Conversations



La grève continue. Les réformes surgissent une par une. Les moyens d’action se multiplient. Le conflit social traverse les rues, les différentes sphères sociales aussi, en pénétrant les petites conversations entre les collègues. Si certain.e.s sont entouré.e.s de complices et de sympathisant.e.s, d’autres subissent les discours méprisants.

Les collègues, il y a encore quelques mois, refusaient d’aborder l’actualité politique, encore moins de l’interroger, en imposant les discussions plates sur le bon temps et les séries Netflix. Aujourd’hui deviennent avides des "débats". Malheureusement, ce ne sont pas les réformes qui sont remises en cause, mais les grèves et les actions. Ainsi on ne parle pas du fait que nos retraites sont en voie de disparition, mais d’un bus en retard le jour d’une manifestation. L’imbécile regarde toujours le doigt.

Les mobilisations sont une réponse aux transformations multiples et rapides de nos conditions de vie et du travail. La dépendance monétaire nous oblige à travailler pour avoir des ressources. La dégradation des droits ne concerne par que les manifestant.e.s. Le travail devient le centre de débat. Tout en méprisant les manifestant.e.s, les collègues râlent en répétant les dialogues qui illustrent la dévalorisation de leur travail et les situations désagréables avec les supérieurs hiérarchiques qui bafouent leurs droits. Les confusions s’accumulent. Les collègues boudent et se victimisent en prônant la loi du plus fort, dénoncent l’égoïsme de ceux et celles qui défendent l’état social ou ce qu’il en reste, prônent et carriérisme et l’amour pour le travail en « laissant une chance » à Macron à précariser les postes qui les concernent.

C’est plus ennuyeux, qui rageant. Les discours darwinistes accompagnés de haussements d’épaules et le sourire mesquin en réponse au désarroi des collègues écrasé.e.s par les mesures de l’état néolibéral ne sont que des instants éphémères de ceux et celles qui ont encore l’illusion d’avoir plus de privilèges que d’autres. Les un.e.s entonnent les plaintes contre les flash mobs. D’autres sont en train d’imaginer des mondes possibles.

La grève se généralise.


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