Retours sur une soirée en squat et appel à témoignages



En fait on s’est raté, malgré nous, mais aussi parce qu’on minimise plein de questions, parce qu’on n’a pas envie de se dire que des trucs horribles vont arriver, parce qu’on a envie d’y croire, mais surement aussi parce qu’on a la trouille, et puis qu’on n’est pas assez, qu’on doit s’organiser mieux. Retour sur la soirée du 2 mai qui s’est mal finie, appel à témpoignages et annonce d’une réunion pour réagir collectivement.

Retour sur une soirée en squat

Depuis deux mois des gen.te.s s’affairent à fabriquer un truc beau. Des concerts, autant de meufs que de mecs sur scène, des guirlandes lumineuses, des banderoles de crépons, un coin pour chiller, un espace non-mixte, des affiches anti-relous. Deux orgas, qui se croisent rarement, réunies pour l’occasion autour de la même cause, un journal qui parle de Calais, qui fait du bien et qui fait mal. Avec du punk, la boum des copains du Soudan, une lecture à la lumière des téléphones, des softs pensés pour qu’on ait pas forcément envie de se mettre cher, parce qu’il y a mieux à boire. Plein d’énergie déployée par les copines et copains pour que l’ambiance appelle à la bienveillance, une énergie commune comme à chaque soirée, belle, épuisante, pas forcément gratifiante, mais c’est pas grave.

On se fait un point info, chacun à son poste. Le public va arriver qu’on espère fait de gens conscient.e.s que consommer n’est pas une excuse pour aggresser, on se dit que dans nos milieux ça va aller, qu’il y a des acquis, comme à chaque fois, on croise les doigts.

Et en fait on s’est raté, malgré nous, mais aussi parce qu’on minimise pleins de questions, parce qu’on n’a pas envie de se dire que des trucs horribles vont arriver, parce qu’on a envie d’y croire, mais surement aussi parce qu’on a la trouille, et puis qu’on n’est pas assez, qu’on doit s’organiser mieux.

On se réunit aujourd’hui entre une partie des organisateurs.trices, musiciennes, habitué.e.s des squats, appréciant la fête. On se réunit parce que lors de cet évènement qu’on espérait beau, 4 agressions nous ont été rapportées dans notre cercle d’ami.e.s proches. Une première aggression dans l’espace non-mixte, qui est censé être un lieu de refuge, un ami s’est fait aggresser physiquement car il essayait pour la deuxième fois de faire comprendre à 4 mecs cisgenre-hétéros que pour une fois un espace de 30 m² leur était refusé quelque part, il se retrouve avec une épaule subluxée, qui va demander plusieurs semaine de rééducation, et un oeil au beurre noir.
Plus tard dans la nuit une autre aggression, un mec s’en prend à une amie dans son sommeil, elle témoignera elle même si elle le souhaite. Le pire réveil pour nous toustes, plein de colère, plein de déception mais plein de bras pour la soutenir et la serrer fort.

Tout ça sans compter toutes les autres , ceux et celles qu’on connait moins, qui ont vécu une aggression transphobe ou un mec qui s’exhibe aux toilettes. Celles qu’on n’a pas vu, celles qui paraissent « anodines », le gars relou dans le couloir, celui qui te fait des propositions salaces, le mec qui te colle sur la musique, qui te force à danser pour être « sympa », les regards lubriques, la trouille de pisser sans verrous, tous ces trucs dont on a l’habitude alors qu’on devrait pas.

Ces aggressions ne sont pas hiérarchisables, elles sont toutes inacceptables. Ce n’est pas particulier à cette soirée, et on doit cesser de faire comme si c’était les autres, ceux qui viennent « juste pour faire la fête ». Il faut qu’on s’organise, qu’on en parle, parce que ce genre d’aggressions arrive à chaque fête. Les affiches ne suffisent pas, la sensibilisation aux entrées ne suffit pas, et nous devons trouver une réponse collective, entre organisateur.ice.s de fêtes et de concerts, collectifs militants et habitant.e.s des lieux qui accueillent.
Nous devons nous interroger sur le sens de la fête, pourquoi on organise des fêtes, comment on s’organise, comment on gère ces situations, comment on gère les aggresseur.se.s...

Appel à témoignages

Bonnes et mauvaises expériences, récits personnels, coups de gueule, réflexions intimes, le but est de collecter un maximum de témoignages sur la fête, ce que tu y aimes, ce que tu y détestes, ce que tu y as vécu de fort, ce que tu y as subi, ce que tu aimes qu’elle soit, ce qui te frustre, ce qu’elle veut dire pour toi, ce que tu aimerais qu’elle soit...
Prendre le temps d’entendre la parole de tou.te.s, prendre en compte la voix de celleux qui peuvent mal vivre la fête, tout en refusant de se faire confisquer ces moments collectifs forts, chercher à comprendre pourquoi parfois ce n’est pas la fête pour tou.te.s, et compiler tout ça, pour saisir le plus grand ensemble possible de ressentis, afin de réfléchir et d’avancer sur notre façon de vivre et d’organiser la fête dans nos milieux.
Habitué.e à écrire ou phobiques de la plume, toutes les formes sont acceptées, n’hésite pas à nous envoyer tout ce qui te passe par la tête, de la façon dont ça te passe par la tête (ça peut être du texte mais un enregistrement audio aussi, ou une vidéo), à laparfete at riseup point net !
Merci de ta participation, n’hésite pas à faire tourner cet appel partout où ça te semble judicieux.

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