Assemblée Générale des Gilets Jaunes de Lorraine

Nancy (54) |

Dans la dynamique de l’Assemblée des assemblées de Commercy qui s’est déroulée les 26 et 27 janvier, le groupe « Gilet jaune de Lorraine » avait lancé une invitation aux différents groupes de Lorraine pour mandater des porte-paroles à cette réunion publique tenue à l’espace Jean-Jaurès (Tomblaine) le vendredi 1er février. La réunion a fait le plein puisque c’est plus de 200 personnes qui ont participé, parmi lesquel.le.s des militant.e.s associatifs, syndicalistes de Solidaires ainsi que des libertaires d’AL et du collectif de chômeurs et chômeuses et précaires « La Crise ».

L’idée principale de cette réunion était d’unir un maximum l’ensemble des Gilets Jaunes pour se structurer démocratiquement et éviter la multiplication de groupes isolés. Trois points à l’ordre du jour : le grand débat national, les listes aux élections européennes et les suites à donner au mouvement.

Le grand débat :

Les prises de paroles se sont succédées avec une belle dynamique, parfois de manière dispersée et brouillonne, mais le ton était nettement revendicatif et déterminé. De nombreuses prises de paroles critiquant de manière acerbe la politique pour les riches de Macron. Un participant a lu l’appel de Commercy qui a été largement applaudi par l’assemblée. Les échanges ont démontré la volonté de se structurer de manière horizontale, transformant ainsi radicalement la réunion publique en assemblée générale décisionnelle.

Les animatrices et animateurs de la réunion ont justifié leur participation à des ateliers proposés par le Conseil départemental du Développement Durable, instance bidon qui tente de relayer péniblement le grand débat voulu par Macron. Ceci a permis de se donner mutuellement confiance car la participation était individuelle, les participant.es n’ont pas prétendu représenter l’ensemble des gilets jaunes.

L’assemblée a décidé à l’unanimité de boycotter le grand débat et de faire vivre la démocratie à la base, sans rentrer dans l’institutionnalisation et l’essoufflement voulu par Macron. Il faudra cependant rester vigilant.es quant aux velléités des politicien.ne.s de « faire rentrer dans le rang » le mouvement social dans le cadre du pseudo débat.

Élections européennes :

La logique de la démocratie horizontale directe qui a été affirmée auparavant a abouti rapidement sur une dénonciation du fourvoiement des listes gilets jaunes aux élections, une personne affirmant même ne plus supporter la représentativité et souhaitant que chacun puisse se représenter soi-même.

Les suites à donner au mouvement :

C’est à ce niveau que les échanges ont été relativement dispersés, certain.es souhaitant ne parler que du référendum d’Initiative Citoyenne (RIC), voyant dans cet outil un levier démocratique pour transformer la société.

Les quelques syndicalistes et libertaires présent.e.s ont insisté sur la nécessité d’élaborer une réelle plate-forme de revendications et de poursuivre et d’amplifier le rapport de force pour les faire valoir, le RIC pouvant éventuellement être un outil en plus mais qui ne peut se suffire en soit. Sans revendications claires et rapport de force puissant, comment croire que le RIC puisse à lui seul permettre de faire aboutir la lutte des classes en cours ? Sans compter la capacité des lobbys privés à financer des campagnes pour influencer les référendums et le danger de voir une pseudo démocratie sondagière s’installer et demander, comme l’a évoqué une participante, par exemple le rétablissement de la peine de mort ou l’annulation du mariage pour tou.te.s.

Le contexte des violences policières a été vivement critiqué, et la manière d’organiser l’autodéfense a été discutée. La manifestation du samedi 02 février portera sur le thème du soutien aux blessé.e.s. Une personne demande de créer une banderole « désarmons la Police ! Non à la loi anti-casseurs » mais le délai a été considéré trop court pour la réaliser.

La participation à la grève générale du 05 février au côté des syndicats (CGT et Solidaires) a été mise en débat, et des participant.e.s ont tenus des propos durs contre les syndicats vus comme traîtres. Un camarade de Solidaires a mis de la nuance dans les propos en évoquant la différence entre les orientations des différents syndicats et en appuyant sur le distinguo à faire entre les salarié.e.s syndiqué.e.s à la base et les directions syndicales, il a proposé de lire en début de manif l’appel de Commercy, et cela a été approuvé à l’unanimité. Malgré les méfiances, il y a eu une majorité d’expression pour une participation des gilets jaunes à la manifestation intersyndicale.

La question de reprendre les ronds-points le samedi 16 février a été évoquée, et également celle d’occuper des lieux comme des Pôles Emplois ou Caisse d’Allocations Familiales. Une proposition d’organiser une réquisition directe d’alimentation dans un supermarché a aussi été formulée.

Une prochaine assemblée générale est programmée dont le lieu et la date sont à confirmer, et il a été proposé, sans que cela soit vraiment décidé, d’organiser des groupes de travail thématiques qui feraient des propositions en AG pour avancer concrètement.

Des syndicalistes de Solidaires, ainsi que des libertaires d’AL et du collectif de chômeurs et chômeuses et précaires « La Crise ».