dans la salle de bain, sous les yeux de leurs quatre enfants. Il les emmènera ensuite chez leur grand-mère maternelle, mettra le corps de son ex-compagne dans une malle puis l’enterrera dans une forêt.
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