Les entreprises au biberon !



Selon le rapport CGT - CLERSÉ, Université de Lille « Un capitalisme sous perfusion – Mesure, théories et effets macroéconomiques des aides publiques aux entreprises françaises (mai 2022) », l’aide aux entreprises en France est à hauteur de 157 milliards d’euros par an (chiffre de 2019) [1]. (Sur la même période « les dépenses sociales à destination des familles, tous financeurs confondus, s’élevaient à 56,5 milliards d’euros [2] ».)

Où va tout cet argent, notre argent ? Peut-être, en partie, dans les poches (plus que pleines) des milliardaires comme Lakshmi Mittal, l’homme, qui, selon Forbes, vaut 17,9 milliards de dollars – numéro 89 dans le top 100 des personnes les plus riches, avec un revenu en hausse par rapport à 2020-2021 ? [3]

En Septembre 2022, France Bleu a fait cette annonce :

« Face à l’explosion des prix de l’énergie, mais aussi de perspectives économiques moins engageantes, ArcelorMittal va prendre des mesures de chômage partiel à Florange et dans ses sites de la Fensch (Moselle) dès le 19 septembre (2022) [4]. »

Le nombre de jours chômés (avant Noël) allait de deux ou trois jours, jusqu’à 15 pour certain.e.s salarié.e.s. « Le tout aux conditions financières prévues par la loi : à 70 % du salaire brut. » selon France Bleu. Sur le site entreprendre.service-public.fr, le chiffre donné n’est pas exactement le même car : « L’employeur doit verser au salarié une indemnité correspondant à 60 % de son salaire brut par heure chômée…Cette indemnité ne peut pas être inférieure à 8,92 €, ni être supérieure à un plafond de 30,43 € par heure. » Lakshmi Mittal serait-il le vrai Père Noël ?

C’est possible que non, parce que, cerise sur le gâteau : « L’employeur peut percevoir l’allocation d’activité partielle dans la limite d’un plafond de 1000 heures par an et par salarié. L’allocation est fixée à 36 % de la rémunération horaire brute. Elle est de 8,03 € minimum et de 18,26 € maximum…Le paiement est effectué par l’Agence de services et de paiement (ASP), qui agit pour le compte de l’État [5]. » Mais « l’employeur doit engager des démarches auprès de la Dreets : Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (l’ex-Direccte). » Il faut juste espérer pour lui que Lakshmi Mittal ne souffre pas de phobie administrative !

C’est l’avis de Lionel Burriello de la CGT qu’« à la vue des résultats d’ArcelorMittal, les salariés devaient être indemnisés à hauteur de 100 % [4] » (France Bleu). Vraiment ? Le revenu net d’Arcelor Mittal au troisième trimestre en 2022 était de seulement un (petit : 1,0) milliard de dollars (environ 920 millions d’euros). Pour les 9 mois de janvier à septembre 2022, c’était 9,0 milliards de dollars (environ 8,27 milliards d’euros) [6]. C’est la dèche ! Arcelor Mittal avait 60 525 employé.e.s en Europe en 2021 et a environ 158 000 dans le monde [7] – « Nous sommes plus qu’une entreprise, nous sommes une communauté [8] » (site web en anglais), c’est-à-dire « un groupe humain dont les membres sont unis par un lien social », selon la définition de Wikipédia [9]. C’est comme une famille très nombreuse, quoi ! Comment espérez-vous que « Bapu » (père en hindi) nourrisse toutes ces bouches affamées équitablement avec si peu ?

France Bleu a parlé également de « réorganisations » et de jours de chômage remplacés par des « formations ». Si seulement la direction d’Arcelor Mittal Florange avait donné suite à ses appels, on aurait pu, peut-être, compatir plus. Au moins nous comprenons mieux maintenant la nécessité pour Macron de réformer les retraites.


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