Notre Blâme de Paris



Réflexion sur comment sortir du drame national, et ne pas accorder de répit à la bourgeoisie et son consensus.

Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. »
Marx et Engels, Manifeste du parti communiste, 1848


La cathédrale la plus emblématique de France brûle dans une société à feu et à sang, et de ses cendres naîtra une opportunité unique pour la bourgeoisie. Rares sont les moments où l’émotion collective déborde d’intensité au point de se faire communion nationale. Que la catharsis soit nécessaire dans une société de la guerre permanente, peu de gens le nieront. Dans de telles circonstances, difficile de ne pas tomber dans le piège immédiat que nous tend le dispositif bien rodé de notre système politique aux abois.

Combien de nos dernières communions ont-elles cédé le pas à la farce ? La sincérité cesse quand il faut pleurer une charpente comme on pleure un proche, quand le spectacle emporte l’humain pour le remplacer par le phénomène stéréotypé, l’injonction à se mettre en scène. Que faire de l’authenticité des sanglots des Parisien·ne·s lorsque pour faire converger une nation déchirée par ses inégalités, il ne nous reste plus que la trêve obligatoire qu’impose le hasard d’un malencontreux accident ? Que dire du tableau des foules hâtives pour s’émouvoir de la fin d’un symbole, mais muette aux désespoirs des vraies horreurs de notre temps ? La sensibilité des humbles pour la beauté ne doit pas faire de nous l’objet utile de la récupération crasse de nos dirigeant·e·s. Tôt avait commencé le bal des grands-guignols qui viennent déclamer leur désespoir devant Notre-Dame en flammes, alors mêmes que ces escrocs ont systématiquement bradé le patrimoine et asphyxié la culture de budgets en années, au nom de leur sacro-sainte rentabilité. 



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