Sortir du diesel en ville : la manière est dégueulasse !

Strasbourg (67) |

Face aux enjeux climatiques, il est urgent d’agir contre le réchauffement et la pollution, notamment celle liée au trafic routier. Pour autant, même s’il faut prendre des mesures, celles prises pour interdire progressivement le diesel en ville et plus généralement à terme, ne sont pas équitables. Ainsi, on crée une écologie punitive qui dessert la cause.

Le dessin ci-dessous, publié dans les pages Locale Strasbourg des DNA du 14 mars 2021, traduit une réalité dégueulasse au travers l’exemple de ce qui est proposé dans l’Eurométropole de Strasbourg :
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Dessin presse de Yannick Lefrançois paru dans les DNA le dimanche 14 mars 2021.


Dans la manière actuelle, le problème est pris à l’envers. On pénalise ce qui est facile à faire. C’est-à-dire l’automobiliste (l’utilisateur particulier... le client), sans qu’il y ait des mesures qui agissent en amont (ok, ce n’est pas du ressort de la communauté de communes ou du moins, pas en totalité).

Dans la mesure, à vouloir interdire les véhicules diesel en ville, c’est d’abord pénaliser les familles qui utilisent ce mode de déplacement et dont les revenus ne permettent pas de changer de véhicules avant l’entrée en vigueur de l’interdiction. Pour être moins contraignante, il faudrait un délai pour les particuliers qui soit plus grand, peut-être de l’ordre de 10 ans, de manière à laisser aux personnes à faibles revenus le temps de s’organiser.

D’abord les professionnels avant les particuliers

Sortir du diesel doit d’abord se faire chez les constructeurs. Ce n’est pas parce que nos écrans de télévision sont envahis de pub vantant les hybrides et/ou l’électrique que le stock de véhicules diesel est pour autant épuisé. Reste ensuite le marché de l’occasion. Ensuite, il faut s’attaquer à un gros morceau : les camions et utilitaires de plus de 3,5 t. C’est d’abord ce secteur qui devrait être concerné puis, les véhicules commerciaux de moins de 3,5 t et seulement et enfin les véhicules particuliers de tourisme.

Mais se pose et se posera ensuite la question de quoi faire de ces véhicules diesel dont l’âge ne les envoie pas à la casse. Les reconvertir a un coût que les constructeurs automobiles ne seront pas forcément prêts à encaisser seuls. Quant à imaginer les réorienter vers les pays dont la législation le permet, ce n’est éthiquement pas envisageable au regard du fait que les enjeux climatiques concernent toute la planète. La pauvreté ne doit pas être une excuse, ni des laissés-pour-compte.

D’accord sur le fond, mais pas sur la forme !

Les écologistes qui défendent l’idée de sortir du diesel en ville et plus généralement à terme, ont raison sur le fond, mais pas sur la forme. Sur le fond, il est important de préciser que dans la démarche, il ne s’agit pas non plus ne promouvoir la voiture électrique comme alternative. Les alternatives sont les mobilités propres et durables comme le développement de l’intermodalité des transports en commun, par exemple.
En l’état, même s’il est important d’agir, la mesure n’est pas équitable et pénalise d’abord les particuliers, notamment les familles à faibles revenus, avant les professionnels. Ainsi, on crée un sentiment d’écologie punitive qui désert la cause.

Bruno Dalpra

À lire sur le blog Médiapart ici.