Février 2017 : Exclusion pour viol, prédation et propos sexistes à Metz

Nancy (54) |

Le 13 novembre 2016, en fin de congrès confédéral de la CNT [1], une information était révélée : un membre du syndicat de Metz a agressé sexuellement une camarade au cours de l’été précédent.

L’homme désigné faisait partie des milieux militant libertaire et punk depuis des années où il était connu pour ses comportements et ses propos sexistes et agressifs. Le mot qui se passait entre nanas c’était : "fais attention à lui" ; mais il bénéficiait aussi de nombreux soutiens prompts à dire : "il est malsain avec les femmes, mais il fait un bon travail syndical et antifasciste".

Suite à cette annonce et malgré quelques oppositions en interne, la CNT a rapidement fait le choix de défendre l’agresseur. Ainsi, les soutiens de la personne victime ayant porté son témoignage ont été désignés commes des adhérent·e·s « qui instrumentalisent la question de la lutte contre le sexisme dans leur action destructrice et délétère » et ont été exclu·e·s le 5 décembre, soit vingt-deux jours après l’annonce du viol en congrès. Puis, en mai 2017, la commission antisexiste a été suspendue de son rôle et de ses fonctions [2]. La solidarité masculine est passée avant la cohérence politique, au point que la CNT de Metz a également produit un réquisitoire de 40 pages en faveur de la présomption d’innoncence des violeurs et du bon fonctionnement de la justice bourgeoise-patriarcale.

Mais ce type (in)soupçonnable était aussi adhérent à Alternative Libertaire [3].
Le 20 février 2017, la coordination fédérale d’Alternative libertaire, elle, a pris la mesure des enjeux politiques et voté son exclusion, puis publié un communiqué titré "Exclusion d’un membre d’AL suite à une accusation de viol, comportement de prédation et propos sexistes" reproduit plus bas [4].

En dehors des organisations, des personnes se sont aussi mobilisées pour défendre et assurer leur soutien à la personne ayant témoigné, que ce soit par des tracts diffusés dans des concerts à Nancy et à Metz où il risquait d’être présent, ou en manifestant au festival de la CNT à Paris.

Balayons devant nos portes - le tract complet

Depuis, et malheureusement suite à de nouveaux témoignages d’agressions sexuelles commises par le même homme, la CNT Metz soutient désormais ces camarades [5]. C’est bien, il n’est jamais trop tard pour s’améliorer et présenter ses excuses à la personne de 2016 qu’illes ont participé à silencier en l’humiliant et en la maltraitant.
Aujourd’hui, plusieurs des personnes victimes des comportements et crimes de ce "militant" ont engagé une procédure judiciaire. Une enquête est en cours [6].

Récemment on a aussi appris que l’ex-directeur du théâtre de la Manufacture à Nancy, Michel Didym, était visé par une plainte pour viol et plusieurs pour agressions sexuelles [7].

C’est hors du milieu militant, plus loin de nous, c’est un homme en position de pouvoir et ce n’est pas un camarade, alors ça sera peut-être plus facile pour certain·e·s de prendre position et de ne pas traiter les militant·e·s féministes de féminazies [8] qui divisent la lutte [9]...

Pourtant c’est le même scénario : tout le monde sait, ferme les yeux et le défend depuis des années.

Ça te concerne toujours. Ça nous concerne encore.

Une Bella

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La coordination fédérale d’Alternative libertaire a voté le 28 janvier 2017 l’exclusion de Fouad, membre du groupe local de Moselle, à la suite d’une accusation de viol.

Cette décision résulte d’une procédure fédérale déclenchée au sein de l’organisation au mois de novembre 2016, suspendant provisoirement le militant concerné.

À l’issue de cette procédure, l’organisation a estimé que les faits recueillis étaient extrêmement graves et que la présence de ce militant à nos côtés était devenue impossible.

Nous souhaitons informer largement le milieu militant de notre décision, afin de s’assurer que de tels agissements de sa part ne trouvent plus leur place nulle part, et nous invitons les autres cadres dans lesquels il peut agir à prendre leurs dispositions pour assurer la sécurité de leurs militant.es et sympathisant.es.

Il nous semble primordial de briser le silence qui permet à de tels actes de continuer à exister.

Notre organisation rappelle sa détermination à lutter contre le patriarcat sous toutes ses formes, qu’il s’agisse de violences délibérées ou d’une absence de réaction complice.

Alternative libertaire, le 20 février 2017 [10]


Notes

[2Pour plus de détails sur les errances antiféministes et masculinistes de la CNT dans cette histoire : Stop à l’impunité et aux violences sexistes en milieu militant !

[3Alternative Libertaire c’est désormais l’Union Communiste Libertaire avec anciennement la CGA - Coordination des Groupes Anarchistes

[4C’est pas une pub pour AL, mais il faut reconnaitre que sur ce coup c’était plutôt courageux et tellement important et rassurant de lire cette décision, alors merci !

[8Oui, celles dont on dit qu’ielles sont reloues parce qu’ielles parlent toujours de féminisme et rappellent les actes honteux ou malsains des p’ti camarades

[9Breaking News : Ceux qui divisent la lutte, épuisent et font fuir des gens, ce sont les agresseurs !


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